Hier tu m'aimais, demain tu m'aimeras encore

Partie 8 (2/2)

Jongin pousse nerveusement la grande porte vitrée de la SM Entertainment et entre dans la chaleur étouffante de l'imposante bâtisse. Il sent sa peau picoter légèrement, son corps s'habituant lentement au brusque changement de température.

Le froid lui mordant encore les joues et l'appréhension lui nouant la gorge, il progresse silencieusement dans les couloirs, à pas feutré. Le monde qui l'entoure lui semble muet, comme si tout était passé sous silence pour qu'il puisse mieux écouter ses pensées. Ses sombres et angoissantes pensées, celles là même qui ont aspiré son sommeil et l'ont fait se retourner, encore et encore, entre ses draps trop grands, trop froids pour lui.
Mais avant de finir complètement écrasé sous ses préoccupations moroses, il s'arrête dans le couloir et ferme les yeux un instant, insufflant une bouffée d'oxygène, tentant d'amasser toute l'énergie qu'il lui reste, de rassembler tout le courage qu'il n'a pas.

Ce n'est qu'une fois la porte de la salle d'entraînement passée et la silhouette de Kyungsoo en vue qu'il sent le sourire lui revenir et ses idées noires le quitter. Et même s'il sait que ce n'est que temporaire, il ne s'en soucie pas, préférant profiter de ce qu'on lui offre. Alors il s'approche, doucement, précautionneusement, du petit chanteur qui est dos à lui et vient l'enlacer par derrière, croisant ses mains sur le bas de son ventre, plaquant son torse contre son dos et posant sa tête contre son épaule.

Si Kyungsoo a entendu le danseur entrer dans la pièce, il est surpris par cet élan de tendresse soudain, s'attendant à une entrée plus bruyante, plus joyeuse.
Parce que Kyungsoo n'a pas passé la nuit à se torturer le cœur et le cerveau, il ne s'est pas retourné dans son lit à en faire des nœuds dans ses couvertures, il n'a pas senti la peur s'insinuer dans ses veines jusqu'à faire couler de ses yeux la détresse à l'état liquide, et qu'il n'a pas non plus la gorge serrée par les doutes et la poitrine gonflée par les regrets.
Non, non Kyungsoo ne peut pas comprendre le pourquoi du comment de cette soudaine baisse de moral chez le plus jeune, simplement parce qu'il n'a pas ressenti toutes les choses que Jongin a ressenti dans le fond de son lit, parce que lui, cette nuit, il a bien dormi, entouré de ses draps chauds et douillets, parce que lui, cette nuit, il a juste eu a fermer les yeux pour trouver le sommeil. Un sommeil doux, bercé par les agréables souvenirs de la nuit précédente et le visage rieur de celui qu'il aime.

Mais Jongin préfère ignorer la surprise qui teinte les mouvements du chanteur lorsque celui-ci pose délicatement ses mains sur ses avant-bras, tandis que Kyungsoo fait fi de cette étrange aura qui semble émaner du danseur aujourd'hui.

Aucun des deux n'ose ouvrir la bouche, ne sachant trop quoi dire. Alors Jongin se contente de fermer les yeux, laissant l'odeur du chanteur envahir ses sens, comme s'il cherchait à remplir tout son être vide d'énergie de ce parfum, pendant que Kyungsoo trace du bout des doigts de légers cercles sur ses avant-bras.

Peu à peu, ce contact doux, cette odeur apaisante et cette chaleur émanant du petit chanteur rassurent Jongin, dissipant progressivement ses doutes qui semblent ne plus être qu'une vague fumée lointaine.

Les trainees arrivent et l'entraînement commence, semblable à tout autre, fait de chant, de rap, de rires, de remarques stupides, de regards en coin et de petits sourires à la volée.

Pourtant, il y a quelque chose d'indéniablement différent des autres fois.

Cette envie mordante qui flotte autour d'eux, ce désir brûlant dont l'air semble saturé, cette attraction indescriptible qui emplie l'atmosphère.

Parce que la nuit qu'ils ont passé ensemble a réveillé en eux de vieux souvenirs. Des souvenirs faits d'amour, de caresses, de murmures indécents, de chaires nues.