chapitre premier

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- Monsieur Malfoy, je ne me répéterais pas. ASSEYEZ-VOUS !

L'interpellé se laissa tomber dans un fauteuil avec un air féroce peint sur le visage, ce qui n'effraya nullement l'employé du Ministère assit derrière son bureau. Il occupait le poste de secrétaire du Ministre en personne grâce à son fort caractère et son côté tête de mule. Ce n'était donc pas un fanfaron comme le fils de Lucius qui allait lui dicter sa conduite. Il tenta de se replonger dans son travail pour la cinquième fois lorsqu'il perçut de nouveau un mouvement dans son champ de vision.

- Monsieur Malfoy ! Encore un geste et je vous pétrifie. Et ne faites pas l'erreur de me sous-estimer en pensant que je n'en serais pas capable !

Drago s'immobilisa en plein élan. Il se rassit et s'enfonça dans son siège. Depuis que ses parents avaient été envoyés à Azkaban, plus personne ne respectait son nom. C'était même sujet de raillerie ! Il ne le supportait pas et maudissait les sorcières et sorciers de la terre entière. Malgré les divergences d'opinion qui l'avait opposé à son père durant la bataille finale, il ne pouvait s'empêcher de penser comme lui. On ne se défait pas aussi facilement d'une idée qu'on nous rabâche depuis notre naissance. D'ailleurs, Drago regrettait son geste, il regrettait de s'être enfuit et d'avoir aidé le camp de Potter. Potter... Merlin qu'il détestait cet homme ! Il serra les poings et se força à respirer régulièrement ce qui le calma. Il rangea Potter dans un coin de sa tête - en se promettant de s'en occuper plus tard - et observa la pièce dans laquelle il se trouvait. Les murs bordeaux lui donnaient une dimension royale et le bureau en chêne du secrétaire était si massif qu'il constituait le seul mobilier avec le fauteuil dans lequel était assis Drago. Des tableaux montraient les secrétaires des générations d'avant qui regardaient d'un mauvais œil ce jeune homme blond irrespectueux. Le jeune Malfoy entendit même un homme chuchoter à son voisin que la jeunesse n'était plus ce qu'elle était. Cette réplique tira un rictus au jeune homme. Pour toutes les anciennes générations, celle qui allait reprendre le flambeau était toujours une génération de débauches.

En parlant de reprendre le flambeau, Drago pensa à la lettre qu'il avait reçu le matin même et qui se trouvait dans sa poche intérieure. Malgré le tissu qui séparait la missive de sa peau, le prince de Serpentard avait l'impression que le papier le brûlait.

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- Pattenrond ! Va-t-en ! grogna Hermione alors que son chat prenait son lit d'assaut.

La jeune femme poussa un long soupir avant de prendre le félin des deux mains et de le poser sur le sol. Ni une, ni deux, il remonta sur la couverture, s'installa en boule sur le coussin à côté de la tête de sa maîtresse et se mit à ronronner. Celle-ci lui jeta un regard blasé avant de finalement sourire. C'était l'un des premiers sourires sincères, contraste parfait de ceux qu'elle avait distribué aux photographes et journalistes des gazettes du monde entier. Sans compter ceux qu'elle avait distribué lors des hommages aux victimes, qui avaient eu lieu dans l'enceinte de Poudlard quelques jours après la Bataille Finale. Son premier vrai sourire avait été dédié à Ron, chez qui elle avait passé la semaine suivant la victoire contre Voldemort.

Hermione s'étira, étouffant à peine un bâillement, avant de sortir du lit. Le matin était encore jeune, le soleil n'éclairait pas encore tout le jardin. Elle jeta un coup d'œil par la fenêtre, sourit en voyant que les roses préférées de sa mère s'étaient épanouies, avant de s'habiller machinalement pour descendre dans la cuisine. Ce fut le silence qui l'accueillit, pas un bruit ne se faisait entendre dans toute la maison. Elle était bel et bien seule. Ses parents se trouvaient toujours en Australie, vivant sous le nom de Wendell et Monica Wilkins. Les cadres photos posés un peu partout dans la maison attestaient de la réussite du sort de faux souvenirs : Hermione était absente des clichés.

Elle fixait les cadres avec un air perdu et une larme coula le long de sa joue, suivie par de nombreuses autres. Comme par magie, Pattenrond fut à côté d'elle, se frottant à ses jambes afin de la réconforter au mieux. La jeune femme s'affala dans l'un des fauteuil, laissant libre court à son désarroi. Elle ne savait même pas si elle réussirait à inverser le sortilège. Encore, fallait-il qu'elle les retrouve... C'est pour cela qu'elle repoussait le moment de se rendre en Australie. Elle était complètement paralysée et, pour la première fois de sa vie, doutait de ses capacités en tant que sorcière.

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Le jeune Malfoy était tout entier perdu dans ses pensées, et il sursauta donc lorsque un Patronus apparût au milieu de la pièce.

- Envoyez-moi le jeune Malfoy.

L'écho de la grosse voix imposante de Kingsley Shacklebolt résonna encore quelques secondes avant de s'estomper. Le secretaire désigna la porte du bureau du Ministre avec un signe de tête pour signifier à Drago qu'il y était attendu. Les grands airs de fanfaron que prenaient Drago disparurent soudain. A chaque fois que le jeune Serpentard se trouvait devant une autorité quelle qu'elle soit, comme son père, le Ministre ou le Seigneur des Ténèbres, il avait tendance à se faire tout petit et à suivre les ordres sans trop réfléchir aux conséquences, malgré les nombreux risques de ne pas être en paix avec sa conscience.

Mais de sa conscience que lui en restait-il ? En avait-il seulement eu un jour ?

- Merci d'être venu, même si je sais pertinemment que vous n'aviez guère le choix.

Drago regarda le Ministre avec une expression neutre qu'il avait mis des années à parfaire. En ce moment, il détestait cet homme autant qu'il détestait Potter. Il se contenta donc de fixer Kingsley sans prononcer un mot.

- Vos parents sont à Azkaban, malgré l'aide qu'ils ont apporté à Harry Potter. Les nombreuses années de servitude qui les avaient lié à Voldemort ne pouvaient s'effacer juste avec cet acte, ils avaient besoin d'une leçon.

Drago frissonna en entendant le nom interdit, mais garda tout de même les yeux rivés sur le Ministre.

- N'étant qu'un jeune homme prit dans cette folie à votre insu, continua Shacklebolt, vous avez évité la prison. Pourtant, je tiens à vous donner une leçon à vous aussi.

Il croisa ses mains sur son bureau et fixa le jeune Malfoy. Celui-ci prit enfin conscience de se qui se jouait en ce moment dans ce bureau.

- Une... Leçon ? Mais une leçon de quelle sorte ? demanda-t-il avec une crainte qu'il eut du mal à masquer.

- Vous irez vivre dans une famille de Moldus, dit-il.

Malfoy écarquilla les yeux.

- C'est une blague j'espère ?

L'expression sérieuse du Ministre lui confirma l'inverse.

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A force de patience et de ronronnement, Hermione finit par se calmer. Elle caressa Pattenrond d'un air absent, les yeux encore plein de larmes, sauf qu'elles ne débordaient plus. Elle resta dans cette position suffisamment longtemps pour que le soleil réchauffe désormais tout le jardin de ses rayons. Elle se leva, passa sa main dans ses cheveux, les ébouriffant au passage, et se dirigea vers la cuisine. En ouvrant le réfrigérateur, afin de se préparer un léger en-cas, un papier glissa de l'aimant et se retrouva par terre. Hermione baissa les yeux et ne réagit que tardivement lorsque Pattenrond sauta sur l'objet pour en faire son nouveau jouet. Lorsqu'elle le reprit, la lettre s'était froissée sous les assauts du félin. La jeune femme soupira en reconnaissant le signe imprimé sur l'enveloppe : en plus de ses craintes concernant ses parents, Kingsley avait eu la merveilleuse idée de lui demander de faire « famille d'accueil » pour un sorcier en difficulté, et ce, durant tout l'été. Hermione se donna deux semaines avant que ses nerfs ne lâchent.

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Salut les loulous!!
Voici le premier chapitre.
Qu'en avez-vous pensé ? :)

Alex

No Magical Dramione (VF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant