orage // n.g

deuxième goutte

3a.m

deux heures maintenant que je me baladais. la pluie ne me dérangeait plus, je m'y étais habituée. je marchais la tête baissée, pour tout de même en recevoir le moins possible, l'averse s'étant transformée en orage. les éclairs étant à l'autre bout de la ville, je ne m'inquiétais pas.
j'étais dans mes pensées quand je suis rentrée dans ce poteau. c'est en levant les yeux pour le maudire que je me suis rendue compte de mon erreur. ce n'était pas un poteau, loin de là, c'était quelqu'un. quelqu'un avec des yeux.. aussi bleus que cet orage, tiens. je n'avais jamais vu des yeux d'un bleu aussi pur, aussi tendre.

"eh"

c'est lorsqu'il m'adressa la parole que je sortais de ses yeux, où j'étais plongée, pour détailler le reste de son visage. il avait une peau pâle, un nez légèrement écrasé, une bouche charnue, des sourcils broussailleux et la joue gauche parsemée de grains de beauté. ses cheveux noirs qu'il n'avait pas dû couper depuis des lustres tombaient devant son œil droit. mais malgré tout, c'était ses yeux qui ressortaient, encore plus pendant la nuit.

"je t'ai fais mal?"

je me rendis compte que je devais lui faire peur, à le fixer intensément comme ça. je lui répondit donc:

"-non, c'est juste..
-mes yeux, me coupa-t-il. c'est ce qu'ont me dit tout le temps."

j'eus un rire nerveux. un silence gênant s'installa, puis je me rendis compte que c'était à m'en tour de parler, mais j'ignorais quoi dire. et pendant que je réfléchissais, il me posa une question:

"-qu'est-ce que tu fais à trois heures du matin toute seule sous un orage?
-oh je.. je me balade, lui répondis-je, hésitante.
-étrange endroit pour se balader, non? m'interrogea-t-il avec un sourire en coin, terriblement mignon.
-à vrai dire je n'arrivai pas à dormir et je me suis dit que.."

je fus coupée dans mon élan par un coup de tonnerre plus fort que les autres, qui semblait bizarrement beaucoup plus proche.

ça prendra un peu plus forme dans le prochain chapitre,
tchüss, garance