C'est la réaction qui dit tout...

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Encore dans le parc avec cette chaleur intense, j'examine Sabrina dans les moindres détails afin de voir si elle dit vraiment la vérité. Quelques techniques que j'ai appris à travers mes livres m'ont beaucoup servis à percevoir les choses.

- Est-ce que tu écris des histoires, d'abord? ai-je encore répété sous le soleil tapante qui nous envoie des rayons de chaleur, réchauffant chaque fibre de notre corps.

Sabrina détourne le regard (signe de mensonge ou d'hésitation, de un), puis elle mord sa lèvre inférieure (de deux), tortille une mèche de ses cheveux entre ses doigts (de trois), toussote (de quatre) et fait bouger légèrement ses narines (euh... ça par exemple, je ne suis pas certaine, mais je vais le classer dans la même liste pour confirmer mes doutes, vous me permettez?)... Puis, elle répond enfin à la question, de façon totalement pas crédible:

- Bien sûr! pouffe t-elle comme si c'est évident.

Je lève les yeux au ciel avant de partager un regard entendu et exaspéré avec Jared.

- Sabrina, n'as-tu pas, par hasard, inventé toute cette histoire? ai-je laissé entendre en faisant comme si je ne suis pas du tout sûre.

- Non..?

Je lui jette un regard las, quand elle roule les yeux, lève les bras au ciel et soupire:

- D'accord. J'ai peut-être inventé le bout où Jared veut m'enlever mes romans, mais pour le reste, c'est vrai! affirme t-elle.

Je manque de m'étouffer quand Jared lance:

- T'es sûre que c'est juste ce bout-là que t'as inventé?...

***

En marchant jusqu'à chez moi (j'ai quitté Jared et Sabrina pour mieux digérer toutes les informations que je viens d'apprendre et la solitude m'aide grandement), je réfléchis sur tout ce qui a été dit. Donc, si j'ai bien compris. Jared n'est pas un monstre comme Sabrina le prétendait, il n'a rien fait à Sabrina. Mais alors, Sabrina a vraiment inventé toute cette histoire, elle l'a monté debout en un an et en étant certaine de tout rendre crédible les moindres détails. Wow, elle devait aimée vraiment Jared pour qu'elle lui accorde tant d'importance côté vengeance. Et moi, dans tout ça, je ne veux même plus rentrer dans cette histoire. Maintenant que je détiens tous les côtés de l'histoire, je préfère seulement m'éloigner de ces gens-là et de rédiger proprement mon roman...

Tout semble se mettre en place dans ma tête. Alors, quand monsieur Mikaël, le prof de math m'a dit un jour de faire attention avec les personnes que je fréquente... il a voulu dire Sabrina ou Jared. Donc, voilà, tout finit par s'éclaircir dans ma tête. Je suppose que si je me mets à l'oeuvre cette semaine, je vais finir mon roman avant la semaine prochaine et je pourrais le poster à temps pour le concours. C'est pour cela que je cours jusqu'à la maison, des tempêtes d'idées bouillonnants dans ma tête, un sourire collé aux lèvres et le vent fouettant mes cheveux bruns flottant dans l'air tel dans les films. De l'inspiration... ça me vient!

***

Le reste de la semaine, je profite de chaque pause que j'aie à l'école et même le soir après les cours, en trouvant quand même du temps pour faire mes devoirs à la demande de maman, pour pianoter sur mon ordinateur. Je recommence plein de fois pour être certaine que c'est parfait sans laisser personne entrer dans ma bulle ou me déranger. Alors quand Lisa m'appelle pour aller faire les boutiques, je décline l'invitation sous sa déception et lui propose d'y aller avec Jessie, mais elle décide de rester à la maison finalement (Jessie et elle se sont disputées). D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment j'ai réussi à retenir ce détail comme je me suis isolée dans la bibliothèque pour écrire tous les midis de cette semaine. Oh, oui, certainement par les textos qu'Aryane m'envoie en guise de rapport des choses que j'ai manqué. Quand je lui réponds avec des bonhommes sourires ou avec des "cool" ou "OK" elle me comprend et arrête de m'envoyer des textos. Puis, elle a trouvé une nouvelle façon de me parler... quelqu'un frappe à la porte de ma chambre. Je le sais que c'est Aryane. Je pousse sur ma chaise roulante et ouvre à Aryane sous la musique d'ambiance que j'ai mis en fond.

- T'es aussi paresseuse? commente mon amie en s'écrasant sur mon lit avec son fourre-tout de sac!

- Ouep, ai-je marmonné.

- Pour me répondre aussi, remarque t-elle.

Je hoche la tête comme réponse en pianotant sur le clavier de mon ordinateur. Aryane pousse un soupir exaspéré, se lève et ferme mon écran d'ordinateur d'un petit claquement sec.

- Hé! Tu fais quoi là? ai-je sorti en levant les yeux sur elle.

- Faut que je te dise quelque chose, annonce t-elle.

Elle a l'air totalement sérieuse, presque désolée dans son regard, en plus, sa façon de se tenir rajoute une dose dans mon inquiétude. J'attends qu'elle parle, qu'elle ouvre la bouche, qu'elle me dise ce qui cloche avec impatience. Mon coeur commence à battre. Tout à coup, j'ai peur de ce qu'elle va sortir. Aryane peut tellement être dramatique parfois, que je ne sais pas du tout à quoi m'attendre. Des fois, cette face-là veut dire une bonne nouvelle et parfois, c'est la pire nouvelle au monde. Sauf que dans son expression, je n'arrive pas à déceler la moindre indice, pour décider comment je vais réagir. La petite musique de fond que j'ai mis me fait tellement penser à un de ces films dramatiques-ce qui ne m'aide en rien à essayer de prévoir la situation. Pourquoi j'ai mis cette musique déjà? Aryane qui croise les bras (bon typiquement elle mais tout de même), les yeux brillant de larmes (c'est rarement elle ça), je lance maintenant, cent pour cent à l'écoute de n'importe quel son qui va franchir ses lèvres:

- Vas-y, dis-moi.

Pile ou Face? (La fin arrive bientôt)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant