"J'ai reçu un carnet ce matin avant d'aller en cours, je n'ai pas eu le temps de l'ouvrir alors je me suis dit que j'irai le lire ce soir au cimetière, si j'avais su..." Je murmure ces mots à May, enfin plutôt à sa tombe. Je viens la voir presque tout les jours depuis ses funérailles, avant j'y allais vraiment tout les jours mais ma psy est persuadée que c'est mauvais pour moi, ce qui est mauvais pour moi c'est de voir sa table vide en allemand surtout, de ne plus la voir arriver le matin avec ses écouteurs dans les oreilles en chantonnant un de ses fameux airs de rock, de ne plus recevoir un message d'elle le matin à 7 heure tapante. Maintenant tout ce que j'ai d'elle c'est une tombe en granit avec son nom gravé dessus et aujourd'hui et seulement pour aujourd'hui, une série de lettres écrites de sa main. "J'arrive pas à croire que tu aies eu tellement de rancoeur envers tout ces gens, Summer et Clémentine je dis pas, c'est deux là sont vraiment des salopes mais les autres hein ? Tu ne connaissais même pas Misaki ! " Je cris et je pleure en même temps, May me manques, la May avec qui je parlais tout le temps, celle qui passait par la fenêtre de ma chambre quand elle pensait que j'allais mal, pas la fille cruelle qui se dessine dernière ses mots. Maintenant je l'entendais presque me susurrer dans le creux de l'oreille "Tu sais que les choses ne sont pas toujours ce qu'elle semblent être, tu ne voulais pas tout voir." Et elle aurait raison mais elle aussi se contentait d'être focalisée sur un détail et ça sa me fait mal. Ça me fait atrocement mal qu'elle réduisent notre relation à nos disputes, parce qu'il y avait tellement plus que ça.
"Ça t'as fait un peu de bien de préparer ta vengeance au moins ?" J'imagine très bien la réponse qu'elle aurait pu formuler en haussant nonchalamment ses épaules d'athlète "c'était juste un court moment où je pouvais respirer." Parce qu'elle perdait réellement pied à la fin, j'ai lu quelques part que la dépression change notre manière de voir le monde et que certains patients sont tellement affectés qu'il se détachent de la réalité pour s'enfermer dans leur esprit. Je n'ose même pas imaginer à quoi ressemblait sont esprit à la fin, à ce qu'elle a pu penser en prenant ses pilules, est-ce que mourir lui a fait mal ? Pour qui ont été ses dernières pensées ? Ça me brise de connaître les raisons de son geste mais je serais devenu fou de ne pas savoir. C'est un paradoxe, tout en ce bas monde est un paradoxe. J'imagine que c'est ce qui rend notre vie supportable, d'avoir nos propres mystères à résoudre. Elle avait des raisonnements tellement philosophiques, elle aimait la philo et les débats et les sciences aussi. Peu importe le domaine tant qu'il y avait quelque chose à comprendre. Elle pouvait se passionnait pour à peu près tout et n'importe quoi. Et un jour elle s'était intéressée à moi, elle m'a fait comprendre que j'étais sa plus belle énigme et elle avait cherché à me résoudre. Au final c'est moi qui me retrouve à résoudre le mystère énigmatique qu'elle avait laissé derrière elle. "Je reviendrai te voir bientôt." Murmurai-je au bloc de marbre gris qui me servait d'exutoire avant de quitter la dernière maison de May.
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Thoughts about Wonderland
Short StoryIls ont tour à tour reçu un carnet dans leurs boîtes aux lettres, ou dans leurs casiers ou même dans leurs sacs de cours. Un bête calepin en cuir entouré de papier kraft. De l'extérieur en tout cas... Car à l'intérieur se trouvent les lettres de la...