When Music Makes Love /fr

4 - «Il peut nous apporter un plus.»

Multimédia : See you again - Wiz Khalifa & Charlie Puth

Aussitôt que la sonnerie retentit, les élèves de la classe se ruèrent vers la sortie. Je rangeai tranquillement mes affaires n'étant pas pressée lorsque la voix de mon amie Callie me parvint aux oreilles.

- Abby ! Dépêche, on doit répéter !

- Mais ce n'est pas demain ? demandai-je perplexe.

- Non, andouille. Tu n'as pas reçu mon SMS ?

- Mais si ! Merde alors ! m'exclamai-je en me tapant le front avant de me dépêcher.

- Mademoiselle Parkson, pas de mots vulgaires dans cette salle, je vous prie.

- Excusez-moi monsieur, répondis-je au professeur qui était encore à son bureau en bois vieillit par le temps.

Le zip de la fermeture de mon sac retentit dans la salle vide. Nous fîmes un signe en guise d'au revoir au professeur et nous quittâmes rapidement l'endroit dans lequel nous répétions avec les autres élèves.

J'étais en filière littéraire avec option musique et notre professeur de chant avait monté une sorte de petit groupe avec ceux de la section musique. Deux à trois fois par semaine si c'était nécessaire nous nous retrouvions pour répéter afin de performer devant tout le lycée où il y aura des personnes importantes dans le domaine musical. Cet événement pouvait être décisif pour notre avenir, il fallait juste savoir se faire remarquer parmi une quinzaine d'adolescents. L'année dernière, je n'avais pas été au bout de mes compétences et je n'avais pas été choisie par un manager. L'école est très bien réputée grâce à ce petit plus d'ailleurs. Beaucoup espèrent trouver la « nouvelle star » des jeunes d'aujourd'hui.

- Il parait que le prof a ramené un nouvel élève qui n'est pas du lycée, m'informa Callie.

- Ah bon ? Mais je croyais que la chorale n'était réservée qu'aux lycéens d'ici.

- Je pensais aussi mais «il peut nous apporter un plus», dit-elle en mimant des guillemets.

Je roulai des yeux. Nous arrivâmes enfin à la salle et la blonde -une vraie de vrai, pas comme moi- ouvrit la porte à la volée faisant tourner les têtes des personnes présentes.

- Ah enfin vous voilà ! s'enjoua monsieur Blaike.

- Désolée monsieur, c'est de ma faute, tentai-je.

- Allons, allons, entrez. Le nouveau n'est pas encore arrivé, vous avez un joker, déclara-t-il amusé.

On sourit bien que gênées et on posa nos sacs avec les autres dans un coin de la salle. Pendant que je préparais la guitare pour moi et que Callie branchait le piano qu'elle empruntait ici, l'homme avancé d'une bonne quarantaine d'années fit l'appel.

- Mademoiselle Parks... commença-t-il avant de se faire couper par la porte qui s'était ouverte brusquement.

- Bonjour, je suis désolé, j'ai eu un problème de bus.

A l'entente de sa voix, je fis volte-face. Il était là. Dans la même salle que moi. Il était revenu. Callie devait avoir eu la même réaction que moi car elle mit sa main devant sa bouche entre-ouverte.

- Noah... murmurai-je tout bas pour que personne n'entende.

Il n'avait pas changé. Physiquement, je parle. Il était un peu plus musclé que d'habitude, il me semble.

- Ce n'est pas grave, il nous reste que trois-quarts d'heure pour s'entraîner. En place, tout le monde ! continua-t-il en frappant dans ses mains. Monsieur Anderson ?

Ce dernier, qui était lui aussi en train de me fixer du regard, secoua vivement la tête faisant virevolter quelques mèches ébènes sur son front. Il se mit ensuite côté chanteurs tandis que je m'asseyais en prenant la guitare sur mes genoux, puis le professeur nous donna le départ.

Les premières mélodies qui retentirent étaient celles du piano. Quelques temps après, les chanteurs débutaient la chanson en hommage à Paul Walker, «See you again». Je les rejoignis à la guitare seulement au refrain. Heureusement que je connaissais les accords sur le bout des doigts... Sa voix me transportait, je le dévorais du regard, ses yeux plissés quand il montait dans les aiguës, sa pomme d'Adam qui vibrait à chaque souffle d'air qui traversait sa gorge...

Abby, reprends-toi ! Ce mec a disparu comme un lâche sans te donner des nouvelles alors que tu étais sa petite-amie ! me rappelai-je.

Je chassai ces pensées de ma tête et me reconcentrai sur les accords. À la fin de la chanson, le professeur fit quelques remarques puis il nous libéra lorsqu'on avait assez répété. Je rangeai la guitare dans sa housse avant de reprendre mes affaires étalées au sol lorsqu'une main se posa délicatement sur mon épaule. Surprise, je stoppai tout mouvement et je me retournai lentement.

- Abby... Comment vas-tu ?

- Hum... Ç-ça va. Et toi ? bafouillai-je.

- Je vais bien, merci. Tu voudrais qu'on aille boire un verre si tu as du temps ?

- Oui, pourquoi pas, répondis-je en souriant légèrement. Je te retrouve devant, attends-moi.

Il acquiesça et parti en me laissant plantée là. Pas comme une conne parce que c'est moi qui décidais de ne pas bouger. Je le regardai jusqu'à ce qu'il quitte la salle avant de ramasser mes affaires.

- Callie, je vais boire un verre avec Noah, l'informai-je en arrivant vers elle.

Elle se retourna vers moi en mettant son sac sur son épaule.

- Avec Noah ? répéta-t-elle en fronçant les sourcils.

- Oui, il se trouve qu'il m'a proposé qu'on se voit.

- Écoute Abby... Ce n'est pas contre toi, je veux seulement que tu sois heureuse mais n'oublies pas ce qu'il a fait et l'état dans lequel tu étais après son départ, dit-elle calmement.

- Ne t'inquiète pas pour moi Cal', lui répondis-je en souriant. Bon, je file. On se voit demain.

Elle rit et m'embrassa sur les deux joues puis je partis rejoindre Noah sur le parking du lycée.