Je m'assis en classe. La moindre chose que je puisse dire, c'est que ça ne me faisait pas plaisir.
Je n'ai jamais été très forte à l'école, mais après ces deux mois de vacances et tout ces événements...
Ces événements. Au final, tous étaient ralliés à un seul: la découverte du grimoire.
- Sorcière, j'entendis murmurer près de moi.
Je ne répondis pas. Il faut dire que les changements n'étaient pas que psychiques.
~
deux mois plus tôt.
- Ele! cria ma mère de la cuisine.
Je la rejoins en courant, ma mère ne criait jamais.
Le spectacle qui s'offrait à moi était plus qu'étrange, mais je n'avais pas d'autre mot pour le décrire.
Ma mère, en robe noir, avait dessiné sur la table un pentacle avec des pierres. Dans un chaudron, des feuilles diverses bouillaient et un grimoire semblable à celui que j'avais trouvé était ouvert sur la table.
Une scène digne d'un film. Je secouais la tête, ce n'était pas possible.
- Ele... Il y a beaucoup de chose dont il faut que je te parle.
Elle m'emmena dans la salle à manger et s'assit. Je fis de même. J'avais le cerveau qui disfonctionnait et je tremblais.
- Elerinna. Je ne t'ai jamais parlé de tout ça avant car je voulais que tu ailles le choix. Je veux premièrement te dire que je ne suis pas une sorcière, je n'ai pas de mauvaises intentions et je ne sacrifie pas des animaux. Je suis une païenne. Ton père aussi l'était.
Mon père. Je ne sais rien de lui, si ce n'est qu'il est mort en montagne lorsque j'avais 3 ans. Je n'ai que quelques souvenirs très flous de lui, mais je l'ai toujours aimé comme si il était là.
- On appelle ce que je fais du paganisme. Je t'expliquerai plus en détail, mais tout porte à croire que tu en sais déjà.
Oh oh.
- Il y a quelques jours, nous avons, des amies et moi, senties que quelque chose de très fort se tramait. Un événement très important. Nous avons appris hier que Luz, la plus puissante des païennes, celle que tous écoutent, était morte. Mais c'est plus que ça, Ele. Lorsque quelqu'un comme elle meurt, elle lègue son pouvoir à celui ou celle qui possède son grimoire. Sais-tu qui a actuellement son grimoire dans sa chambre?
Je partis en courant. Arrivée dans ma chambre, je pris le carton de la vielle femme et le ramena à la cuisine. Ma mère était toujours là, un sourire aux lèvres.
- Luz t'a légué son pouvoir, mais tu ne l'aura pas juste en claquant des doigts. Tu devras l'apprendre, lire des milliers de pages de manuscrits qu'elle a écrire durant sa vie. Est-ce que c'est ce que tu veux, Ele?
Je me rendis compte que je n'avais pas parlé depuis le début.
- Oui! Dit d'une voix rauque. Depuis que j'ai trouvé ce grimoire, je suis attirée malgré moi vers ça. Oui je veux.
J'étais complètement déboussolée. Si ce n'était pas de la sorcellerie, alors quoi? Pourquoi moi? Pourquoi je n'avais jamais rien remarqué chez ma mère?
Ma mère rangea la cuisine en cinq minutes, mis ses chaussures et le força à la suivre en me tirant par la main. Nous nous installâmes dans la voiture et elle démarra.
Après presque deux heures de route silencieuses, elle s'arrêta devant une grande bâtisse claire. Du lierre montant sur tout la façade, des fleurs multicolores décoraient chaque fenêtre. C'est difficile à décrire, mais j'avais l'impression que la maison éclairait. Elle dégageait une aura bienfaisante. D'un coup, tout mes questions disparurent. Je me sentais à ma place.
La porte d'entrée, haute d'au moins trois mètres, s'ouvrit en grinçant sur un garçon de mon âge. Mon cœur loupa un battement. Il faut avouer que je ne suis pas très intéressée par les garçons, je m'en fous un peu. Mais ce garçon là, je crois qu'il est impossible de ne pas craquer.
Il était grand, bien bâti, les épaules carrées, le visage rieur, des fossettes formées par son sourire. Même d'où j'étais, je pouvais voir ses yeux verts. Il passa sa main dans ses cheveux noirs et descendit les quelques marches pour venir à notre rencontre. Il était vraiment grand. Au moins deux mètres. Ma mère se précipita vers lui. Elle paraissait microscopique à côté de lui.
- Aaron, je te présente ma fille Elerinna. Vous avez le même âge, à un jour près!
Il vint vers moi. Je me décida enfin à bouger. J'étais restée scotcher depuis qu'il était apparu.
- Salut, me dit il en se baissant pour me faire une bise.
Je lui rendis son geste. J'avais beau dépassé ma mère d'une tête, je me sentais tout de même ridiculement petite à côté de lui.
- Hey, répondis-je.
- Vous avez des bagages? Demanda t-il
- Non, dit ma mère à ma place. On est un peu partit précipitamment!
J'étais totalement perdue. Je ne savais pas où j'étais, pour combien de temps, qui était Aaron, en gros la seule chose qui me prouvait que je n'étais pas dans un rêve, c'était ma mère.
Aaron dû comprendre que j'étais déboussolée, il me prit par les épaules et me dirigea à l'intérieur. L'intérieur était aussi lumineux que l'extérieur. Tout était blanc, et des dizaines de plantes poussaient juste dans le hall.
Une femme apparue bientôt en haut des grands escaliers de marbres blancs.
Elle était grande, moins qu'Aaron mais me dépassait tout de même d'au moins dix centimètres. Elle portait une robe en velours bleu nuit qui lui arrivait aux genoux et des escarpins de la même couleur. Elle devait avoir la cinquantaine, ses cheveux gris étaient remontés en chignon stricte, mais elle souriait et me parut tout de suite sympathique. Personne n'aurai pu se tromper sur le fait qu'elle était la mère d'Aaron. Les mêmes yeux verts pétillants, une bouche fine mais bien remplie, une mâchoire marquée. Ils étaient tout deux magnifiques.
- Bonjour Elerinna, bonjour Amy, dit la femme en descendant les quelques marches qui lui restait.
C'était la première fois que j'entendais quelqu'un prononcer le nom de ma mère, je l'avais presque oublié.
Ma mère, d'ailleurs, avait les yeux emplis de larmes.
- Bonjour Beth, ça fait tellement de temps...
- Ta fille a l'air un peu perdu. Ne voudrais-tu pas que l'on fête ces retrouvailles autours d'un thé et de gâteaux?
Je suivis ma mère et Beth dans la cuisine, Aaron me tenait toujours par les épaules.
La cuisine était elle aussi très lumineuse, la table était en bois massif, et tout sorte de plantes, de légumes et de graines étaient éparpillés sur le plan de travaille. Sur la table, une assiette avec des biscuits, et un gâteau digne de conte de fées. Je n'en pouvais plus, je parla, mais mes mots étaient emmêlés, pas dans le bon ordre:
- Je ne sais pas, je je ne comprend pas! Vous avez une très jolie maison. Je suis épuisée. Ce gâteau est incroyable, mais qui êtes-vous? Maman, pourquoi? Combien de temps? Attendez, non, je ne sais pas. Mes mots sont désordonnés, je ne comprend rien.
Je m'étais effondrée sur une chaise, la tête entre les mains.
La dernière chose que je vis avant de m'endormir fut Aaron qui me prit dans ses bras.