Chapitre 1 : Un retour aux sources

249 14 3
                                    

Le ciel était magnifique cette nuit-là. L'absence totale de nuages faisait qu'une quantité incroyable d'étoiles était visible. Même en tendant le plus possible l'oreille, il aurait été impossible d'entendre ne serait-ce qu'une simple petite brise de vent. Et ce malgré l'hiver glacial qui se profilait dans les mois à venir. En effet, pour un mois de décembre dans les Hautes-Alpes, le temps était bien calme. Trop calme.

Alors que les premiers flocons de neige se posaient sur une espèce de minuscule chalet qui semblait abandonné, des aboiements rompirent ce silence presque effrayant.

Un vieillard qui devait avoir dans les quatre-vingts ans tenait d'une main sa canne et de l'autre une lampe torche. Le peu de cheveux qui lui restaient sur le crâne étaient d'un blanc qui virait au gris. Il ne devait lui rester sur le visage pas un seul centimètre non marqué par les rides, et son teint blanchâtre ainsi que ces yeux vides de tout sentiment agréable semblaient indiquer qu'il avait vécu des choses qu'il n'est pas commun de vivre, et que la mort serait son seul réconfort. C'est d'ailleurs pour cela qu'il se dirigeait vers la bicoque de bois, suivant de près son chien, le seul être qui lui permettait d'éviter de sombrer dans la folie et dans la solitude. C'était là qu'il voulait mourir, et il sentait que son heure était proche.

À peine eut-il posé ses pieds sur le seuil de la porte qu'un afflux de souvenirs lui parvint. Il les rejeta en secouant brusquement sa tête, et regarda son chien :

"Bienvenue Hope, j'espère que tu te plairas beaucoup ici; dit le vieil homme. Tu sais, j'ai construit cette maison avec mon frère et ma soeur il y a très longtemps, avant que..."

Une larme s'échappa de son œil et coula lentement le long de sa joue. Hope le dévisagea les yeux écarquillés et lâcha un de ces jappements que font les chiens lorsqu'ils sont inquiets. Son maître en pris conscience, ravala immédiatement son sanglot, puis continua sa phrase :

"Avant qu'ils ne soient... Enfin tu sais, avant que ces choses les ont emmenés".

En prononçant ces quelques mots, un grand frisson lui parcourut l'échine, et quelques gouttes de sueurs froides ruisselèrent sur son front. Il n'allait pas dormir cette nuit, comme depuis de nombreuses nuits d'ailleurs. Il commençait à penser que la prochaine fois qu'il rencontrerait le sommeil, ce serait en partant les pieds devant.

Mais il n'était pas prêt pour cela. Il devait laisser une trace de tout ce qui lui était arrivé, du début à la fin, sans oublier un seul détail, et cela serait difficile car sa mémoire défaillait ces temps-ci. Mais il devait le faire, il devait aller puiser dans ses plus profonds souvenirs car il le savait, quelqu'un aurait un jour besoin de ce qu'il avait traversé durant sa longue vie. Il ignorait cependant si cette personne allait apparaître dans un avenir plutôt proche ou lointain, et ceci était un gros problème : il était très probable qu'il ne serait plus du monde des vivants le moment venu.

Ce fut à cet instant précis que le vent décida de se lever, et les premiers nuages convergèrent au-dessus du col où se trouvait le chalet.

Terreurs NocturnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant