Les phénomènes étranges dont Marc était témoin se multipliaient. Il voyait des ombres, ou plutôt une ombre, qui semblait prendre un certain plaisir à le hanter. Il entendait des bruits, plus ou moins inquiétants, et des objets de la maison se trouvaient souvent déplacés, voire même brisés.
Mais le pire, c'est que ses parents ne se rendaient compte de rien; chaque nuit ou presque, quelque chose de bizarre se passait. Mais le lendemain matin, Mark se réveillait dans son lit, oubliant complètement comment il s'y était retrouvé, et quand il osait enfin se lever, tout ce qui avait été déplaçait ou brisé avait été remis en ordre. Ou presque...
La photo rayée au stylo rouge était restée comme telle, et Henry, qui y tenait énormément, lui avait fait de longues réprimandes à ce sujet. Pourquoi son père l'avait-il suspecté ? Il restait du feutre rouge sur les mains de son fils le lendemain matin. En tout cas, ce qu'il pensait être du feutre rouge.
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Ce soir-là, Mark décida qu'il ne s'endormirait pas. Il ferait une nuit blanche, "comme quand les grands font la fête." Cette idée l'excitait beaucoup, jusqu'à ce qu'il repense à l'ombre, et les bruits qu'elle semblait faire; comme si elle voulait creuser dans le mur avec ses ongles. Pourtant, une ombre n'a pas d'ongles, comme elle n'a pas de visage, ni même de jambes.
Mais Mark voulait se persuader qu'il n'avait pas peur. "Soit un homme" se disait-il, comme quand il regardait un film qui lui faisait trop peur avec son père. Ce dernier lui répétait souvent cette phrase, et ça marchait - ça lui donnait beaucoup de courage. Et maintenant, il se sentait plus rassuré. "Mais c'est pas un film Marc. C'est la vraie vie."
Il s'empressa d'embrasser sa mère qui donnait le biberon à son petit frère, qu'il embrassa aussi. Mike avec tout juste trois ans. Ally, elle, qui était déjà couchée, avait maintenant six mois. Elle commençait à un peu moins les embêter la nuit, ce qui était plus reposant. Ou plutôt moins fatiguant, car ça l'était toujours un peu, puisqu'elle se mettait tout de même parfois à pleurer très bruyamment. Mais Mark l'aimait quand même, quand elle avait un fou rire qui lui donnait envie de rire avec elle sans même qu'il ne la comprenne, ou alors quand elle lui prenait son index avec sa petite main et qu'elle le serrait de toutes ses forces.
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Ça faisait maintenant une heure qu'il lisait, en laissant seulement allumée sa petite lampe de chevet de façon à ce que ses parents ne voient pas la lumière. Il sentait ses paupières s'alourdirent, ses yeux se fermer lentement, puis s'affaissa finalement après une demi-heure de lutte. Mais il n'eût pas le temps de s'endormir - il entendit la porte donnant accès à la chambre de sa soeur grincer. Puis silence total. Mark se leva, se posta derrière la porte de sa chambre, et attendit. Il eut un temps d'hésitation, prit une longue inspiration, et ouvrit brusquement sa porte. Il n'y avait rien du côté de la chambre de sa soeur. La porte n'était même pas entrouverte.
Il retourna donc dans sa chambre, et après avoir relu un chapitre ou deux, il senti le sommeil arriver de nouveau. Abandonnant donc son idée de nuit blanche, il éteignit la lumière.
La porte de sa soeur grinça de nouveau, et des pas se firent entendre...
