« Un jour tu verras tu comprendras pourquoi je pars aujourd'hui. Pourquoi je te laisse. Pourquoi il vaut mieux que nous ne nous voyons plus.
Alicia je t'aime ne l'oublie pas»
C'est ce qu'il lui avait écrit dans une lettre. Ni plus ni moins. Ni numéro, ni adresse où le joindre rien que ces quelques mots.
Il ne l'avait pas prévenue de son départ. Personne ne comprenait. Ni ses amis, ni sa famille, personne. Il était juste parti en laissant cette lettre derrière lui.
Les rumeurs allaient bon train. Certains disaient qu'il avait le mal du pays, qu'il souhaitait revoir la Corée son pays d'origine, d'autres qu'il était tombé amoureux de sa sœur et que le seul moyen qu'il avait trouvé pour l'oublier était de partir.
Elle, elle était persuadée que les rumeurs étaient toutes fausses. Il avait fait le voyage depuis la Corée pour la retrouver, pour connaître cette sœur dont il avait entendu parler depuis son enfance. Cela faisait trois ans qu'il habitait en France et il était resté pour elle. Il ne serait pas reparti comme ça, sans rien lui dire s'il n'avait pas eu une bonne raison de le faire.
Elle avait confiance en lui, un jour elle comprendrait son geste. Mais cela ne l'empêchait pas d'en vouloir à son frère d'être parti sans rien dire, de ne pas lui avoir laissé la possibilité de lui dire au revoir. C'est tout ce qu'elle aurait souhaité. Elle ne l'aurait pas empêché de partir s'il lui avait expliqué que c'était mieux ainsi, qu'il lui dirait tout plus tard, parce qu'elle avait confiance en lui.
Il savait qu'elle serait en colère. Il savait parfaitement comment elle allait réagir mais il n'avait pas été capable de lui dire au revoir. Il n'aurait pas pu. C'était au-dessus de ses forces parce qu'il savait qu'il ne reviendrait probablement jamais. Il avait longuement réfléchi avant de prendre sa décision. Il aurai pu rester en France, ne pas retourner en Corée mais il avait fait un autre choix, celui de retourner dans son pays natal. Il savait qu'il le regretterait mais il l'avait fait c'était ainsi. Il espérait qu'elle ne lui en veuille pas lorsqu'elle le saurait parce que c'est ce qui lui ferait le plus mal.
Les jours, les semaines et les mois passaient.
Elle faisait sa vie, il faisait la sienne.
Elle essayait d'oublier qu'il était parti en sortant en boîte, il essayait d'oublier son départ en voyant ses amis.
Elle s'isolait de plus en plus, il gardait au maximum contact avec les autres.
Elle avait besoin d'une explication, il était incapable de la lui fournir.
Elle tournait mal, il se sentait heureux.
Et tout s'était arrêté avec un appel. Une voix grave au téléphone. Une voix lui annonçant la mort de son frère. Elle avait d'abord cru à une très mauvaise plaisanterie mais elle avait dû admettre que ce n'était pas le cas. Elle avait lâché son portable. Elle était tombée à genou. Les larmes avaient coulées d'elles-même. Elle n'entendait plus rien. Les même mots tournaient en boucle dans sa tête.
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« Quand tu liras cette lettre je ne serais plus de ce monde. Quand tu liras cette lettre tu m'en voudras sûrement de ne pas avoir partagé mes derniers mois avec toi, ma petite sœur. De t'avoir exclue de ma vie. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Je n'aurai pas pu te voir à mon chevet. Je ne voulais pas que tu me vois mourir petit à petit. Je ne l'aurai pas supporté. Je regrette de ne rien t'avoir dit, je sais que tu aurais voulu être à mes côtés et que tu as souffert de mon départ mais j'ai fait le bon choix, j'en suis sûr.
