Après l'après-midi sulfureux auprès de Margaux, le reste de l'histoire ne fût pas à la hauteur de mes attentes. Comme à chacune de mes relations, je ne ressens rien. Peut-être suis-je insensible, je ne le sais pas, je n'ai peut-être pas encore rencontré mon âme soeur.
Ainsi trois semaines après nos premiers rapports, je décide de mettre fin à ma relation avec Margaux. Entre deux cours, je lui envoie un SMS " Je dois te parler, rendez-vous bâtiment B, deuxième étage. " Pendant le reste de l'heure, j'imagine notre conversation, je n'ai aucun doute que la réaction de ma future-ex copine risqué d'être plutôt virulente. Une sorte de stress commence à monter au creux de mon estomac, l'attente est longue, les minutes semblent durer des heures, les secondes des minutes. Je suis tellement plongé dans mes pensées, que la voix de mon professeur ressemble à un doux murmure à mes oreilles.
C'est à peine si j'entends mon nom scandé par ce même professeur lorsqu'il vient de se rendre compte de mon intérêt zéro pour son cours.
" Elias réveille-toi où va continuer ta sieste en bas dans la salle d'étude "
C'est à peine si mon cerveau comprend la remarque de ce gentil bonhomme grassouillet, aux goûts vestimentaires arrêtés aux années 80, représente par son crâne chauve qui peut faire office de boule à facettes.Au moment même où mes rêves reprennent le dessus sur la réalité, la sonnerie sonne, sauvée par le gong ou presque car l'heure de mon petit rendez-vous avec Margaux approche très rapidement.
Je me rends d'un pas lourd sur le lieu de mon rendez-vous. Je suis un peu en avance et je ne suis pas étonné d'être encore seul, la ponctualité n'était pas la première qualité de Margaux.
Je ne peux pas distinguer sa silhouette parmi le flot d'élèves qui se pressent de sortir pour rejoindre le monde libre avant de revenir le lendemain avec cette même résignation propre à la plupart des élèves peu intéressés par plusieurs années d'études.
Je vois enfin Margaux arrivée, dans l'une des dernières files d'élèves, la tête basse, touchant nerveusement les plis de sa petite jupe qu'elle porte.
Je vois qu'elle sait déjà le sujet de notre conversation à venir, lorsqu'elle arrive à ma hauteur sans m'embrasser que ça soit sur les joues ou mes lèvres.
Pendant quelques secondes aucun mot n'est échangé, elle attend que je commence. Au début, les mots ont de la peine à franchir la barrière de mes lèvres ...
" Écoute voilà, je ne sais plus ou je suis rendu, ce que je fais en ce moment. J'ai la simple impression de faire du sur place dans notre relation et que malgré notre proximité il n'en ressort rien de bon. J'ai cru au début, que cette histoire pouvait être différente des autres, mais au fil des jours, des messages envoyés rien ne bougeait à l'intérieur de moi, de mon coeur. J'ai toujours eu ce petit espoir durant ces quelques semaines, qu'enfin la flamme allait démarrer et embraser mon être. Malheureusement, j'attends encore aujourd'hui et je le sais, il n'y aura jamais cette flamme, n'y a même d'étincelles."Au fur et à mesure que j'avance dans mon pseudo discours dramatique, je remarque la mâchoire de Margaux de plus en plus fermée, ses yeux se plissent, sa bouche se tord dans un rictus. Son regard me lance des éclairs, qui réels n'auraient calciné sur place. Je vois qu'elle transpire la colère mais aussi la honte. Pourquoi cette honte ? Peut-être car elle se sent trahie au fond d'elle-même. Peut-être que nos sentiments sont radicalement opposés et que contrairement à moi durant ces six semaines de relation, son attachement n'a fait que grandir.
" Je suis réellement désolé si mon choix te blesse, je n'ai jamais voulu te faire du mal, ni te briser le coeur. Je suis seulement peut-être au fond insensible et qu'il est préférable que je reste seul désormais. "
Voilà, tout était dit, je m'attends à la réaction qui j'en suis persuadé ne me fera que peu plaisir. Cela est normal, je ne vais pas m'attendre à recevoir des congratulations ou des fleurs de sa part. J'attends mais étrangement même après quelques très longues secondes, Margaux garde toujours la bouche fermée, tout en gardant ce même rictus déstabilisant au plus haut point.
Comprenant qu'elle n'allait rien me dire, je me tourne pour partir, c'est à ce moment-là que je la sens bouger derrière moi. À peine ai-je le temps de me retourner que la main de Margaux s'écrase violemment sur ma joue. Quelques instants après sa seconde main vient ce nouveau s'écraser sur mon autre joue. Sans un seul mot, elle s'éloigne de moi, la tête haute, poings fermés.
C'est seul, la lèvre fendue et le cerveau sont ébullition que je la regarde disparaître au fond du couloir, sans un regard.