La neige

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La porte s'est refermée, et le temps s'est arrêté.

Je me suis assise contre le mur, et j'ai laissé le silence m'assommer. Je ne savais plus rien, j'avais aucune idée de la date, de l'heure, je ne savais pas ou je me trouvais, et mon prénom m'échappais.

Je murmurais les paroles d'une chanson, les yeux dans le vide. Qu'elle chanson étais-ce ? Je ne savais plus. Je murmurais ces paroles, tel une sœur a l'église, mais je ne comprenais pas vraiment ce que je disais.

Un peu de force et de volonté me revenait, je me levais et je m'asseyais au bord de la fenêtre. J'observais le jardin, et le saule pleureur. Il était majestueux, grand, impressionnant, puissant. Il était l'arbre le plus proche de ma chambre. Je l'admirais, collant mes doigts tremblants contre la fenêtre.

Et le temps a passé.

Souvent, la porte s'ouvrais et une personne me parlais, et me présentais un plateau, avec un peu de nourriture. A chaque fois, je me jetais dessus, mais on me répétais que je devais avaler la petite pilule verte avant de manger.

Au départ, je n'en voulais pas. J'avais tenté de résister, mais on trouvais toujours le moyen de me forcer a la prendre. Et puis avec le temps, j'avais compris et obéis. Je la prenais et l'avalais sans rien dire. On me répétais que c'était bien et je me jetais sur la nourriture.

Un jour alors que je regardais par la fenêtre, il neigeait. J'avais rit et j'avais plaqué mes mains contre la fenêtre en riant. La neige tombais fort et ce jour la, contrairement aux autres, je ressentais un désir. Le désir d'aller courir dans la neige. Cela faisait longtemps que je n'avais pas désiré quelque chose. Et cela faisait aussi longtemps qu'il n'avais pas neigé.

Lorsque la porte s'est ouverte, ce jour la, je me suis précipitée vers l'homme avec le plateau. Je l'ai prit par le bras et j'ai montré la fenêtre.

"La neige" répétais-je sans cesse.

Il a sourit et m'a dit de prendre ma pilule.

"La neige" J'avais encore répété.

Il m'a a nouveau dit de prendre ma pilule et de manger. Mais ce jour la, je ne me suis pas calmée. Il m'a forcé a m'asseoir, et m'a promis qu'après avoir prit ma pilule et mangé, il m'emmènerais dans la neige.

Alors j'ai rit, avalé ma pilule et mangé a toute vitesse. Il m'a encore répété l'éternel "C'est bien" et m'a tendu un grand manteau. Je l'ai regardé sans trop comprendre. Alors il me l'a mit sur les épaules. Il m'a prit la main et m'a emmené dehors.

Et la, tout était différent. J'ai respiré l'air froid et j'ai tendu mes mains en éclatant de rire. Rien n'aurais pu décrire la joie que j'avais ressenti a ce moment précis. C'était le paradis. Je marchais avec enthousiasme sur le sol blanc, mes pieds s'enfonçaient, et je riais. La neige continuais toujours de tomber et je levais le visage vers le ciel, en laissant les petits flocons tomber sur mon visage. Ça chatouillait.

L'homme me regardais en souriant, les bras croisés. Il ne riait pas.

"La neige !" Ais-je dit joyeusement.

Il a hoché la tête, souriant un peu plus.

"La neige !" Ais-je dit en riant cette fois.

Il a commencé a rire en me voyant courir dans toutes les directions.

"La neige !" Criais-je a l'apogée de ma joie.

Il riait, me voyant courir les bras tendus vers le ciel. Et Puis c'est la qu'une femme est apparut. Elle m'a vu, puis a crié sur l'homme. Il ne riait plus. Il a baissé la tête en acquiesçant. Puis la dame m'a prit violemment par le bras et m'a ramené dans ma chambre. Elle m'a enlevé mon manteau et a refermé la porte. Un peu plus tard, elle est revenue, et m'a donné une pilule verte. Je l'ai regardé et j'ai dit doucement "La neige", mais elle m'a répondu sèchement "Non".

Mes yeux se sont remplis de larmes. De la colère est montée en moi, alors qu'elle referma la porte, me laissant seule avec la petite pilule verte, posée devant moi.

Mais je n'en voulais pas. Je voulais la neige.

Lorsque l'homme m'avais donné la pilule, il avais dit que j'aurais le droit de voir la neige. Mais pas elle. Alors cette fois-ci, je ne voulais pas obéir.

Je voulais la neige.

Je voulais la neige.

Au comble de la colère, j'ai attrapé furieusement la petite pilule et je l'ai jeté par la fenêtre. Puis j'ai croisé les bras et j'ai regardé le saule pleureur enneigé.

Puis, j'ai ressentis de l'angoisse. Cela faisait longtemps que je n'en avais pas ressentis. J'avais même oublié ce que ce faisais. Mes mains se sont mises a trembler et j'avais envie de pleurer. Je ne ressentais plus ce calme intérieur, plus rien n'étais comme avant. Je continuais a trembler, faisant les cents pas dans ma chambre.

La neige, l'homme qui souriait en croisant les bras, la neige, la pilule verte, la dame, la neige, le saule pleureur, la neige, ma chambre, mon lit, la neige, ma fenêtre, la neige. Tout se mélangeais dans ma tête.

Ma respiration s'est accélérée, et j'ai continué a marcher dans ma chambre. Je ressentais l'énergie qui revenais peu a peu. La pilule verte, j'aurais du prendre la pilule verte. Je veux la neige !

Je me suis placée devant mon petit miroir, et je me suis regardée. J'avais les cheveux blonds platine, et les yeux bleus clairs. J'avais oublié.

Mais pourquoi ne m'étais-je pas regardé ?

La neige me manquais toujours, mais j'étais maintenant fascinée par mes cheveux. Ils étaient beaux, brillants et lisses. Depuis quand ?

Ma respiration s'est calmée, et j'ai continué a me regarder. J'ai soudain réalisé qu'on était en hivert, car il neigeait dehors.

Il ne neigeait pas quand je suis arrivée ici. Je ne me rappelle plus bien. J'ai soudain réalisé que le temps avais passé.

La porte s'est ouverte et j'ai sursauté. C'était la dame qui entrais. Elle m'apportais le même plateau avec la nourriture et la pilule. Je me suis avancé vers elle, j'ai prit le plateau sur mes genoux et je lui ai tourné le dos. Elle est partie, sans regarder si j'avais avalé ma pilule ou pas.

Mais je la tenais dans ma main. J'allais l'avaler, lorsque le doute s'est installé. Devrais-je vraiment la prendre ?

Je me suis levée a nouveau, et je l'ai jeté par la fenêtre encore une fois. Après avoir mangé, l'angoisse est revenue, mais cette fois-ci, elle n'a pas duré longtemps.

Je me suis regardée a nouveau dans le miroir, et mes yeux étaient d'un bleu vif, mon regard était puissant et pénétrant. Cela faisais si longtemps que je n'avais pas eu ce regard la.

Je me suis retournée, j'ai fouillé dans mes placards, comme si je les découvrais pour la première fois. J'observais chacune des chemises, des jupes, des pinces a cheveux, des rubans. Et parmi toutes les affaires qui semblaient être les miennes, j'ai trouvé un papier. Curieuse, je l'ai prit et l'ai lus. Mon coeur s'est arrêté. Tout me revenais maintenant. J'étais dans un asile.

La colère jaillis en moi tandis que je froissais brusquement le papier.

"Je ne suis pas folle" me répétais-je.

Je me suis alors assise contre le mur, comme la première fois que j'étais venue ici. Mais cette fois-ci je me rappelais. Je me rappelais de tout. Je savais. Alors j'ai attendu, j'ai regardé la neige et le temps a passé. Je savais exactement ce que je faisais et toute trace de fatigue et de paresse avais disparus. La nuit venais de tomber.

J'ai prit un sac qui se trouvais dans mon armoire, j'y ai fourré quelques vêtements et accessoires a toute vitesse, et j'ai refermé doucement mon armoire. Je ne devais pas faire de bruit.

Mon cœur battais a toute vitesse, mais cette fois-ci, l'angoisse n'étais pas néfaste. Non, je ne paniquais pas. J'étais déterminée et je sentais du courage au fond de moi.

Alors j'ai prit mon sac, j'ai ouvert la fenêtre et je suis sortie dans la nuit enneigée. 


Dans mon monde (textes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant