Dans une dizaine de minutes, cela fera exactement deux heures que la pluie tombe à flot sur la ville de Paris. J'essaie en vain de m'abriter sous un arbre qui s'était trouvé sur mon chemin quand les premières gouttes étaient tombées mais les passants marchent sans exception dans les flaques d'eau autour de moi en ne portant aucune attention au fait qu'ils m'éclaboussent. Je tremble et mes dents claquent tellement que mon sang a refroidit. Toutes mes colères de ce début de semaine que je garde en moi aident presque trop la basse température de ce malheureux temps d'automne à me faire verser ces nombreuses larmes qui se dissimulent parfaitement à la grosse quantité de gouttes d'eau qui parviennent malgré tout à me mouiller. Personne ne remarque mon triste visage, ni même n'entend mes appels au secours intérieur. Je suis invisible, aux yeux de tous.
Un jeune homme légèrement plus vieux que moi avance en ma direction sans me quitter des yeux. Je pourrais m'imaginer que ce garçon me veut du mal mais son regard rempli de bienveillance m'en empêche. Il s'arrête devant moi avant de déposer sa légère veste noire sur mes épaules couvertes seulement par les fines bretelles de mon débardeur. Le vêtement est beaucoup trop grand pour moi mais je plonge mes bras dans les deux manches mises à ma disposition afin de me réchauffer. Je souris à la seule personne qui m'ait donné de l'importance aujourd'hui en temps que remerciement. Mes yeux se posent sur le garçon assis à mes côtés. Il porte un tee-shirt gris à manches courtes et je culpabilise quand je réalise que je porte ce qui devait le protéger de ce terrible froid. Je n'ai pour autant aucune envie de lui rendre sa veste qui me réchauffe peu à peu.
« - Qu'est-ce que tu fais là, toute seule sous la pluie ? Me demande-t-il de sa voix rauque.
- J'attends que la pluie s'arrête de tomber.
- Tu grelottes, tu ne veux pas que je te ramène chez toi ?
- Non ! Dis-je trop sèchement. »
J'étais venue ici pour seul but d'échapper à ma triste famille et je n'avais aucune envie de les retrouver.
« - Je m'appelle Justin, dis le garçon.
- June, chuchotai-je. »
Justin attrape mon poignet et m'entraîne dans un café proche. Alors que je pensais ne plus pouvoir être plus mouillée que je ne l'étais, ma sortie de sous les arbres me prouve le contraire. Une grosse quantité d'eau tombe violement sur mes épaules comme si un seau rempli de ce même liquide était versé au dessus de ma tête. Je trottine pour garder la même allure de marche que Justin. Les portes du bar s'ouvre avec la pression des mains de Justin contre elles, laissant échapper une douce mélodie venue de l'intérieur. Nous partons nous assoir à une des tables rondes et vernis. A peine dix minutes après notre arrivé, un serveur vient déjà prendre notre commende.
« - Je voudrais deux chocolats chauds s'il te plait, commande le brun qui m'avait trainé ici. »
Justin continue à discuter avec le brun à la trentaine. Ils ont l'air de déjà se connaître.
« - Je vois que tu es accompagné aujourd'hui, dit le quarantenaire.
- Oui, répond Justin. Elle s'appelle June.
- Et quel âge à cette jeune fille ?
- Dix-sept ans, intervins-je après m'être rendue compte que j'étais la seule à détenir cette information.
- Je t'en avais estimé dix-neuf, ris Justin. »
Le serveur avait profité de notre échange pour s'éclipser jusqu'à une autre table pour accueillir de nouveaux clients.
« - Et toi, - je bois une gorgée de la boisson chaude qui m'avait été offerte par mon nouvel ami - je te donnerais bien la vingtaine.
- Vingt et un ans. »
Je baisse instinctivement la tête. Je suis soudainement impressionnée par le garçon, certainement dût à son âge. Je remarque enfin qu'il me regarde avec insistance et interrogation.
« - Oui ?
- Je me posais une question. Pourquoi est-ce que tu avais l'air de ne vraiment pas avoir envie de rentrer chez toi quand je t'ai proposé de t'y ramener toute à l'heure ?
- Je me suis disputé avec mon père avant de sortir. Je n'ai pas envie de le voir pour l'instant.
- Pourquoi s'être disputé ?
- Mes résultats scolaires, comme toujours. »
Le jeune homme eu soudain l'air d'avoir une idée mais ses yeux ne sont plus dirigés sur moi.
« - Je pourrais t'aider pour tes cours si tu veux.
- J'y réfléchirai, merci. »
Dehors, la pluie a cessé et le soleil tape sur la fenêtre du café. Je souris quand je réalise que Justin vient de me parler et que je n'ai pas écouter un traitre mot de ses paroles.
« - Pardon, je n'écoutais pas, ris-je.
- Tu veux qu'on fasse un tour dehors ?
- Non, je dois rentrer maintenant, dis-je après avoir vu l'heure qu'affichait ma montre. Désolé. »
Je me lève de la chaise où j'étais assise et le brun me suis. Il pose sa main sur mon dos afin de me faire avancer à une allure plus rapide et de sortir plus vite du restaurent. Au moment où je mets un pied dehors, la chaleur s'amasse sur moi et ma respiration commence aussitôt à ralentir. Comment peut-il faire une telle température après une si grosse averse ?
Justin, qui m'avait accompagné jusqu'ici, embrasse mes deux joues en signe d'au revoir alors que le véhicule que j'attends depuis près de quinze minutes s'arrête devant l'arrêt de BUS qui lui est destiné. Je grimpe dans le BUS avant qu'il ne redémarre.
Je passe la porte de chez moi et je monte aussitôt dans ma chambre sans même prendre le temps de saluer mes parents. Je me laisse tomber sur mon lit et me débarrasse de mes chaussures à l'aide de mes pointes de pied, puis me dandine sur le matelas afin de retirer mon jean, me laissant en culotte, seule, dans ma chambre. Ce n'est seulement que lorsque j'essaie d'enlever mon débardeur que je remarque que la veste que Justin m'avait prêté est toujours sur mes épaules. Je lève mes bras avec le vêtement au bout des doigts afin de l'avoir dans mon champs de vision.
« - A croire qu'il faut qu'on se revoit, dis-je avec un sourire qui venait de se dessiner sur mon visage. »
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Invisible
RandomJune n'a pas toujours été celle qui faisait honte à son père. Ça n'avait commencé que lors de sa première année au collège. Quand tous ses amis s'étaient retournés contre elles et qu'ils avaient entrainer le reste du collège à s'acharner sur elle. E...