Chapitre Quatre.

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Lorsque j'ai passé la porte de chez moi, il n'a pas fallu plus de trente secondes, le temps que je retire mes chaussures, avant que mon père m'inflige un interrogatoire des plus gênant. Pour m'en délivrer, j'ai bien été forcée d'avouer que j'étais sortie avec une personne du sexe masculin. C'est ce qu'il voulait me faire avouer et ce qui l'a mit en rage. Il m'a donc interdit de revoir Justin et a tout fait pour m'empêcher de lui désobéir, jusqu'à me confisquer mon téléphone et me priver de sortie pour que je perde tout contacte avec lui. Et il est tellement malsain que je le soupçonne secrètement d'envoyer balader mon ami qui essaie en vain de me contacter. C'est pourquoi depuis une semaine, je n'ai plus aucune raison de sortir de mon lit, excepté me nourrir et me laver.

J'entends quelqu'un frapper, timidement, contre la porte de ma chambre. Je n'ai pas envie d'ouvrir, n'y de répondre et pourtant, la porte s'ouvre malgré tout. Alors que je m'attendais à voir apparaitre ma mère - elle vient toutes les heures vérifier comment je vais, d'ailleurs, elle ne s'est jamais autant occupée de moi - c'est mon petit frère, tout juste âgé de huit ans, qui s'infiltre dans ma chambre avant de refermer la porte derrière lui. Je le laisse entrer. A son âge, il ne peut pas prendre ma défense en s'opposant contre mon père - ce que je reproche à ma maternel. Il s'approche de moi et s'assoit sur le bord de mon lit, là où je suis encore allongée.


- C'est nul d'être un garçon. Je veux être comme toi moi, je veux être une fille. Les filles, elles, elles sont gentilles. Pas les garçons.

- Non, c'est faux ! Pourquoi tu dis ça ?

- Parce que si papa ne veut pas que tu parles avec ton chéri, c'est parce qu'il est méchant. Papa aussi est méchant. Parce que même si Julien...

- Justin, le corrigai-je

- Parce que même si Justin n'est pas gentil, depuis deux semaines, tu souris tout le temps quand je te vois.

- Mais pourquoi les filles seraient plus gentilles ?

- Parce que, tu sais, à l'école, les filles de ma classes elles rigolent tout le temps quand je fais des blagues, et ça me fait plaisir, se confie-t-il en même temps que je cogite à trouver une bonne raison pour lui prouver le contraire.

- Et tu penses que les garçons sont moins bien que les filles alors que tu les fais rire ? Et tu sais, Justin aussi me fait rire. Et pleins de garçons font rire d'autre filles. Moi, je trouve que les garçons, c'est bien.

- Est-ce que tu es amoureuse de Justin ?


Mes yeux essaient en vain de sortir de leur orbites. Il a changé de conversation tellement rapidement. Et cette question. Pourquoi ? Comment peut-il s'imaginer une chose pareille alors que je ne le connais que depuis deux semaines.


- Tu es fou où quoi ? Tu sais depuis combien de temps je le connais ? C'est impossible.

- Vous êtes longs, vous, les grands. Moi, j'ai été amoureux de Chloé le jour où elle est arrivée dans ma classe. Tu sais, c'est la nouvelle.


Je souris et me jette sur mon frère afin de le couvrir de chatouilles. Il rit aux éclats et moi aussi, ce qui m'avait manqué. Soudain, je me stoppe, toujours les mains autour des côtes de Lucas. Un cailloux frappe contre ma fenêtre. C'est bien ce que je pensais, quelqu'un est en bas de chez moi. Je me lève et regarde qui est là. La panique prend le dessus, puis la colère et un soupçon de stresse.


- Nan mais qu'est-ce qu'il fait là lui ? Papa va me tuer !


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