La marquise en patins à roulettes

32 4 0
                                    

Elle file dans les dédales de charmilles
Des bott∙es à roulettes fixées sur ses chevilles.
Sous les rayons d'or filtrés par la chlorophylle
À toute vitesse comme une photophile.
Les froufrous volent, qui entourent la marquise,
Ses éclats de rire sous la lumière exquise.
Tous ses galants perdent de leur assiduité
Devant ses fortes pointes de célérité.

Tous ces jolis oiseaux cui cui
Une bonne brioche qui cuit.
J'entends bruire l'escarpolette
Et Voltaire qui cherche la molette.

Les lampes s'allument dans l'heure vespérale
Et il est temps de ranger les dodécaèdres.
La marquise déplie ses cartes sidérales,
Décide en même temps qu'il faudrait jouer Phèdre.
Kepler était génial, mais bien moins qu'Hypatie.
La marquise s'amuse, et sa répartie
Libre, en harmonie avec son esprit si leste
Dessine toute la mécanique céleste.

Thé et porcelaine de Chine,
Chocolat, noisette et tartine.
J'entends rire l'escarpolette
Sous l'aurore qui déploie sa palette.

L'aube s'avance et rosit l'horizon qui luit
Le Soleil se lève, mais un disque de poix
Remplace l'orbe si rutilant de jadis
Tout éclipsé, noirci, par on ne savait quoi !
Part du trou noir dans le ciel irisé vermeil,
Une onde de choc bleue balaie tous les visages !
La marquise s'écrie : « Dieu, quelle merveille ! »
Avant que se dissipe ce curieux mirage.

Tous ces jolis oiseaux cui cui
Une bonne brioche qui cuit.
J'entends frire l'escarpolette,
Qui balance la Newton en goguette.

12 octobre 2013


Trous noirs et roses auroresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant