C'est en traînant les pieds que le chevalier du Sagittaire monte au dernier et plus grand des temples. Lui qui voulait passer la fin d'après-midi avec son meilleur ami, Saga des Gémeaux, se trouve bien mécontent d'avoir à s'occuper d'une petite fille toute nouvellement née. De plus, sous les ordres d'un Grand Pope furieux.Ah, comme il regrettait la période de son entraînement, avant que le Grand Pope Shion ne meure...
Marmonnant pour lui même, Aioros entre dans la chambre où la jeune enfant joue, depuis son berceau, avec les étoiles en papiers qui pendent au-dessus d'elle. Comme tout les enfants de son âge, elle joue. Ou presque. Le Chevalier s'approche avec un grand sourire, oubliant sa mauvaise humeur à la vue de la petite. Mais alors qu'il la prend dans ses bras pour la bercer, il sent un éclat glacé dans son dos,et ses bons réflexes lui permettent de se pencher en avant pour protéger avant tout l'enfant du cosmos malveillant qui s'élève derrière lui.
Un courant d'air passe, de la porte entrouverte à la fenêtre, et amenant aux narines du Sagittaire une effluve qu'il ne connaît que trop bien. Une odeur de mer salée, de cannelle et de vin fleuri,sucré. Cette odeur qu'il a déjà côtoyé, des nuits et des jours entiers.
« -Saga.. C'est toi. J'aurais du m'en douter. Tes absences répétées,sans excuses, les nuits où tu ne voulais plus de moi... »commença Aioros, puis, se tournant vers l'enfant « J'emmène la petite. Loin de toi et de tout... Tout ça. » fit il en désignant le couteau à l'éclat argenté, et l'ensemble de la pièce ?
Son regard s'était fermé. Saga... Son Saga. Qu'il connaissait depuis tout petit. Était-il au moins conscient de ce qu'il faisait ? Ou bien était-ce encore dû à son problème.. ?
« -Ahaha, mais tu as vraiment cru que je t'aimais ?Que j'étais amoureux de toi ? »
L'imposteur, faux Arès, éclata d'un rire gras, ironique et moqueur.Il a à peine le temps de cligner des yeux, et déjà Aioros a disparu, ne laissant derrière lui que quelques larmes brillantes tombant sur le sol.
C'est vrai, comment a-t-il pu croire, lui, Aioros, que les "jet'aime" chuchotés dans la langueur de la nuit étaient vrais ?Comment son cœur pouvait-il aimer un criminel, passionnément, au point qu'il pourrait mourir pour lui ? Toutes ses questions assaillaient son esprit, tandis qu'il entendait sonner l'alarme loin derrière lui.
Très vite, des pas le rattrapèrent, alors qu'il passait par la Neuvième Maison pour prendre avec lui son armure. L'enfant, toujours dans ses bras, pleurait à chaudes larmes sans comprendre ce qu'il se passait,serrée contre la chaleur du Chevalier. Il courait, animé par la force du désespoir, ses larmes soufflées par le vent.
Alors qu'il sortait enfin du Sanctuaire, parcourant la nuit le souffle court, une voix retentit.
-Aioros !
Prenant enfin conscience de cette présence dans son dos, le Sagittaires'arrête, essoufflé, les mains sur les genoux. L'inconnus'approche, levant une main comme pour abattre le fuyard, mais au lieu de ça, la main fut calmement posée sur une épaule secouée de soubresauts.
-Shura, écoute... commença Aioros dans un sursaut, gardant le nourrisson serré contre lui.
-Non. Je ne t'écouterais pas. Mais pourquoi ? Pourquoi avoir fuit ? Pourquoi nous abandonner ? Fuir n'est jamais une solution !
La voix du chevalier du Capricorne tremblait, alors qu'il essayait de garder une certaine contenance.
-Le Grand Pope... C'est Saga, il... Je ne le comprends plus...
-Ne mêle pas tes histoires amoureuses à ça. S'il te plaît. Tu comprends bien que fuir tes problèmes en enlevant Athéna n'est pas du tout une bonne idée, expliqua Shura avec un air très sérieux malgré son jeune âge. Je vais devoir te tuer.
-... Alors, fais-le. C'est ton devoir, et je sais que tu ne déroges pas aux ordres.
Aioros laissa s'échapper un petite rire d'entre ses lèvres, avant de se redresser, prêt à repartir. Il regarda Shura une dernière fois,lui qui ne comprenait pas la situation. Il ne lui en voulait pas. Le Sagittaire ne pouvait pas se battre, ni même mettre son armure avec un enfant dans les bras. Alors il fuyait, il courait dans la nuit noire, plu vite, plus loin, fuir pour échapper à ses problèmes.Car telle était sa destinée, fuir sa vie, son amour, son frère. Il sent une lame lui trancher le dos, repense à Shura avec qui il était si proche... Mais ne s'arrête pas. C'est sa dernière mission, celle de trahir, car tout est écrit. Il crache du sang, et s'effondre au milieu de colonnes en ruines.
Alors qu'il tombe sur le marbre blanc, dans la fraîcheur de la nuit grecque, le Capricorne s'approche lentement. Un pas, puis un autre.Il est impassible, se contentant de faire son devoir. D'obéir aux ordres.
-Je... Aioros. J'irai parler de ta mort à Saga. Pour lui expliquer,essayer de comprendre.. Vous n'étiez pas heureux ensemble ?Vous aviez l'air... Si heureux..
La voix du jeune homme tremblait, entrecoupée de sanglots retenus.
-N'y vas pas Shura, cela reste entre lui et moi. Tu ne peux rien comprendre.. Je ne veux pas mêler les autres à ça... Sache juste que... Je ne vous fuis pas vous,.. Je vous aime, soyez gentils...Entre vous et prenez soin de vous...
Les étoiles clignotaient dans le ciel, alors que Shura s'éloignait,persuadé que le chevalier était mort. Mais qu'est ce qu'il en savait, lui, de l'amour ? Il n'était pas amoureux, ne voulait pas l'être. S'attacher à quelqu'un c'est se mettre à soi-même des boulets aux pieds, et Shura n'obéirait que moins bien s'il était ralentit par de tels poids. Obéir aux ordres c'était la seule chose qu'il devait faire, et ferait toute sa vie.
Mais face au Grand Pope Arès, qui le félicite, il se sent fier. Il ne soupçonne pas une seule seconde Saga d'être derrière tout ça,malgré la mise en garde de feu son confrère. Arès le félicite,mais Saga pleure son amant perdu à jamais.
Et alors que la nuit se prolonge, en rentrant chez lui, le Capricorne croise le regard du jeune frère d'Aioros. Il commence à comprendre ce que sont le regret, les remords. Et tout les jours, Shura croise le regard du jeune Lion, et tout les jours il sent le poids de son acte tirer son cœur vers les ténèbres, sans une chance de rédemption. Il s'en veut de ne pas avoir compris plus tôt tout les enjeux de son acte, il s'en veut sous les regards de ses frères qui le blâment pour sa seule erreur.
Il souffre, mais il n'est pas le seul.
Il souffre, mais il ne le montre pas.
Ils souffrent en silence, attendant la mort.
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RandomNouvel O.S sur Saint Seiya, mais tout est expliqué dans le premier chapitre, puisqu'il a été écrit dans des conditions un peu spéciales ~ Bonne lecture !