3 🌪️ Où sont enfouis les sentiments

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"Parmi tous les sentiments existants, l'amour était le plus fort. Il était capable de vaincre la plus grande des répulsions et d'atténuer la plus ardues des colères."

EZEKIEL

Je savais que me repasser en boucle les derniers jours dans ma tête n'était pas une bonne idée. Je vivais avec cette rage constante qui me torpillait le ventre. Alexius était mort, Elya me voyait comme un manipulateur et menteur et Adélaïde refusait d'écouter mes arguments quant aux nouveaux Gardiens.

J'avais le sentiment d'être seul, infiniment. Jusqu'alors, ce sentiment ne m'avait jamais dérangé. Mais depuis qu'Elya faisait partie de notre groupe... je ne savais plus quel sentiment j'appréciais ressentir ou non. Elle avait su nous changer par je ne sais quel miracle.

Elle avait su me réveiller au point où je m'étais rendu compte de la supercherie qu'était l'Ordre. J'avais grande hâte à me retrouver devant Delmaz pour lui monter comme son « meilleur élément » devenait son « meilleur ennemi ».

La liberté.
C'était ce à quoi j'aspirais.

Mais la vengeance prenait presque toute la place. Choisir devenait impossible.

Alexius méritait de vivre. Je regrettais de ne pas lui avoir dit que je ne lui en voulais pas. Je regrettais de ne pas lui avoir avoué que je lui avais déjà pardonné. Il était mort en croyant que je le détestais. Mais il était impossible de détester son propre frère.

La sensation d'avoir gâché notre amitié ne me lâchait plus à présent.

La souffrance que je ressentais était toute autre que celle ressentie quand Aude était morte. J'avais perdu un membre de ma famille et cette même famille avait alors volé en éclat.

Cependant et comme très souvent, je me réveillais trop tard. Il y avait certaines choses brisées impossible à réparer. Je devais simplement m'y faire et aller de l'avant. Je savais néanmoins que le seul moyen d'y parvenir était de tuer Aude. Il était temps de tirer un trait sur le passé et nos erreurs commises. J'étais prêt à tout, quitte à ce qu'Adélaïde m'en veuille. Ce soir là, nous avions établis un camp en pleine forêt après avoir longuement marché et quitté Novendill. Plus de gardes ici, à croire que l'armée du roi était dorénavant décimée. Le Royaume tout entier était livré à lui-même.


Il faisait froid mais Adélaïde était parvenue à allumer le feu avec une facilité déconcertante. Nous étions tous les quatre assis autour de celui-ci, mangeant un reste de viande séchée qu'avait ramené Sam. L'air était humide, les chouettes hululaient dans la nuit, le vent était frais mais la brise si apaisante à la fois. L'océan commençait à s'éloigner, maintenant que nous nous enfoncions dans les terres. Quand bien même, nous allions là où le vent nous portait, sans but précis. Pourtant, moi j'avais déjà mon idée.


Le jour suivant, nous marchâmes à nouveau à travers la forêt sans croiser un seul ennemi ou animal sauvage. Nous rejoignîmes un village plus à l'Est nommé Arbora. Les gens semblaient bien y vivre. Le bétail était encore vivant, les marchands se faisaient de l'argent et les chaumières étaient entretenues.

Elya demanda à ce que nous dormions sur place quelques jours, dans l'espoir de trouver deux personnes potentiellement aptes à utiliser des gemmes. Nous n'avions plus d'alliés. Nous ne pouvions plus que compter sur nous et notre force de persuasion pour monter une armée capable de vaincre la plus grande Nécromancienne que notre monde n'avait jamais connu.


Nous payâmes trois chambres dans une auberge avec l'argent qu'avaient rassemblé Sam et Elya. Après quoi, nous pûmes tous jouir d'un bon bain bien chaud aux sources thermales derrière l'auberge près des montagnes. Le supplément nous fut offert puisqu'Elya usa de son pouvoir pour convaincre la gérante de nous laisser la place.


Les Derniers Gardiens : III - Le Fléau de l'Émeraude Où les histoires vivent. Découvrez maintenant