Chapitre 1 - Rencontre

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Mois de Novembre.

Je n'ai pas énormément d'amis dans ma classe, pour ne pas dire pas du tout. J'étais assise seule dans la plupart des cours et j'aimais cette solitude.

- Quelqu'un peut-il me dire à quelle fonction correspond cette courbe ?

Les mathématiques m'ennuient, j'ai une certaine avance sur le plan scolaire. Je préfère laisser le fil de mes pensées me conduire où bon lui semble. Loin, au milieu d'un ciel uniformément gris et bas, il ne devrait pas tarder à neiger.

On frappe soudain à la porte, et je suis de ce fait ramenée brusquement à la réalité monotone des cours de Monsieur Livaro.

- Bonjour, vous êtes Monsieur Livaro ? Le prof de maths ?

- Lui-même, et vous êtes ?

- Thomas Crelly, nouvel élève.

Je ris intérieurement devant l'embarras de ce ''nouvel élève''.

- Oh, il me semblait que vous ne deviez arriver que la semaine prochaine ... Peu importe. Voici ta classe, tu rencontreras ton professeur principal cet après-midi. Assieds-toi là-bas. Tu rattraperas rapidement ton retard c'est une excellente élève.

J'espérais de tout cœur avoir mal entendu, mais non. Monsieur Livaro vient de m'envoyer tout droit en enfer. Je déteste les gens de mon âge.

- Salut !

Je n'ai vraiment pas envie de répondre aux politesses du nouveau, j'aime ma vie d'ermite et sympathiser avec lui n'en fais pas parti.

Je l'ignore et feins d'être plongée dans le cours.

- Euh ... Je ne veux vraiment pas t'embêter mais j'aimerai bien m'asseoir, tu peux enlever ton sac de la chaise ? S'il te plaît ?

Cet idiot est trop poli. Il m'agace sincèrement. Je retire rapidement mon sac de cette satanée chaise en prenant soin de continuer à ignorer parfaitement mon nouveau voisin.

- Je m'appelle Thomas. Enfin ça tu le sais déjà j'imagine.

Il me tend la main en souriant. Il a vraiment l'air gentil. Je me surprends alors à le dévisager. Il a des cheveux châtains foncés aux reflets légèrement blonds, complètement en bataille. Ses yeux mordorés avec de légères teintes orangées lui parcourent l'iris. Ses lèvres ont une couleur très rosée, en parfait contraste avec sa peau légèrement halée. Enfin, un visage parfaitement proportionnel.

- Tu es muette ?

Il ferme sa main, l'air gêné. Je tourne à nouveau mon visage vers le tableau.

- Enora.

Le ton froid, glacial même et rauque, sorti de ma bouche ressemble fortement au grognement d'un animal. Même si ce n'était pas volontaire, au moins il va vite comprendre qu'ici il n'est pas en territoire amical. Je sens qu'il sourit encore, bien que je ne lui accorde pas même un coup d'œil. C'est le genre de garçon qui se la joue « racaille » alors que papa et maman subviennent au moindre de ses caprices. Je le devine rien qu'à sa façon de s'habiller : veste en cuir, jeans slim, Vans noires.

- C'est joli comme prénom, Enora.

Il continue de sourire comme un idiot. La cloche sonne, mettant fin à cet interminable supplice. Je tente une sortie éclaire de la salle de Monsieur Livaro qui m'interpelle :

- Enora ? Tu seras gentille et tu t'occuperas de Thomas. Tu lui prêteras tes cours et tu lui montreras le lycée.

Ah non. Hors de question.

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