Chapitre 4~Il n'y a que la Vérité qui blesse

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Melody se redressa. Son visage était mouillé de larmes. Mais ces dernières étaient translucides et poisseuses comme du sang. Elle s'essuya machinalement les joues d'un geste rapide, et commença à s'éloigner un peu en titubant. Elle avait la gorge nouée et le coeur qui battait la chamarre. Une irrépressible envie de hurler s'empara d'elle.
Elle marcha vers un brancardier et le bouscula. Mais ce dernier n'eut aucune réaction.
Pourquoi tout le monde l'ignorait ? Certes elle n'était pas une priorité, mais bon sang, elle aussi avait besoin d'aide ! Elle se mit en quête de la cellule psychologique mise en place pour les proches des passagers venus accueillir leur désespérément attendu famille. Là bas, on l'écouterait à souhait.
Elle continua d'avancer entre les corps, ruminant de sombres pensées. Soudain, elle s'arrêta devant un corps, et l'observa avec minutie. Stupéfaite, elle fit un bond en arrière. Son corps était étendu là, gisant toujours sur le brancard ou on l'avait déposée quelques instants plus tôt, recouvert de sang et de marques de brûlures.
C'était tout simplement impossible ... Comment pouvait-elle se tenir debout devant son propre cadavre ?!
Melody fut prise de nausées et de vertiges . Elle se met à courir aveuglement. Petit à petit, les pièces d'un puzzle complexe et farfelu se mirent en place dans son esprit. Néanmoins, elle était actuellement trop paniquée pour y songer et trouver une explication plausible à cette hypothèse. 
Elle s'arrêta brusquement dans sa course, se pencha en avant et vomit. Elle était totalement perdue et se gifla mentalement. Il fallait qu'elle vérifie ce qu'elle était sensé avoir vu. Avec lenteur, et sans la moindre envie elle retourna sur les lieux ou son corps était sensé reposer son corps. Mais le brancard avait été déplacé. Impossible de vérifier la vision d'horreur de Melody. Elle se laissa tomber au sol, sur les genoux, ne sentant plus ses forces. Puis, se repliant sur elle même, elle se mit à réfléchir, sérieusement, le regard flou, vide de l'étincelle qui l'animait habituellement.
Autour d'elle, la vie continuait. Les secours s'activaient, les journalistes trépignaient, les familles en deuil se lamentaient. Melody promena distraitement son regard sur cette foule en perpétuelle mouvement, et soupira. Une scène pour le moins étrange attira son attention.
Une jeune fille, d'environs l'âge de Melody, cherchait à entrer dans la zone d'investigations. Elle avait les cheveux châtains foncés qui se dégradaient en gris, la peau mate vraisemblablement due à ses origines asiatiques. Ses lèvres charnues étaient peintes en rouge violine et elle arborait un air sérieux. Melody s'approcha sans prendre de disposition pour être discrète, car de toutes façon, pour une mystérieuse raison, tout le monde semblait l'ignorer. Elle s'avança donc et capta quelques bribes de conversations entre la jeune demoiselle et l'agent de sécurité qui essayait manifestement d'empêcher cette dernière d'accéder au lieu. La jeune fille gesticulait.

-Mais puisque je vous dis que mon père travaille ici !!!
-Ce n'est pas mon problème Mademoiselle. L'accès est fermé au public. Nous devons évaluer d'éventuels nouveaux risques.

La jeune fille soupira, croisa les bras sur sa poitrine et leva les yeux au ciel, visiblement agacée. Puis elle tourna son visage vers Melody et esquissa un sourire sarcastique à l'agent.

-Au lieu de me priver l'accès aux lieux, vous feriez mieux de gérer vos blessés !
-Voyons, il n'y a aucun survivants. Et si nous barrons l'accès, c'est pour justement éviter qu'il y'est des blessés !
-Vous fichez pas de moi ! La jeune fille derrière vous a visiblement été victime de ce crash !

L'agent se tourna, regarda derrière lui mais ne sembla pas voire Melody. En aucun cas il ne posa son regard sur elle. Contrairement à lui, la jeune fille fixait clairement Melody.
Le policier se retourna.

-Écoutes. Il n'y a rien. Tu dois être choquée pr l'accident, c'est normal. Rentres chez toi.
-Mais ... Vous fichez pas de moi ! Sa coloration capillaire est pas assez atypique pour vous où quoi ?!
-Je ne me répèterais pas ... Rentrez chez vous.
-Rhaa ! Mais je veux voire mon père bordel !
-Haylee !

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