Love and destiny - tome 2

Chapitre 2 (âme sensible s'abstenir)

Point de vue de Abby

Quatre mois plus tôt

J'erre dans un monde de silence et de vide. Je suis seule. J'ai dû mal à émerger de cet abîme dans lequel je me suis engouffrée. Je marche dans des rues totalement désertes, sans âmes qui vivent aux alentours. Je déambule et je découvre des boutiques vides, des bars abandonnés, des affaires traînants sur le sol en pleine rue, comme si la population avait fuie d'un seul coup, abandonnant tout sur son passage. Je me penche pour ramasser un ours en peluche marron qui me fais penser à celui que j'avais lorsque j'étais petite. Mon ours Teddy, mon compagnon de nuit, mon ami de jour. Je le prends par la main et continue mon avancée désertique. On se croirait dans un western au moment où je vois voler des petits ballotins de pailles. Dois-je m'attendre à voir John Wayne apparaître ? Tout d'un coup, j'entends une mélodie flotter dans l'air. Je reconnais immédiatement la berceuse de maman. Je m'en rapproche de plus en plus, étonnée d'entendre du bruit dans ce chaos. Je m'arrête pour percevoir d'où elle provient mais elle se stoppe également. Je reprends ma marche, la musique aussi. Et ainsi de suite. Plus j'accélère mon rythme, plus la mélodie augmente son tempo. C'est donc en courant que j'atteins mon but. La petite boutique d'instruments de musiques est magnifique. En vitrine je peux y observer des guitares, des pianos, des violons, une sublime harpe entourée de lierre et de fleurs blanches. Ma berceuse s'est arrêtée, mais dès lors que je pousse la porte du magasin, tous les instruments se mettent à jouer en même temps et ce qui en ressort parcours mon corps de frissons. Je reste bouche bée à écouter ce concerto privé. Tous les instruments s'accordent à la perfection. Mon cœur s'arrête lorsque j'aperçois, dans le fond de la boutique, au milieu de tous les pianos, une silhouette. Je m'en approche tout doucement et manque de tomber dans les pommes quand je la reconnais. C'est impossible. Ça ne peut pas être réel. Je suis morte, c'est ça ?

Cette belle femme aux cheveux longs bouclés et aux prunelles d'ange se retourne tout doucement vers moi et d'un sourire pur me fait signe de la rejoindre. Je n'arrive plus à bouger. Maman. Elle est si belle. Toutes les traces de son accident de voiture ont disparu. Ses brûlures au visage et sur tout son corps sont invisibles. Elle porte une jolie petite robe blanche en dentelle, et ses cheveux sont retenus par une petite barrette argentée. Elle a l'allure d'une jeune fille de vingt ans. J'aimerai tellement lui ressembler, avoir hérité de sa beauté, de sa grâce et de son charme naturel. Je vais m'installer à côté d'elle, et mes mains glissent sur les touches du piano pour l'accompagner à la perfection. Comme avant. Des larmes coulent sur mon visage et viennent s'écraser sur les touches. Nous finissons notre berceuse et je sens des mains se poser sur mes bras et me tourner vers elle. Elle me regarde avec tellement d'amour. Je me blottis immédiatement contre elle ne supportant plus cette distance pourtant si proche. Elle me caresse tendrement les cheveux et me berce doucement. Oh comme elle m'a manquée. Son odeur vient chatouiller mes narines et tous mes souvenirs heureux de cette enfance perdue refont surfaces. Maman. Ma maman est là. Je ne sais pas trop dans quelle dimension je me trouve mais je ne veux pas en changer. Je veux y rester éternellement. Juste elle et moi dans cette petite boutique de notes précieuses.

- Ma petite fille...

- Maman, tu m'as tellement manquée.

- Toi aussi ma princesse. Mais je suis là désormais. Je vais veiller sur toi. Je te promets que jusqu'à ce que tu retrouves ton amour, je serais à tes côtés.

- Mon amour ?

Je ne vois pas de quoi elle parle. Quel amour ? Je ne suis que vide et détresse. Je ne suis capable d'amour pour quiconque. Au fond de moi, je sais que j'ai déjà aimé, d'une puissance telle que ça m'effraye toujours, mais ce souvenir est si loin à présent. Je ne sais même plus ce qu'est l'amour. L'amour peut faire souffrir, il peut nous faire si mal que même respirer devient difficile.