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J'ai retrouvé ma liberté et je compte bien en profiter ! Nous sommes vendredi soir et quoi de mieux que d'aller décompresser, peut-être même me saouler dans un bar. Ça n'est pas dans mes habitudes de boire plus que de raison, mais au bout de 4 ans de relation avec un mauvais gars, j'aurais tort de m'en priver !

Je décide de mettre ma tunique noire que j'aime tant, achat que j'ai fait il y a peu. Avec des bas et des talons ça fera très bien l'affaire. C'est sexy, mais pas trop, juste ce qu'il faut. Une touche de maquillage plus tard, me voilà au Scotland Pub en train de chercher mes acolytes. J'ai vraiment bien fait de louer cet appartement juste à côté de la vie quand on pense que je suis restée quasiment cloitrée pendant un temps bien trop long.

Je ne tarde pas à apercevoir Stéphanie et Damien au fond de la petite salle tamisée. Je m'approche d'eux à la hâte.
- Salut ma puce !
Steph m'accueille à bras grands ouverts, le sourire aux lèvres.
- Salut Didi !
Je lui rends son embrassade tout en faisant de même avec Damien. Didi n'est autre que ma meilleure amie. On se connaît depuis quelques années maintenant, et même si elle est un peu plus âgée que moi, dans notre amitié c'est moi la maman poule. D'ailleurs, ça la fait souvent rire, mais il est clair qu'on n'y changera plus rien. Quant au pourquoi du Didi, je ne m'en souviens plus, c'est ainsi et c'est tout.
Damien est un ami d'enfance, et bien qu'on se soit perdu de vue pendant dix longues années, on est redevenu tout aussi proche qu'auparavant, même s'il se balade toujours aux quatre coins du monde. Assez contradictoire, je vous l'accorde !

Je réalise que d'autres personnes sont assises à notre table. Un jeune homme aux cheveux bruns bien fournis est en grande conversation avec une jeune fille. Sans doute sont-ils en couple car ils ont l'air assez proches.
- Salut, je suis Nora. Enchantée !
- Moi c'est Nate, et voilà mon amie Elise.
- Ravie de vous rencontrer.
Didi interrompt les présentations et trépigne d'impatience sur son haut tabouret.
- Bon alors, qu'est ce qu'on boit ?
- Un truc qui se boit ?
Ma blague est tellement bidon que tout le monde rit, de moi évidemment, car je ne suis décidément pas douée pour faire de l'humour.

Une fois que tout le monde a choisi « son truc qui se boit », j'appelle le serveur. Notre commande arrive assez vite et je ne tarde pas à siroter mon peket dilué avec un jus pomme-cerise. Je triture ma paille tout en ayant une discussion animée avec Didi. À vrai dire, nos conversations le sont toujours et nous réussissons même à discuter de trois sujets simultanément. Il nous arrive même de converser très vite pour nous raconter un maximum de choses en un temps record. Imaginez ce que cela donne quand on ne se voit pas pendant deux semaines. Heureusement, ça n'arrive pas souvent !

Damien nous recommande une deuxième tournée et mon blanc cerise se vide déjà un peu plus rapidement que le premier. Je suis tellement peu habituée à boire que je sais que mes yeux ne suivront bientôt plus les mouvements de ma tête. Ma chance est que je peux être ivre, ça ne se voit pas. Ni sur mon visage, ni sur mon aptitude à marcher droit ou à simplement tenir debout. J'adore perdre un peu le contrôle, faire tomber les barrières de mes inhibitions, mais malgré tout, mon subconscient veut toujours garder la face et rester responsable. Je ne suis pas de celles qui conduisent en ayant bu, ou se crêpent le chignon avec une femme tout aussi saoule pour un regard de travers. Non, moi, je prends les clés de mes amis, je les force à dormir chez moi et je règle les conflits éventuels avant même qu'ils n'aient vraiment commencé.

À mon sixième verre, je suis presque totalement éméchée, mais contrairement à la plupart des gens saouls, je n'entame pas un débat interminable pour savoir si la tomate est un fruit ou un légume. Je me mets à rêvasser, ensuite à méditer profondément, jusqu'à ce qu'un regard insistant me tire de mon petit monde passionnant. Nate m'observe d'une manière que je ne peux pas déchiffrer, encore moins vu mon état, et finit par m'interroger.
- À quoi tu pensais ?
- À la chance que j'ai.
Je lui réponds du tac au tac. L'alcool fait son effet, car en temps normal j'aurais répondu « à rien ».
- C'est à dire ? Dis-m'en plus.
Son regard paraît sincère, véritablement intéressé.
-J'ai de la chance d'être ici, avec vous.
Je pense pouvoir affirmer que j'entrevois le bonheur. Pourquoi je lui dis ça ?!
- Très philosophique ta phrase. Ravi de l'apprendre. Je te le souhaite !
- Merci.
Je ne trouve rien d'autre à ajouter et Didi me tire soudain par la manche, me tannant pour qu'on rentre. Elle passe la nuit chez moi puisque ses clés sont introuvables... En voyant qu'il est déjà deux heures du matin, j'acquiesce et dis rapidement au revoir à tout le monde tout en entreprenant de la ramener à la maison.

Une fois installée dans le divan avec une couette bien moelleuse, elle se met à sombrer à vue d'œil et je ne me fais pas prier pour rejoindre mon lit à mon tour. Mon oreiller ne m'a jamais semblé aussi confortable et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je sombre moi aussi dans un profond sommeil. J'adore ça, sentir que je m'engourdis, que mon corps tout entier s'enfonce dans le matelas tout en douceur.







✔️ Nora - T1 - ÉditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant