✔️ Nora - T1 - Édité

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J'émerge le lendemain matin sans trop de difficulté. Didi dort toujours à poings fermés et je décide de me préparer un café instantané avant d'aller prendre une douche tout aussi revigorante que ma boisson.

J'adore l'ambiance qui règne dans mon appartement. Ça ne fait que deux mois que j'y vis, mais pourtant j'ai très vite trouvé mes marques. C'est un appartement aménagé au rez-de-chaussée d'une vieille maison de maître. Toute la surface est recouverte de parquet marron et ne me demandez pas pourquoi, chaque fois qu'il craque sous mes pieds, ça me réconforte, je me sens vivante. Peut-être suis-je comme le bois, qu'importe l'état dans lequel il est, il ne cesse de vivre que lorsqu'il brûle. Le salon est illuminé par une immense fenêtre aussi haute que le plafond et qui donne sur la rue. Juste à côté, il y a la cuisine, où seule une arche sert de séparation entre les deux pièces. Cette pièce est assez pratique, même si la préparation de mes repas se résume en général à des plats surgelés tout faits ! Je n'ai pas le courage de cuisiner uniquement pour moi et je suis à peu près sûre que je ne suis pas la seule. La chambre se situe au bout du couloir de l'entrée, elle n'est pas très grande, mais c'est l'endroit que je préfère. L'accès à la salle de bain se fait par une dernière porte se trouvant dans la chambre. Plus les jours passent et plus je trouve qu'il y fait bon vivre. J'attends avec impatience l'arrivée de l'été pour pouvoir profiter de la petite cour et du jardin.

Une fois ma douche prise, j'enfile une tenue et, de retour dans le salon, je constate que Didi sort quelque peu de son coma.
- Un café ?
- Volontiers.
Je m'attelle à lui préparer son breuvage miracle et lui tends sa tasse au moment où elle se redresse dans le divan.
- Nora, si tu savais comme je t'envie de ne pas connaître ce qu'est la gueule de bois ! Comment fais-tu pour être si motivée ?
Je ris tout en me disant que pour ça aussi j'ai de la chance. Avoir la gueule de bois ça a l'air pénible, et moi j'ai besoin d'être active.

Parfois je me dis que je vais m'arrêter un instant, passer une journée au lit à regarder ma série du moment, mais arrivée à un certain stade de la journée, impossible de ne pas m'occuper du ménage, de l'aménagement de l'appartement ou que sais-je d'autre encore.
Je ne manque jamais d'imagination pour me trouver une occupation. Parfois, je me trouve moi-même très épuisante !
- Alors, comment te sens-tu dans ta nouvelle vie ?
Elle me regarde d'un air complice tout en buvant son café à la vitesse grand V.
- Bien, c'est agréable d'avoir repris le contrôle sur ma vie. Je crois que ce gros ennui de santé m'a fait ouvrir les yeux.
- C'est certain ma puce. Je me suis fait du souci pour toi, mais aujourd'hui je suis contente que tu aies dû traverser ça. Sans quoi tu serais encore avec lui !
- Je pense que ça m'a permis d'avoir le déclic, oui.
Ne comptez pas sur moi pour m'éterniser sur mon histoire d'amour, du moins sur celle-là. Je suis simplement tombée amoureuse du mauvais gars. Celui qui boit et ne fait rien de sa vie, même pas m'aimer un tant soit peu. On dit que l'amour a ses raisons que la raison ignore, et il est clair que j'ai eu un sérieux problème de jugement pendant quatre longues années. J'ai finalement dû être hospitalisée, et tout au fond de moi, je reste persuadée que cette maladie qui a envahi mes poumons était un signal d'alarme interne. Mon corps me hurlait « Stop Nora ! Tu es épuisée par la vie, quitte-le, quitte tout, tu mérites mieux ! ». Et c'est ce que j'ai fait. Et maintenant me voilà à achever mon café avec ma meilleure amie qui a la tête comme un seau. Un lendemain de veille comme les autres, mais pour moi c'est plus que ça.
C'est la promesse d'une chose que je n'ai pas encore tout à fait identifiée.
Didi me fait encore une de ses embrassades qu'elle aime tant. Souvent, je me demande ce que je ferais sans elle, car dans tous mes malheurs, elle a toujours été mon pilier. À me dire tout haut ce que je pensais tout bas pour me conforter dans mes idées, quand je ne croyais plus assez en moi.

Après avoir bu le reste de son café à la vitesse de l'éclair, elle trouve le courage de se lever et prend congé.
- J'y vais ma puce, je dois aller chez mes parents en fin d'après-midi et j'aimerais bien nettoyer avant.
Pour ça aussi nous sommes pareilles, maniaques. Mais l'ordre est l'une des choses qui nous font nous sentir bien, en accord avec nous-mêmes. On est parfaitement incapable de commencer une journée de bonne humeur en voyant le foutoir de la veille.