Prologue

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J'ai du mal à distinguer où je mets mes pieds mais je sais pertinemment que je me trouve dans l'allée menant à la porte de ma maison.
Je titube maladroitement, encore une soirée comme les autres passée clandestinement.
Je sors mes clés de la poche de ma veste en cuir cloutée après avoir réussi par je n'sais quelle miracle à me retrouver devant ma porte d'entrée.
Quelle heure est-il déjà ? La dernière fois que j'ai consulté ma montre en or remonte à...je n'en sais rien, ne m'en rappelle plus en tout cas. Trop d'ivresse tue l'ivresse, chantonne ma conscience. Quelle conne celle là !

- Ferme-là, grognai-je entre mes dents.

Tu deviens folle, continue-elle. Je grogne à nouveau mais n'ai pas le temps de répliquer, la porte s'ouvre violemment.

- Où étais-tu ?

Je bouche automatiquement mes oreilles à l'aide de mes mains, sa voix continue de faire écho dans ma tête.
Malgré ma vision floue, j'arrive à distinguer une femme aux yeux rougis et décoiffée. Ma mère.

- Ça te change de d'habitude, rigolai-je amèrement en enlevant mes converses. Cette coupe de cheveux te va vraiment bien !, ironisai-je.
- Ne plaisante pas avec moi, hurla-t-elle en m'empoignant le bras droit.
- Putain mais lâche moi, lui ordonnai-je, ce qu'elle fit aussitôt.

Je n'ai pas le temps de m'engueuler avec elle. Je veux juste dormir, est-ce compliqué à comprendre ?  T'es vraiment méchante avec maman, s'attriste conscience.

- Ta gueule, grognai-je.
- Quoi ?, s'indigna ma mère.

Ce n'était pas destiné à elle...tant pis, elle n'avait qu'à pas écouter ma conversation avec conscience.

J'entame les marches le long de l'escalier d'ivoire sans me soucier de la femme derrière moi.
Dormir.
Dormir.
Je veux juste dormir.
Je rate une marche mais réussi à m'accrocher à la rambarde d'escalier. Je sens des reniflements derrière moi puis des soufflements avant d'entendre d'autres pas que les miens sur l'escalier.

- Tu fais trop de bruit, le personnel va se réveiller si tu continues ainsi, sifflote maman avant de m'aider à monter les escaliers. Demain matin, nous devrons avoir une sérieuse discussion lorsque tu auras retrouvé ta sobriété.

Je ne réplique rien. Qu'as-tu pour ta défense ? Putain mais ferme là conscience de merde, dis-je intérieurement. En réalité, je ne suis pas ta conscience mais juste ce qui engendre l'absorption de plusieurs litres d'alcool, en gros, tu délires.
Un hurlement strident m'empêche de continuer de délirer. C'est maman.
Elle tient fermement mon tee-shirt entre ses mains et me fixe avec des yeux apeurés tout en examinant mon corps avant de mettre ses deux mains sur mes joues en me demandant tendrement :

- Que s'est-il passé, ma chérie ?

Je ne sais pas de quoi elle parle, je ne veux rien savoir, tout est flou dans ma tête. Je ne sais rien et ne veux rien savoir. Elle vient à peine d'ouvrir la lumière qu'elle me bombarde de questions.
Je préférais l'obscurité du hall, tiens.

- Dormir, grognai-je. Je veux dormir, maman.

Elle continue de me regarder de ses yeux apeurés et je n'essaye même pas de comprendre la raison de son affolement si soudain.

- S'il-te-plait, finis-je par dire entre deux hoquets.

Elle souffle bruyamment avant de m'installer dans mon lit deux places. Je n'ai pas mis mon pyjama et n'en ai pas la force d'ailleurs.
Après avoir placée ma couverture convenablement sur mon corps, je vois une petite lumière inonder ma chambre : ma mère a allumé son smartphone. Je ne cherche même pas à comprendre ce qu'elle fait. Mes paupières se ferment automatiquement sans que j'y puisse grand chose.
Je vais enfin pouvoir dormir.

- Allô ?...Police ?...Ma fille vient de rentrer à l'instant même ensanglantée de partout...oui, oui...je comprends...nous habitons à l'avenue des roses, numéro 32...d'accord, j'attendrai votre venue, entendis-je avant de sombrer complètement dans les bras de Morphée.

Le hurlement d'un loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant