Chapitre 8

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- Mademoiselle, s'horrifia une domestique en mettant ses mains devant sa bouche. Que vous est-il arrivé ?

Il fallait s'y attendre, à peine ai-je passé un pied dans cette villa, qu'on me bombarde déjà de questions.

Je laisse la domestique m'entraîner avec elle jusqu'à ma chambre.
Encore une fois, ça va être le même cinéma et je sens d'avance que je ne vais pas aimer la confrontation que j'aurais avec ma mère.

- Il vous faut être présentable devant madame, dit-elle en ouvrant ma penderie. Voulez-vous que je vous aide à vous habillez ?, demanda-t-elle après avoir choisit ma tenue du jour.
- Non, ce n'est pas la peine, Maddy. Vous pouvez disposer.
- Bien.

J'attends qu'elle s'en aille complètement pour me jeter dans mon lit et une fois dessus, je ferme mes paupières.
J'aimerai tellement dormir, là, tout de suite mais c'est impossible. Je sais très bien que ma mère va vouloir me voir et avoir une sérieuse discussion avec moi.
Je suis sorti hier soir sans son consentement et je sais que je vais passer un sale quart d'heure ; mais d'un autre côté, j'ai bien fait d'être parti à cette soirée puisque j'ai pu revoir Alicia même si la situation était déroutante...
Cette fois, j'ai une réelle preuve qu'elle est vivante même si je sais que personne ne me croira. Tu as trop bu, me diront-ils mais je sais que ce que j'ai vu n'était pas une hallucination, c'était elle, vraiment elle. En chair et en os.

Je me lève péniblement de mon lit et vais dans ma salle de bain accompagnée des vêtements que m'a choisit Maddy.

Je me douche rapidement et enfile mon peignoir puis me regarde dans la glace.
C'est vrai que je suis pas mal amochée, ma course poursuite ne m'a pas aidé en même temps...des égratignures se trouvent à chaque recoin de mon visage beaucoup trop livide à mon goût. J'ai l'impression de ne pas avoir dormi depuis des jours tellement les cernes en dessous de mes yeux sont immondes...mais sinon, tout va bien, enfin, je veux dire que je suis toujours vivante et je peux remercier ce loup noir, non ? J'en viens même à me demander si je n'ai pas rêvé cet instant. Pour quelle raison des loups abandonneraient leur gibier ? Aucune. Et c'est ça qui est étrange. Je ne me suis pas fait bouffée.

Je souffle d'exaspération, en à peine quelques jours, ma vie à prit une tournure très...étrange.
Je secoue ma tête de droite à gauche, comme si en faisant cela j'allais m'enlever ces interrogations de ma tête.

J'enlève mon peignoir pour enfiler mon jean skinny noir puis mets mon tee-shirt kaki et finis par enrouler une serviette autour de mes cheveux, je n'ai aucune envie de les sécher et ne le ferais pas.
Par la suite, je prends mon téléphone, qui était posé sur ma commode, et le mets dans la poche arrière de mon jean et mets mes chaussons avant de sortir de ma chambre.
Il faudrait que je pense à contacter Tara et Théo, même si je suis persuadée que Marc les a déjà prévenu de ne pas s'inquiéter pour ma "disparition" de la nuit dernière.

Bon. Il ne me reste plus qu'à affronter  ma mère et je pourrai enfin me reposer.
Je longe donc les longs couloirs de la demeure des Parks et me dirige vers son bureau avec appréhension. Elle va me tuer. Je le sens.
Une fois devant sa porte, je toque un coup et entre juste après, sans attendre sa réponse.
Je referme la porte et m'adosse au mur à côté de moi tout en croisant les bras autour de ma poitrine.

- Je sais que j'ai des comptes à te rendre, dis-je calmement. Mais toi aussi.

Elle lève les yeux de son ordinateur portable et dirige son regard vers mon emplacement puis referme lentement son ordinateur.
Elle met ses coudes sur son bureau et entrelace ses doigts entre eux et finit par poser sa tête dessus.

- Je t'écoute.
- Depuis quand t'es pote avec une folle ?, ricanai-je en me rappelant l'expression du visage de la femme quand je lui ai dis que je ne croyais pas aux histoires "d'âmes-sœur liées". Elle m'a carrément parlée d'âmes-sœur et tu sais quoi ? Elle connait le mien.

Mon visage doit être déformé tant je ne peux m'empêcher de rigoler, cette femme me paraît bizarre quand j'y repense, je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle est une attardée mentale, non, loin de là, juste une passionnée d'amour. N'empêche, je l'aimais bien, elle était chaleureuse et avait ce petit quelque chose qui faisait tout son charme, mais quoi, je ne sais pas et n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

J'arrête de rire lorsque je vois le visage de ma mère se décomposer à petits feux.

-Qui est-ce ?

Je la regarde en fronçant les sourcils puisque je n'ai pas compris pourquoi elle me pose cette question.

-Qui est ton âme-sœur ?, demanda-t-elle en se levant de sa chaise pour venir vers moi.
-Je..Je ne sais pas, balbutiai-je maladroitement, confuse.

Elle pousse un soupir.

- Je vais renforcer ta sécurité. Il est hors de question que je te laisse t'échapper en douce désormais. Je ne voulais pas en arriver jusque là mais tu as poussé mes limites, jeune fille. À partir de maintenant, tu seras surveillé 24 heures sur 24, que tu le veuilles où non.
- Tu peux pas faire ça, hurlai-je. J'ai le droit à un minimum de vie privée et tu ne peux pas m'enfermer indéfiniment. Mais merde à la fin, j'ai presque 17 ans, pas 12.

Je fulmine littéralement. Elle ne peut pas violer ma vie privée ainsi, même si elle est ma mère. Je comprends que j'ai pu dépasser les limites, mais merde, elle ne s'occupe même pas de moi et donc, je ne vois pas pourquoi elle aurait le droit de m'ôter mon espace privé et me surveiller comme si j'étais prête à commettre un crime.
C'est toujours le personnel qui s'occupe du sale boulot, toujours eux qui sont sur mon dos. Je n'en peux plus. J'ai besoin de l'amour d'une mère, pas celui d'étrangers...même si je les connais depuis toute petite.

- Tu ne m'aimes pas, lâchai-je en ayant les larmes aux yeux tout en repensant à mon enfance gâché. Ton boulot compte plus que moi à tes yeux.

Arrivée à ma hauteur, elle pose une main sur mon épaule et lève ma tête à l'aide de ses doigts.

- Ma chérie, susurra-t-elle doucement après m'avoir enlacé. J'ai toujours eu peur pour toi et ce, depuis ta naissance. Je sais bien que ça te gêne mais il le faut. Je dois te protéger. Je sais ce que je fais, fais moi confiance. Je ne veux que ton bien. J'aurais beau me montrer comme étant la femme la plus froide au monde, tout au fond de moi, je reste une mère, ta maman...et je t'aime, plus que tout au monde.
- Pourquoi me surprotéger ?, murmurai-je sans répondre à son étreinte.

Elle ne me répond pas immédiatement mais me serre dans ses bras comme si j'allais me volatiliser si elle desserrait sa prise.

- Ton père n'est pas n'importe qui et ton destin risque d'être abominable...

Quoi !? Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire...?

Le hurlement d'un loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant