1- Me marier ??

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MINHYUK

Je soupire et regarde l'horloge: 22h30. Ça fait une heure que j'attends que mon cher et tendre géniteur daigne m'honorer de sa majestueuse présence. J'exagère à peine.

Forcément, Monsieur étant le PDG de l'une des plus grosses compagnies d'assurance au monde, ses affaires lui prennent tout son temps et il ne peut donc pas arriver à l'heure aux rendez-vous qu'il fixe à son fils. Oui mon père me fixe des rendez-vous pour pouvoir me parler, à 21h30, tout à fait. Bienvenue dans ma réalité.

Je soupire et me balance sur mon siège, mon regard posé sur l'énorme fauteuil de l'autre côté de l'immense bureau de mon père. Il aime voir les choses en grand.

Les minutes passent, encore... Alors que j'étais tranquillement en train de compter les stylos dans le pot à crayons en face de moi, la porte dans mon dos s'ouvre en fracas me faisant sursauter. Un homme s'avance prestement. Il n'est pas très grand, sec et il cache des yeux de glace derrière ses lunettes à la monture grise.

- Minhyuk, dit-il d'une voix grave et autoritaire.

- Bonsoir Père.

Je me lève pour lui faire face. Il me détaille pendant quelques secondes de son regard inquisiteur avant de reprendre la parole.

- Kang Minhyuk...

Il s'avance vers le bureau.

- Dis-moi, que vois-tu là ? demande-t-il, son doigt pointé vers son fauteuil.

- Un fauteuil, répondé-je nonchalant.

Mon père baisse prestement son doigt.

- Non.

- Ah.

- Ce n'est pas qu'un simple fauteuil, déclare-t-il d'un ton sec. Tu ignores ce que j'ai du endurer pour avoir le privilège de m'asseoir dans ce fauteuil. Tout le monde ne peut pas s'asseoir dans ce fauteuil. Personne d'autre que moi d'ailleurs, pas même ce crétin d'Oliver Woods, directeur adjoint de mes deux ! Et toi non plus, mon fils. Tu n'as en aucun cas le droit de t'asseoir sur ce fauteuil.

Ok j'ai compris pas touche au fauteuil, mais quel est le rapport ? Il m'a quand même pas amené ici à cette heure-ci pour m'interdire de m'asseoir dans son foutu fauteuil !

- Hum, très bien Père, mais pourrais-je connaître la raison pour laquelle vous m'avez appelé ?

- Ah, Minhyuk, mon fils... Mon unique héritier...

Il marche tranquillement et se poste juste à côté de son fauteuil qu'il regarde amoureusement. Je crois que je vais gerber.

- Mon but, Minhyuk, c'est que toi et toi seul puisse s'asseoir sur ce fauteuil lorsque je n'y serais plus. Et je pense qu'aujourd'hui tu es en âge d'apprendre les ficelles du métier.

Je soupire discrètement. Je savais bien qu'il m'annoncerais ça un jour. Bien que m'y attendait et qu'il m'y prépare depuis plusieurs années déjà, je sens une pointe d'amertume me gagner. D'autres auraient rêvé de cet instant, mais moi non. Adieu liberté, bonjour paperasse, serrages de mains et comités d'entreprise... Adieu aussi université pratique de la batterie...

Je tente de cacher la joie immense qui m'envahit à mon géniteur alors que celui-ci s'assied dans son fauteuil chéri. D'un geste, il m'invite à faire de même. Une fois assis, il m'observe de nouveau, silencieux. Je me sens tout à coup très mal à l'aise, genre TRÈS mal à l'aise. Il m'observe en silence, d'accord, ça, ça déstabiliserait n'importe quel être vivant. Mais là, il m'observe avec un SOURIRE EN COIN. LE truc qui t'annonce que t'es dans la merde.

CinderellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant