Chapitre 4

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(Nda : la photo est le vrai pont en Italie où Louis est)
Les lumières de la bille sont faibles. Quand tu n'es pas de l'aide humeur, tout te semble différent, l'atmosphère n'est pas la même. Les couleurs, les lumières, les ombres, un sourire qui ne prend pas, qui ne va pas. Louis conduit lentement. Village Olympique, Piazza Euclide, un tour complet, puis Corso Francia. Il regarde autour de lui. Un coup d'oeil au pont. Mais regarde-moi ces crétins. C'est plein d'inscriptions. Le salir comme ça. Regarde celle-là... "Patate je t'aime." Au nom de quoi? Au nom de l'amour. L'Amour. Demandez à Eleanor des nouvelles de Monsieur l'Amour. Eh, Monsieur l'amour, où êtes - vous passé ?
Il aperçoit deux jeunes gens planqués sur le pont, dans un coin non éclairé par la lune. Enlacés, amoureux, collés l'un à l'autre comme deux tendres lierres face au temps, aux jours, à ce qui sera la proie du vent. Louis ne résiste pas. Il klaxonne. Il baisse sa vitre et hurle : "Eh,les abrutis! Elle est belle la vie, hein? De toute façon l'un de vous deux se barrera ! " Puis il accélère, fait un bond en avant, douce deux ou trois voitures et passe un feu orange foncé. Il continue,tout le Corso Francia, puis Via Flaminia, mais, arrivé au deuxième feu, une voiture de police. Rouge. Louis s'arrête. Les deux carabiniers bavardent tranquillement. L'un d'eux rigole au téléphone, l'autre fume une cigarette en discutant avec une fille. Il l'a peut-être arrêtée pour un contrôle, ou bien c'est une amie qui savait qu'il était de permanence et qui est passée lui dire bonjour. Le fait est qu'au bout d'un moment le second carabiniers se sent observé et se tourne vers Louis. Il le regarde fixement. Louis tourne lentement la tête, faisant semblant de s'intéresser à quelque chose,il se penche pour voir si par hasard le feu est passé au vert. Rien à faire. Il est encore rouge.
- Pardon..
Vroum. Vroum. Un type arrive sur un scooter tout déglingué, un Kymco, avec derrière lui une fille aux longs cheveux bruns. Il est braqué, il parte un t-shirt bleu ciel moulant qui dessine tous ses muscles.
-Oh, je te parle, dis..
Louis se penche.
-Oui?
-Ecoute, t'es passé en hurlant pendant qu'on était sur le pont de Corso Francia. Oh, mais c'est à nous que tu parlais? Il faut que tu t'expliques, hein.
-Non, pardon mais vous avez mal compris, jet parlais du type devant moi qui allait trop lentement.
- Oh, fais pas le con avec moi. Compris? T'avais personne devant et remercie le ciel...
Il lève le menton et indique la voiture de police.
- ... que les flics soient là. La prochaine fois, me casse pas les couilles, sinon ça va se terminer...
Il n'attend pas de réponse. Le feu est vert. Il met les gaz et tourne sur la Cassia. Il prend le virage le corps penché et disparaît vers lui seul sait où, vers un autre baiser, peut être dans un lieu plus caché... et peut-être plus. Louis repart tout doucement. Les carabiniers sont toujours en train de plaisanter. L'un d'eux a fini sa cigarette. Il prend un chewing-gum sue lui offre la fille. L'autre a fermé son portable et feuillette le journal dans la voiture. Ils ne se sont aperçus de rien. Louis continue. Au bout d'un moment, il faut demi-tour pour échapper à cette situation gênante.
Si on n'est même pas libre de dire ce qu'on pense,de temps en temps. Parfois on se sent vraiment à l'étroit. De l'autre côté de la rue, les carabiniers sont partis. Même la fille a disparu. Il y en a une autre, qui attend le bus. Alessandro continue à conduire puis met un CD. La Mercedes est maintenant garée au château Saint-Ange. Alessandro marche sur le pont. Il regarde les touristes qui bavardent gaiement, enlacés, insouciant des jeunes gens surpris par Rome, par la beauté de ce pont, par le simple fait de ne pas être au bureau. Un couple un peu moins jeune. Louis s'arrête au bord du pont. Il se met debout sur le parapet et regarde en bas. Le fleuve. Il court, lent, silencieux, avide de toutes les saletés qui passent. Louis regarde plus bas, au-delà du pont, le long du cours du Tibre, et il pense au film "la vie est belle" quand George, désespéré, décide de se suicider. Et puis, si je décidais de sauter, est-ce qu'il y aurait un ange gardien pour le faire découvrir ou comprendre le sens de cette vie ? Juste à ce moment là, il sent une main sur son épaule.
-Doc ? (En Italie, on appelle docteur toute personne ayant terminé ses études universitaires)
-Mon Dieu, qu'est ce qu'il y a ?
-C'est moi, doc.
Un clochard aux cheveux sales, tout débraillé, pas très rassurant et tout sauf angélique.
-Pardon, doc, je voulais pas vous faire peur, z'auriez pas deux euro ?
Pas un euro, pense Louis, deux! Il ouvre son portefeuille, sort un billet de vingt euro et le lui donne. Le clochard le prend, un peu suspicieux, puis le retourne dans ses mains, le regard mieux. Il n'en croit pas ses yeux. Il sourit.
-Merci, doc.
Dans le doute, pense Louis, si personne ne saute avant moi ni pour moi, j'aurais au moins laissé un bon souvenir à quelqu'un. Ma dernière bonne action. Soudain, une voix.
-Mais voici l'homme à succès, le roi des spots! Louis se tourne. De l'autre côté du pont, voilà qu'arrivent Pietro, Susanna, Enrico et Camilla. Ils avancent tranquilles et souriants. Enrico tient Camilla par le bras et Pietro marche un peu devant les autres.
-Ça alors! Lou, mais qu'est ce que tu fous? Une enquête de comportement ? Tu étudies vraiment n'importe quoi, pour faire des spots,hein? Tu étais en train de parler avec ce type...
Il se retourne et vérifie que le type s'est éloigné.
-Je parie que ta prochaine publicité sera justement avec un clochard!

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 03, 2017 ⏰

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J'ai failli te dire je t'aime.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant