CONTES DU JOUR ET DE LA NUIT ***
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[Illustration]
GUY DE MAUPASSANT
CONTES DU JOUR ET DE LA NUIT
Illustrations de PAUL COUSTURIER
C. MARPON & E. FLAMMARION
ÉDITEURS
26 Rue RACINE, à PARIS
CONTES DU JOUR ET DE LA NUIT
Il a été tiré de cet ouvrage 50 exemplaires sur papier de Hollande, tous numérotés.
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OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
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DES VERS.
LA MAISON TELLIER.
MADEMOISELLE FIFI.
UNE VIE.
LES CONTES DE LA BÉCASSE.
CLAIR DE LUNE.
AU SOLEIL.
MISS HARRIETT.
LES SOEURS RONDOLI.
YVETTE.
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PARIS.--IMP. C. MARPON ET E. FLAMMARION, RUE RACINE, 26.
[Illustration]
GUY DE MAUPASSANT
CONTES DE JOUR ET DE LA NUIT
_Illustrations de P. Cousturier_
PARIS
C. MARPON ET E. FLAMMARION
ÉDITEURS
26, RUE RACINE, PRÈS L'ODÉON
Tous droits réservés.
[Illustration]
LE CRIME AU PÈRE BONIFACE
Ce jour-là le facteur Boniface, en sortant de la maison de poste, constata que sa tournée serait moins longue que de coutume, et il en ressentit une joie vive. Il était chargé de la campagne autour du bourg de Vireville, et, quand il revenait, le soir, de son long pas fatigué, il avait parfois plus de quarante kilomètres dans les jambes.
Donc la distribution serait vite faite; il pourrait même flâner un peu en route et rentrer chez lui vers trois heures de relevée. Quelle chance!
Il sortit du bourg par le chemin de Sennemare et commença sa besogne. On était en juin, dans le mois vert et fleuri, le vrai mois des plaines.
L'homme, vêtu de sa blouse bleue et coiffé d'un képi noir à galon rouge, traversait par des sentiers étroits les champs de colza, d'avoine ou de blé, enseveli jusqu'aux épaules dans les récoltes; et sa tête, passant au-dessus des épis, semblait flotter sur une mer calme et verdoyante qu'une brise légère faisait mollement onduler.
Il entrait dans les fermes par là barrière de bois plantée dans les talus qu'ombrageaient deux rangées de hêtres, et saluant par son nom le paysan: «Bonjour, maît' Chicot,» il lui tendait son journal _le Petit Normand_. Le fermier essuyait sa main à son fond de culotte, recevait la feuille de papier et la glissait dans sa poche pour la lire à son aise après le repas de midi. Le chien, logé dans un baril, au pied d'un pommier penchant, jappait avec fureur en tirant sur sa chaîne; et le piéton, sans se retourner, repartait de son allure militaire, en allongeant ses grandes jambes, le bras gauche sur sa sacoche, et le droit manoeuvrant sur sa canne qui marchait comme lui d'une façon continue et pressée.