Chapitre 4: Gouffre

724 34 36
                                    

" Tout n'était que souffrance, et moi j'allais bien. "

Tout était allé très vite et en l'espace d'un instant tout avait cessé. Ma vue s'était obscurcie ; prise de vertiges, je m'étais sentie faillir. J'avais tenté vainement de trouver un appui ; le sol s'effondrait sous mes pieds et je sombrais.

Je savais que je devais probablement nager en plein délire. Seulement, cette fois je n'étais pas seule. Cette perspective me rassura inimaginablement et je n'eus plus peur. Je poursuivis ma chute. Encore et encore. Sans percevoir le bout de ce gouffre infernal. J'avais la sensation d'avoir tout affronté. D'avoir d'ores et déjà affronté ces mêmes démons.

Leurs hurlements autour de moi ne m'effrayaient pas. Pire que cela, ils m'indifféraient. Tout n'était que confusion. Et moi j'allais bien.

D'autres cris fusaient également autour de moi mais mon décalage était tel que je ne parvenais même pas à les comprendre. On appelait "Charly". C'était peut-être moi.

Des mains me secouèrent. Des bras me soulevèrent. Des voix s'élevèrent. Je luttai, je ne voulais pas me réveiller, j'étais si bien, allongée je ne savais où.

Je constatai néanmoins avec éréthisme que l'on me déplaçait. Ne pouvait-on pas me laisser tranquille ? Des cris retentirent à nouveau.

Visiblement non.

Je finis par entrouvrir péniblement les paupières et des tâches m'apparurent progressivement.

Des personnes semblaient se presser autour de moi. Pourtant, aussi idiot que cela pouvait paraître je n'avais pas besoin d'aide. Je n'avais besoin de personne.

Je me tournai brusquement, les bousculant au passage.

Mais en me roulant je tombai de ce qui était apparemment un canapé.

Ma tête tomba en première sur le carrelage, j'imaginai un instant apercevoir ma tête brisée, comme un vase en faïence. Est-ce que c'était ma future bosse qui me faisait dire des choses aussi insensées ?

Cette fois-ci j'entendis des affolements autour de moi.

Quelqu'un me souleva à nouveau tandis qu'un autre me maintenait de force les paupières ouvertes, un autre se chargeait de me donner des claques. Je jurai mais n'ayant visiblement pas le choix, je m'exécutai de mauvaise grâce.

Au bout de quelques secondes, l'image s'allia au son et je distinguai correctement. Je réalisai que celui qui me donnait des claques n'était autre que Zak et lui lançai mollement un regard venimeux. Un attroupement était formé autour de moi.

Pour briser le silence qui planait, j'articulai d'une voix rocailleuse :

- Qu'est-ce que j'ai encore fait ?

Des murmures s'ensuivirent et ce fut Audrey qui m'expliqua doucement.

- Pour résumer, tu nous as fait une trouille pas possible. Tu as fait un malaise au moment de souffler tes bougies d'anniversaire.

- Qu'est-ce qui t'as pris de te jeter par terre comme tu l'as fait ? s'exclama Clara, d'une voix suraiguë.

- Elle ne s'est pas jetée par terre, elle est tombée, sois pas stupide, la rectifia Zak.

- Je suis désolée pour la frayeur que je vous ai fait. Je vous rassure, je me sens déjà beaucoup mieux, me voulus-je rassurante.

Sur ces bonnes paroles la fête recommença et les invités s'éloignèrent.
Audrey resta néanmoins à mes côtés et s'enquit inquiète de mon état.

Somehow, I would know ... [ ANCIENNE VERSION ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant