Il se figeait un instant les notes médicales en main, son esprit retournant dans le passé à la recherche de souvenirs douloureux.
- Je me souviendrai toujours comment cela a commencé. C'était dans l'avant poste de Raleigh au fort-frontière Kennedy. Je ne savait pas encore que l'haïtien avait pris procession de ton corps et de ton esprit pour que tu t'attaques à la place forte et que tu fasses échouer les négociations secrètes avec les membres des nations indiennes.
J'étais venu te voir après une mission, pensant passer un peu de temps avec toi. Mais la situation était tout autre sur place. C'était le branle-bas de combat, à première vue les forces du fort n'étaient pas suffisantes pour t'empêcher de nuire. Grave erreur de la part des organisateurs de la rencontre de ne pas avoir était assez clair-voyants quant à la sécurité des négociations.
Quand je t'ai retrouvé tu étais dans la salle du conseil en train de menacer les négociateurs avec une lance. A terre prêt de toi gisait le corps de trois gardes en uniforme d'apparat que tu avais abattu sans la moindre hésitation comme tous les autres qui avaient tenté de t'empêcher d'atteindre la salle et dont tu avais semé les cadavres le long d'une piste sanglante.
Je devais choisir. Si je ne t'avais pas arrêté des années de discutions et des dizaines ou peut-être des milliers de vies auraient été détruites suite aux terribles guerres que cela aurait déclenché.
Je n'avais jamais pris une décision si dure.
Lorsque je te vis pour la première fois dans la salle je ne te reconnu pas, tu étais de dos, presque nue, le corps et la tête peint en noir et par endroit des dessins tribaux de couleur rouge couvraient des parties de ton corps. Pour tout vêtement tu avais une épaisse ceinture qui aujourd'hui me fait plus penser à un guêpière de laquelle pendait des breloques et autres artefacts.
Tu étais méconnaissable avec ton visage peint, tes beaux cheveux blonds recouverts de peinture et de plumes, tes yeux révulsés, ta bouche déformée, ta voix grondante n'arrêtant pas de psalmodier des phrases incompréhensibles dans un mélange de français, d'espagnol et d'une langue d'Afrique. Tu offrais alors une vision de cauchemars. Et c'est là que je découvris la bombe qui te ceinturais le corps et je compris comment tu avais pu faire tant de dégâts.
J'étais là juste à temps pour t'arrêter et t'empêcher de faire sauter le fort. J'étais le dernier rempart entre toi et cette bombe, je n'aurais pas supporté que tu meurs à cet instant.
Mais comment faire pour arrêter la femme que j'aime et qui visiblement était sous l'emprise d'une puissante et diabolique possession. Tes cris, tes rires fou, les borborygmes qui sortaient de ta bouche emplissaient mon espace sonore, ton visage déformé et grotesque te rendait encore plus folle et effrayante que tout ce que j'avais vu jusqu'à présent.
C'est alors qu'un coup de feu claqua dans l'air, je vis le flash de l'explosion sur ma droite. C'était l'un des gardes à terre qui avait tiré dans un dernier élans de lucidité avant de s'effondrer. La balle te frappa à l'épaule. Ce qui me donna l'occasion de me jeter sur toi pour t'empêcher d'activer la bombe. Tout compte fait je ne savait plus très bien ce que j'avais réellement fait comme mouvements mais je t'avais mis à terre, je voyais ton sang s'écoulant de la blessure.
Et j'ai pu revoir tes yeux vert, j'ai pu revoir dans tes yeux l'Eléonore que je connaissait et que j'aimais et pas l'hideuse créature que tu étais devenu il y a quelques instants.
Mais ce n'était qu'un court répit, un leurre, la créature tirait sur ma corde sensible le temps de détourner mon attention.
Ta main était prête à appuyer sur le détonateur de la bombe que tu portais sur toi.
Mon entraînement et mes instincts ont repris le dessus sur les sentiments que j'avais pour toi afin de sauver les négociateurs quoi qu'il en coûtait.
Je devais rompre le charme qui te faisait faire tant de mal.
Tu prononças mon nom en me voyant, tu fermais les yeux. Je pleurais, et tu devins une coquille vide, dans le coma, respirante mais dont j'étais incapable de ramener à la vie malgré tous mes efforts.
La colère grondait en moi contre le salaud qui m'avait séparé de toi de cette manière. Je m'en voulais parce que j'étais incapable de protéger, de te sauver, impuissant face à ce qui c'est passé. Ton corps dans mes bras, j'étais entouré de dizaines de gardes qui nous visaient. Tu me fus enlevée sans ménagement, impuissant face aux armes et aux ordres qui m'étaient donnés.
C'est alors que je me suis promis de te sauver et de retrouver le salaud qui t'avais volé ton âme pour que tout redevienne en ordre.
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Contrecoups
Science FictionNotre héros, Olaf Waldo un chasseur de primes parmi tant d'autres, a vu sa fiancé se faire ensorceler par une Chimère des Haïtiens. Il mettra tout en œuvre pour la libérer. Plonger dans une aventure dans un XXIéme siècle qui s'est (presque) arrêté a...