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Le Mardi 27 Août au Tribunal de Bobigny...

En me levant ce matin là, j'avais une grosse boule au ventre. Un bain bien chaud, je m'habille simple, je me maquille vite fait histoire de cacher mon visage de mort, une casquette sur la tête & je sors.

Je rejoins Kahina sur la route, elle me rassure mais ça ne suffit pas. On marche jusqu'à la cité & les garçons nous attendaient. On monte en voiture, on arrive au tribunal à 14h00 & l'audience était à 15h30.
On attendait devant le tribunal comme des désespérés, les gens viennent & partent...

Je commençais à perdre patience & les larmes me montaient aux yeux quand je vois les parents de Yanis. Je me lève & sa mère me prend dans ses bras.

-Sa mère : Ça va ma belle? Ne pleure pas, il faut que tu lui montres que t'es courageuse, d'accord?

Je savais pas comment elle faisait pour être aussi forte! Peut-être qu'elle avait l'habitude des conneries de Yanis mais moi, j'étais pas habituée à ça.

L'heure tourne, les parents de Yanis discutent avec l'avocat & on commence à prendre place.

15 ou 20 minutes après...
Les policiers arrivent avec Yanis. Il était menotté, affaiblie, maigre...

J'écoutais pas du tout ce qu'ils disaient pendant l'audience, j'avais les yeux rivés sur lui, je voulais qu'il me regarde. Quand son regard a croisé le mien, c'était impossible de tenir. J'avais tellement de la peine que j'en pleurais.

Au moment du verdict, ils optent pour 4 mois d'emprisonnement. Les yeux pleines de larmes, je me lève & il me sort un «Je t'aime» que j'ai su lire sur ses lèvres.
J'avais envie de crier dans la salle, j'étais dégoûtée mais énervée.

Avec tout ce qui se passait, j'avais décidé de me battre pour rester avec lui.
Les potos étaient dégoûtés mais soulagés de sa peine.

On retourne à la cité en silence, je me pose quelques instants avec eux & rentre chez moi pour pouvoir pleurer.

[...]

Je vous dis franchement que j'ai mal vécu le premier mois sans lui. J'étais coupée du monde, je ne parlais à personne, je ne mangeais quasiment rien jusqu'au moment où je suis partie voir le courrier & en fouillant dedans, j'ai vu une lettre qui m'était destinée.

«Bonjour Sophia. J'espère que tu vas bien? Moi j'essaie de tenir mais c'est trop dur. J'ai reçu des lettres de Kahina qui me disaient qu'elle te voyait pas sortir, qu'elle avait pas de nouvelles de toi... Sors avec tes cousines, Kahina...
Amuse toi & fais comme si j'étais encore là. Pardonne moi pour tout le mal que je t'ai fait subir, je sais que c'est pas facile mais t'inquiète le temps passe vite. Pas pour moi mais j'ai tout ce qu'il faut dans ma cellule.
Je pense à toi tout le temps, w'Allah que tu me manques ma grosse!
J'espère que cette lettre t'a au moins redonné le sourire & pour moi stp Sophia, promets moi de ne pas rester tout le temps chez toi parce que quand je sortirai insha'Allah, je veux que tu sois en forme, pas que t'ai perdu 20 kilos que je te retrouve avec une forme d'anorexique.
Sur ce, moi je te fais de gros bisous. Tu me manques & essaie de faire une demande de parloir.

Ps : I love you.»

Ahh! Sur cette lettre, j'ai bien pleuré...

C'est vrai qu'il avait réussi à me donner le sourire. Le «Ps : I love You» de la fin m'avait mise K.O. On avait regardé ce film plusieurs fois ensemble & on kiffait.

Je cours vite dans ma chambre & je m'empresse de lui écrire.

«Salut Yanis. Comme on a pu te dire, je tiens pas la forme, j'arrive pas sans toi, je suis une pauvre fille amoureuse d'un taulard.
Je savais pas que Kahina t'écrivait & je suis un peu mal qu'elle l'ai fait avant moi. Je t'en veux de ne pas avoir fait attention. J'espère que tu regrettes & que à ta sortie, tu prendras un nouveau départ dans ta vie.
Ta lettre m'a fait plaisir & m'a remonté le moral. Je te promets que je prendrai l'air mais que de temps en temps. Je te fais également de gros bisous.

SOPHIA - Love d'un marocain.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant