5.La déclaration

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Je souris à l'homme qui conduisais à ma gauche. Je ne savais pas où il m'amenait. Il m'avait invitée pour la journée. "C'était une surprise", m'avait-il dit. Moi, je déteste les surprises. Que me préparait-il ?


On arriva devant une grande maison aux Almadies. Un portier ouvrit la porte et Ibrahim fit entrer la voiture. Lorsqu'il la gara, nous en sortîmes. La maison était immense. Cela m'impressionna. Chez qui étions-nous ?

Je portai un jean blanc et une chemise bleu ciel. Si j'avais su qu'il m'amenait ici, j'aurais sûrement choisi une tenue moins relax. Ibrahim quant à lui avait choisi un short marron et un tee-shirt beige. Il me conduisit dans le salon et m'y laissa seule. Assise sur un fauteuil, je n'osai me lever et inspecter la pièce. J'aurais sûrement compris par les photos où j'étais. Une femme d'une cinquantaine d'années entra.

- Bonjour me dit-elle.

Moi : Bonjour.

Je me levai et lui tendis la main. Elle la saisit.

La femme : Donc c'était vous la surprise ?

Je lui souris, très mal à l'aise.

La femme : Votre nom ?

Moi : Rabia Kane !

La femme : Enchantée !

Moi aussi : Enchantée !

La femme : Vous devez avoir quelque chose de bien spécial, vous.

Moi : Pardon.

Ibrahim arriva avec un homme qui devait avoir la soixantaine. Leur ressemblance était flagrante. Il était malgré son âge en pleine forme, très athlétique.

Ibrahim, sourire aux lèvres : Papa, je te présente Rabia. Rabia, je te présente mon père Lamine et je vois que je n'ai pas besoin de te présenter ma mère Astou.

Je souris, mais intérieurement j'étais chamboulée, furieuse. Ses parents ! Il m'avait amenée chez ses parents.

Le père d'Ibrahim : Enchanté !

Moi, en lui serrant la main qu'il m'avait tendue : Enchantée !

Nous nous installâmes dans les fauteuils, Ibrahim à mes côtés et ses parents dans les deux fauteuils qui nous faisaient face. Une employée de maison nous servit de la boisson et des amuse-bouches.

Le père d'Ibrahim : Alors Rabia, parlez-nous un peu de vous. Que faîtes - vous dans la vie?

Moi : Je suis assistante - comptable.

Nous passâmes ensemble une agréable journée. Les parents d'Ibrahim se montrèrent très accueillants et bienveillants. Je fis aussi bonne figure pour ne pas les heurter et les amener à se poser des questions sur moi. Mais dès que je me retrouvai dans la voiture, je me lançai.

Moi : Ibrahim, pourquoi m'as-tu amenée chez tes parents ? Tu m'as piégée.

Ibrahim : Je voulais juste te faire une surprise.

Il avait les yeux toujours rivés sur la route.

Moi : On ne présente pas ses parents par surprise.

Ibrahim : Pourquoi te fâches-tu ? Je pensais que tu serais ravie.

Moi : Tu devrais arrêter...

Sentant que j'allais dire un mot de trop, je me tus.

Ibrahim : Je devrais arrêter quoi ?

Je restai muette. Il reposa sa question et je gardai toujours le silence. Il se gara soudainement en bas de la route.

Ibrahim : Je devrais arrêter quoi ? C'est quoi le problème ? Je me sens bien avec toi et j'ai voulu te présenter officiellement à mes parents.

Moi : Le problème, c'est que je trouve que tu vas vite en besogne, mais surtout tu ne prends même pas la peine de me laisser placer un mot. As-tu pris la peine de me demander si je voulais être présentée à tes parents ?

Ibrahim : Je pensais que cela te ferait plaisir.

Moi : Tu devrais arrêter de penser à ma place.

Ibrahim : Je pensais bien faire. Je vois que je me suis trompé

Il avait parlé avec tristesse. Un lourd silence s'imposa dans la voiture. Me sentant honteuse, je descendis de la voiture. Je ne pouvais rester plus longtemps près de lui.

Je fis quelques pas loin de la voiture et hélai un taxi. Je marchandai le prix et le vis sortir à son tour de la voiture. Oh non ! Il se dirigea vers moi. J'ouvris la portière. Il m'attrapa par la main.

Ibrahim, d'une voix douce : Attends ! Je suis maladroit, mais ne m'en veux pas.

Moi : Je ne t'en veux pas. Je suis juste irritée.

Il me sourit, m'attira vers lui et me donna un baiser rapide.

Moi, m'impatientant : J'y vais.

J'entrai dans la voiture.

-Je t'aime !me lança-t-il.

La voiture démarra en trombe. Pendant tout le trajet, mes larmes coulèrent sans répit. Il m'aimait ! Oh non, il m'aimait ! Quand la voiture s'arrêta devant l'immeuble, j'essuyai mon visage avec un mouchoir, payai ma course et descendis. Je montai à l'appartement. Il était 19h et avec mes clés, j'ouvris la porte. Je traversai le couloir et me dirigeai vers le salon. Maty et El Hadj regardaient la télé.

- Bonsoir! Leur dis-je.

- Bonsoir! Me repondirent- ils.

Je devais avoir une tête d'enterrement, parce que dès qu'elle posa son regard sur moi, Maty se leva précipitamment.

Maty : Rabia, que t'arrive - t-il ?

Moi : Rien de grave! J'ai juste mal à la tête.

El Hadj racla sa gorge pour attirer l'attention sur lui. Je lui jetai un regard furtif et reposa mes yeux sur Maty.

Moi : Je vais me reposer un peu dans ma chambre et je reviens t'aider pour le dîner.

Maty : Vas-y je t'apporte un cachet.

Je me dirigeai vers ma chambre et me couchai sur mon lit. Les larmes remontèrent et je refusai de les laisser couler. Maty allait bientôt arriver et il ne fallait pas qu'elle me trouve en pleurs. Il m'aimait ! Ibrahim m'aimait ! Cette nouvelle me bouleversait. Cette nouvelle n'était pas la bienvenue. Je ne méritais pas cet amour. Je ne méritais l'amour de personne. On frappa à la porte. Maty entra .Elle me fit boire le cachet qu'elle m'avait apportée. Elle s'assit sur le lit.

Maty : Maintenant ma cocotte, tu vas me dire qui ta fait ce gros chagrin d'amour !

Le contrat (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant