Curieuse

TERMINAL 5

Je suis excitée comme une puce, aujourd'hui, c'est la rentrée. Cela fait une heure que je suis debout à courir à travers toute la maison pour m'occuper. J'ai déjà vérifié plusieurs fois mon sac ; histoire d'être sûre de n'avoir rien oublié.

J'ai tellement hâte de retourner au lycée ! Ça fait une semaine que je ne tiens plus en place. Pendant ces deux mois de vacances ; les cours m'ont manqués...Les gens aussi...Et surtout, tous les ragots que je peux récolter. D'ailleurs, mon amour pour les études m'a valu le surnom d'Hermione Granger, mais ce surnom ne me dérange pas, je suis une grande fan de la saga Harry Potter.

Les autres me trouvent quelque peu bizarre avec mes obsessions un peu décalée des leurs. Je ne suis pas le genre de fille à être populaire mais pas non plus celle dont on se moque. Personne n'ose se moquer de moi, car tout le monde sait qui je suis, et surtout, tout le monde connait ma curiosité maladive. Je sais tout, sur tout le monde, simple. Seulement, il y a certaines choses que je ne dis pas. Les secrets sont bien gardés, sauf, bien entendu, quand leur propriétaire me fait du tort. Là, je déballe tout, et ça pique. Les secrets des autres sont en quelque sorte pour moi une protection. Grace à ça, les gens me laissent être bizarre en paix.

J'entends ma mère m'appeler de la cuisine, c'est l'heure d'y aller. Aujourd'hui elle m'emmène en voiture au lycée. Elle ne travaille pas aujourd'hui, et c'est aussi par ce que c'est le premier jour de cours, mais dès demain, je redécouvre la joie des transports en communs bondés à sept heure du matin.

- J'arriiiiiive ! Je crie en sautant de mon lit.

Je descends les escaliers quatre à quatre, mon sac sur l'épaule, mon casque autour du coup et mon téléphone à la main. Je manque de tomber sur la dernière marche dans la précipitation.

Je mets dans la poche avant de mon sac une barre de biscuits qui traine sur la table du salon et mes clefs.

- Tu as encore mis cette vieillerie ?

Ma mère est exaspérée en voyant ma tenue. "Cette Vieillerie" comme elle dit, c'est ma salopette en jean. Je l'ai depuis ma cinquième et comme je n'ai pas grandit depuis, je la mets toujours. Elle est complètement décolorée, trouée par l'usure et recousue par endroits. Cette salopette que je ne quitte pas va de paire avec mes converse blanches...

Tandis que les autres filles se misti-frisent et claquent un argent fou dans des fringues pour le premier jours des cours, moi, je m'habille de façon...Normale. AU moins, je suis dans la constance. Chez moi, il n'y a pas de "chic" pour un jour, c'est "confortable" tous les jours. La seule chose ou je prends du temps pour ma tenue, c'est nettoyer mes lunettes, accessoire fard de ma panoplie de Madame-je-sais-tout ! C'est simple, sans lunettes, je suis une taupe, je ne peu rien faire.

Considérez mes lunettes comme un fauteuil roulant, et mes yeux comme un paraplégique et vous comprendrez alors pourquoi, sans lunettes, je ne suis capable de rien.

Sur tout le trajet, ma mère m'inflige les musiques complètement démodées qui passent en boucle à la radio.

Ma mère ne se gare pas devant le lycée, nan, elle se gare devant les portes du lycée. Je pense que si elle pouvait m'emmener directement devant ma salle de cours en me tenant la main; elle le ferait.

Je me dépêche de claquer une bise sur la joue de mon chauffeur et sors en quatrième vitesse de la voiture. Juste avant qu'elle ne me souhaite une bonne journée suivie d'un surnom ridicule, et tout ça, en criant, s'il vous plait, pour être sure que j'entende, et que le reste de l'établissement aussi.

Je monte les marches et passe les portes battantes. Je prends un temps pour souffler d'aise, cet endroit m'avait vraiment manqué. Ces murs tapissés d'affiches pour des clubs, associations ou évènements, ces casiers verts canard tous identiques parfois tagués, ce faux plafond où marchent un éclairage sur deux et encore....Sans oublier bien-sur ce lino horrible qui recouvre le sol. Accompagnez tous ça de la foule étudiante et du brouhaha incessant vous avez mon paradis.