Partie unique.

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Je voyais le temps filer entre mes doigts sans pouvoir rien y faire. Je le sentais s'envoler au loin, disparaître pour ne plus jamais revenir. Je me sentais soudain las, comme si je venais de prendre plusieurs années d'un seul coup. Je te voyais disparaître, comme se souffle, comme le temps. Je te regardais, de loin, me faisant un signe d'au revoir. Pourtant je, ne voulais pas. J'étais contre. Mais je ne pouvais rien changer. Certaines choses semblaient immuables. Les départs en faisaient partie. Hangeng. Kibum. Certaines choses semblaient immuables.


Je regardais le fond du verre d'alcool que venait de me servir Heechul. Même après toutes ses années à lui avoir répété que je ne toucherais pas à ce genre de boisson, il me servait toujours un verre. Habituellement, je résistais simplement. Mais depuis quelque temps, depuis que la date de mon départ se rapprochait, l'option de tout oublier dans un verre me semblait tentante. Quand on se rend compte que le temps file comme jamais, que les heures s'égrainent à vive allure, que les minutes disparaissent sans que l'on est le temps de faire quoi que ce soit, la douleur devient insupportable. La solitude. L'angoisse. La peur. Tout revient au galop. Tout réapparaît d'un coup.

Alors, on se retrouve comme assommait. On ne sait plus quoi faire. Les départs en faisaient partie. On ne sait plus rien. Quand je me suis retrouvé à l'appartement un matin, quand je me suis rendu compte que j'étais en vacances afin de profiter de quelques jours de repos, de détente, à revoir d'autres personnes avant mon enrôlement, j'ai comme été pris dans une embuscade.

Déjà ? Ça faisait si longtemps que je m'étais promis de lui dire ? Il s'était déjà écoulé tant d'années ? Tant de mois ? J'avais repoussé ça aussi longtemps ?

Je n'aurais jamais pensé être un froussard pareil. Ne pas être capable de dire ces quelques mots. Ne pas avoir le courage de le regarder dans les yeux. De lui annonçait ce que mon cœur garde pour lui depuis si longtemps. Tant d'années. De ne pas avoir pu lui dire que je l'aime. Que j'aime sa façon de rire. Ses blagues lourdes, mais qui nous font toujours sourire. Sa façon de toujours me chercher. De ne pas me laisser seul. D'être toujours là. Son pouvoir sur moi. Si fort. Ce lien qu'on a. Que je ne veux pas voir brisé. Pourtant, si je garde le silence, ce sera inéluctable. Impossible à éviter.


Je sortis de ma rêverie en entendant la porte d'entrée claquer. Heechul se trouvait toujours à mes côtés, mais il semblait absorbé par son téléphone. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Je ne lui en voulais en aucun cas, il faisait ce qu'il pouvait, mais comme beaucoup, il ne savait pas vraiment comment gérer mes moments sombres. Un seul savait. J'entendis des pas provenant de l'entrée, quelqu'un se déchausser avant d'enfiler rapidement ce qui devait être une paire de chaussons. Je tournais la tête vers ces sons, curieux de savoir qui pouvait bien rentrer aussi tôt.

Mon regard croisa le sien. Plus chocolat. Plus éclatant que le mien durant ces derniers jours. Il me sourit avant de froncer les sourcils. Mon regard se porta sur ce qu'il fixait avant de retourner vers lui.

Sans m'en rendre compte, le verre que mon Hyung m'avait servi se trouvait dans ma main. Je le reposai un peu trop précipitamment, renversant un peu de son contenu sur la table basse, avant de rapidement sécher mes mains sur mon jean et de me lever. Je levais alors mon regard vers lui et fus surpris de le voir si près de moi. Il me prit la main avant de nous entraîner vers la chambre.

Depuis que Sungmin s'est marié, nous avions chacun notre chambre dans le nouvel appartement. Certes, cela avait un côté beaucoup plus pratique et paisible, mais de ne plus entendre Donghae parler le soir, de ne plus pouvoir me tourner vers lui et tendre la main pour le toucher, me manquer.


Il referma doucement la porte avant de me faire asseoir sur le lit, se plaçant en face de moi, toujours aussi proche. Je l'entendis soupirer avant d'oser relever les yeux vers lui. Mon cœur semblait ne plus vouloir arrêter sa course folle, comme chaque fois qu'il m'approche. Je le vis me fixer. Son regard sur moi. Comme s'il me sondait. Sans que je ne m'en rendre vraiment compte, je me suis perdu dans son regard. Encore une fois.

Un de ses mouvements me fit sursauter. Il approcha sa main de ma joue, avant de la poser doucement. Je ne bougeais plus, comme statufié. Intérieurement, je paniquais. Mais pour ne pas plus le blesser, je me laissais faire. Il plaça ma tête dans le creux de son cou, son nez que je sentais dans mes cheveux semblait comme respirer mon odeur. Il se mit alors à me bercer comme un enfant, fredonnant doucement, comme pour ne pas m'effrayer. Je fermais alors les yeux, me sentant me détendre et me calmer au son de sa voix.


Il s'avait sans que je n'ai besoin de lui dire combien le service militaire m'angoisser. Même s'il n'en connaissait pas la cause. Certes, la peur de l'abandon des fans, ne plus être sur scène, ne plus être constamment entouré par les membres du groupe en faisait partie, mais rien n'égale son absence. Je tentais, d'en un moment de désespoir, de faire passer tous mes sentiments dans notre étreinte. De lui souffler tout mon amour à travers mes lèvres contre son cou. Ses caresses sur mon dos cessèrent doucement. Il me fit délicatement reculer, me délogeant de ma cachette, pour ensuite appuyer son front contre le mien. Il m'appela silencieusement, mimant mon prénom entre ses lèvres que je ne pouvais m'empêcher de fixer. Il accrocha nos regards, créant un fol espoir au fond de moi, faisant redoubler de vitesse les battements déjà précipités de mon cœur. Il me fit un de ses sourires les plus doux, avant de me souffler ces quelques mots, comme un secret.


- Saranghae, Hyukjae.


Rien n'est immuable | EunHaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant