Chapitre 3

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« Encore une journée de merde. »

Vérité véridique


J'attendais depuis environ cinq minutes lorsqu'une voiture s'arrêta sur l'emplacement du bus. C'était la voiture de Mathys. Il baissa la vitre, esquissant un sourire forcé.

—Monte.

J'opinai lentement de la tête puis me glissai dans l'habitacle. Je claquai la porte un peu trop fort. Il fronça les sourcils mais ne fit pas de commentaires. J'avais envie de le frapper. À la place, je croisai les bras et regardai par la fenêtre, crispée.

Je ne comprenais toujours pas. C'était quoi l'histoire avec ce type ? Où était-il passé pendant la journée ? Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui se passait ici nom de Dieu ? Une fois sorti des routes secondaires, Mathys accéléra. Je me crispai encore un peu plus, serrant l'accoudoir au point que je crus entendre un craquement. Mathys leva un peu le pied.

—Ça ne va pas ? demanda-t-il. Tu veux que je ralentisse ?

Je fouillai dans la boîte à gants sans lui répondre. Il savait bien que oui. D'ailleurs, il n'allait pas si vite d'habitude, surtout lorsque j'étais dans la voiture. Il savait que ça me faisait peur.

—Qu'est-ce que tu cherches ? ré-attaqua-t-il après une dizaine de secondes.

Il n'y avait bien sûr pas d'aspirine dans cette saleté de boîte à gants ! Je renversai la tête contre le dossier du siège.

—Où étais-tu ?

Mathys soupira.

—Je suis désolé d'avoir séché. Mes parents ne trouvaient plus la clé de chez moi, alors j'ai dû rentrer et...

—Tu mens. Je t'ai vu avec cet homme devant les grilles de l'école, le coupai-je froidement.

Il avait essayé de me mentir. Sciemment. Ça faisait mal, venu d'un ami comme lui.

Mathys me regarda aussi longtemps qu'il le pouvait sans nous amener dans le fossé, j'affrontai son regard sans ciller. Il se concentra à nouveau sur la route, les dents serrées à l'extrême. Il ne voulait pas parler ? Très bien. On pouvait être deux à jouer à ce jeu. Je regardai par la fenêtre en lui tournant le plus possible le dos. Le paysage n'avait rien de très particulier, surtout ici, en pleine campagne. Il n'y avait que des champs et quelques maisons par-ci par-là.

—Tu as dépassé la rue pour aller au club, grommelai-je.

En plus de me taper sur les nerfs, c'était un mauvais chauffeur ! Comme il ne répondait toujours pas, je pivotai vers lui.

—Hé ho ! Tu as raté la rue ! On va chez moi, là !

—C'est le but, finit-il par dire sans lâcher la route des yeux.

—Pardon ? Fais demi-tour ! Maintenant !

Il secoua la tête.

—Non.

—Et pourquoi ?

Je croisai les bras. Il soupira de nouveau, puis me jeta un coup d'œil.

—Ta couverture est compromise, marmonna-t-il.

Je levais un sourcil. J'avais mal entendu.

—Quoi ?

Ses jointures devinrent blanches tant il serrait le volant. J'attendis dans le silence qu'il veuille bien éclairer ma lanterne... Jusqu'à ce que ça me frappe. Son inquiétude. La pâleur de son visage. Je posai doucement la main sur son bras.

Chasseuse de l'ombre     Vox AngeliOù les histoires vivent. Découvrez maintenant