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Notre petit groupe se connaît depuis des années, pour
certains depuis la maternelle. Même si nous n'étions
pas toujours dans les mêmes classes, nous ne nous
sommes jamais perdus. Cette année - la dernière au
lycée -, nous sommes enfin tous réunis. J'en rêvais à
chaque rentrée, et c'est arrivé in extremis, avant que
tout le monde ne prenne des directions différentes.
Je savoure cette chance tous les jours. J'aime être au
milieu de mes amis. J'aime l'idée d'avoir rendez-vous
avec eux, d'avoir des choses à faire ensemble. Je les
considère comme ma deuxième famille. Je ne sais pas
s'ils éprouvent le même sentiment parce que personne
ne parle de ces choses-là, mais moi je sais que je les
aime, et que c'est d'abord pour les retrouver que je
suis heureuse de partir en cours chaque matin.
Je ne me souviens plus exactement comment nous avons
pris l'habitude de nous sortir de nos galères ensemble.
À quel moment avons-nous compris que cela mar-
chair mieux ? Je crois que la première fois, c'était en
CM1, lorsque Léa s'est fait voler sa trousse pendant
la récréation par une petite brute de 6e. Elle pleurait si
douloureusement que j'avais juré d'aller la reprendre
par la force s'il le fallait. J'étais tellement furieuse que
ni la taille du voleur,ni le fait qu'il soit deux classes
au-dessus ne m'impressionnaient. En me voyant partir
comme on part à la guerre, Axel, qui était déjà plus
grand que nous, m'avait rattrapée.
- Camille, tu n'y vas pas toute seule. Je viens
avec toi.
C'était la première fois qu'il m'appelait par mon
prénom. C'est drôle, mais quand ont est gamin,on ne
s'appelle jamais en utilisant les prénoms. On s'en sert
uniquement pour désigner ceux qui ne sont pas là.

Et soudain tout changeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant