Chapitre 3

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Elle distingue sa maison à quelques mètres de là...elle est fatiguée, elle veut se reposer. Après, elle devra attaquer ses nombreux devoirs...

Elle ouvre la porte d'entrée, dépose son sac à côté de celle ci. Elle entend des bruits provenant du salon. Des ricanements. Elle s'approche doucement et regarde quelle est la source d'agitation.

Son frère. Toujours lui. Il a invité une dizaine d'amis à la maison !

Cinq filles, cinq garçons. Il y a Antoine, Ben, Thomas, Alicia et toute sa bande...

Dès qu'il la voient, ils stoppent leur conversations.

-Julien...elle bégaye.

-Quoi ?

Elle secoue la tête lentement, elle est surprise par cet attroupement en plein milieu du salon.

-Papa et maman ne sont pas...rentrés ?

Il sourit et rétorque :

-Non, ils sortent ce soir. J'ai commandé des pizzas et j'ai invité des potes !

Ben se met à siffler.

-Ouais! on va faire la fiesta ce soir !

-Ça te dérange pas ?demande Julien.

Elle ne sait pas quoi dire. Tout le monde l'observe, elle sent les regards braqués sur elle.

Elle veut partir, monter dans sa chambre ! Mais elle ne peut pas, avant, elle doit lui répondre. Elle inspire un grand coup d'air frais.

-Non.

-Très bien, dit-il du tac au tac.

Elle enregistre dans son cerveau les images qu'elle vient de voir.

Son frère et ses amis regroupés sur le tapis, tous assis en rond. Le visage de chaque personne, en partie celui d'Antoine. Surtout celui-ci.

Elle repousse une mèche derrière son oreille et grimpe les marches quatre à quatre. En bas, le brouhaha reprend. Elle se rut dans sa chambre, ouvre divers tiroirs de son bureau avant de dénicher une feuille. Elle la dépose sur le bureau, attrape un crayon. Elle s'assoie sur sa chaise et commence à esquisser des traits sur le papier. Elle trace de longues lignes dans tout les sens, observe ce que cela peux donner. Elle gomme et refait la totalité.

Elle essaye de se souvenir.

Les portables entassés au milieu, oui, elle avait oublié.

Elle dessine ses souvenirs, en l'occurrence, Julien et ses amis.

Elle aime dessiner, elle peut garder en mémoire ce qu'elle a vu quand elle regarde ses œuvres.

Une heure plus tard, elle donne des couleurs à son dessin. Il est réussi, très réussi comparé aux autres.

Il doit y avoir une centaine de feuilles auxquelles Leila a donné vie, qui gisent sous son lit. A l'abri des gens.

Quand elle a fini pour de bon, elle a le ventre qui crie famine. Il doit être huit ou neuf heures.

Quand soudain elle entend des cris provenant du salon. Des acclamations.

Elle ouvre sa porte doucement, pour ne pas la faire grincer et elle s'approche de l'escalier. Elle descend les marches lentement et s'arrête quand elle arrive à la dernière.

Elle jette un coup d'œil dans le salon.

Julien est à l'envers et il marche sur les mains.

-Allez Juju ! lui crie Alicia.

Malgré son visage crispé et sa sueur qui perle sur son front, il esquisse un sourire.

Leila n'a pas très faim.

Elle peut se passer de repas.

Car elle ne veut pas passer devant eux.

Elle allait remonter, quand quelqu'un l'attrape par la manche...

-Il est doué ton frère !

Leila se retourne et distingue Antoine qui se dresse devant elle. Elle cligne des yeux plusieurs fois avant de répondre.

-Heu...oui.

Il ricane et se passe la main dans les cheveux.

-Pourquoi tu viens pas avec nous ?

Leila ne trouve pas les mots pour parler. Elle se trouve inférieure par rapport à lui, elle se sent vulnérable.

Antoine attend qu'elle lui réponde mais sa question se perd dans un silence embarrassant. Il se frotte les mains, se racle la gorge. Elle ne réagit pas.

Les yeux de Leila regardent loin devant, comme si quelque chose allait surgir au delà des murs.

Leila se perd dans ses pensées, oubliant presque qu'Antoine est à ses côtés.

Ils ne disent rien.

Ils observent.

La porte s'ouvre à la volée.

Leila ne s'y était pas préparé.

Car oui, ses parents sont rentrés.

Apparemment, ils n'étaient pas au courant que Julien avait invité des amis.

-Que se passe-t-il ici ? questionne John, le père des deux jumeaux, la voix rauque.

Tous le monde se tourne vers Julien et celui-ci se met à sourire bêtement.

Antoine regarde Leila et soupire.

-Il faut que je rentre. Julien nous avait dit que ses parents était d'accord... marmonne Antoine.

-Mmm...

Il se dirige vers la porte d'entrée sans se soucier des deux adultes qui hurlent dans toute la pièce.

Juste avant de s'enfoncer dans la nuit, il pointe Leila du doigt et lui dit :

-T'es pas marrante toi ! Tu dis jamais rien !

Leila sent son cœur fondre de l'intérieur. Elle rougit, se plaque les mains sur le visage. Elle s'adosse au mur, essaye de respirer calmement. Quelques minutes plus tard, il lui semble que plus personne ne l'observe, elle en profite pour se ruer dans sa chambre et verrouille la porte.

Leïla & JulienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant