I. La Radio.

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Julie était assise côté passager. Elle admirait, distraite, les arbres défiler sous ses yeux.
Billy, son petit ami conduisait nerveusement. Ils ne se regardaient pas. L'atmosphère était froide et tendue.
"Tu m'en veux encore ?" demanda t-il d'un ton grave.
Elle ne répondit pas. Son visage, crispé, ne laissait paraître aucune émotion.
"Julie...Je..."
"Tu es désolé. Je sais." le coupa t-elle froidement.
Elle se souvenait parfaitement de leur première rencontre, aussi bête soit-elle.  C'était il y a quelques années déjà...  Deux ou trois ans, sans doute.

Ce jour là, malgré la froideur de l'hiver, il faisait beau à Lane Station. Elle avait même prévue de faire un saut  à Londres, pour visiter ses parents ! Julie sortait peu, elle n'aimait pas la foule et préférait les soirées au coin du feu, munie d'un "Harry Poter" ou d'un "Seigneur des anneaux". Pourtant, ce jour là, elle avait envie d'une longue balade dans un parc, pour se ressourcer. Ce qu'elle fît.
Au bout d'une trentaine de minutes, elle s'était assise sur un banc, seule. Elle avait enlevé ses gants blancs, sortit "Harry Poter et la coupe de feu" et avait commencé le livre, qu'elle avait pourtant lu une bonne quinzaine de fois, déjà. C'est alors qu'un inconnu s'était assis près d'elle et avait lancé: "Bon choix !" en lui tendant son gant, qui était tombé sur le sol gelé. Julie l'avait remercié en balbutiant: "Oh... Merci. Je... Je les ai achetés sur un marcher." Le jeune homme avait froncé les sourcils, et au bout de quelques minutes, s'était exclamé: "Je parlais du livre !"
C'est alors qu'ils s'étaient tout deux regardés, yeux dans les yeux, et avaient littéralement explosé de rire. Cet homme grand, brun, drôle, cet homme qui avait ramassé son gant blanc, c'était Billy.

Elle serra les points, la colère montait en elle. Un long silence s'installa entre les deux amants. La tension était palpable... La dispute éclaterai. Bientôt, mais pas maintenant.

Julie alluma la radio. Billy tourna la tête furtivement vers elle, inquiet. Il attentait qu'elle parle. Elle pouvait lui faire une scène, l'insulter, lui cracher au visage, peu importe, mais il fallait qu'elle brise ce silence insoutenable ! La jeune femme tourna le gros bouton rond de la radio, afin d'augmenter le volume sonore.
Une petite musique pressante retentit, puis, le son d'une voix masculine se fit entendre.
"Vous êtes bien sur Mcinfo, LA chaine de diffusion d'informations en continue !" Julie aimait la voix des journalistes. Ceux-ci transformaient les simples faits divers en contes d'aventures passionnants, et ça rien qu'avec le ton surprenant et mystérieux  de leur voix, qui vous fait sortir de votre plus profonde torpeur.
"Aux dernières nouvelles, le tueur en série n'a toujours pas était identifié. Cependant, deux nouvelles victimes ont étaient retrouvées égorgées sur la national ce samedi. Rappelons que l'homme a déjà agi 3 fois en une semaine: Lundi entre 20 et 21h, Jeudi vers 19h et Vendredi aux alentours de 22h. Nos informations concernant l'individu sont minces: Il mesure environ 1m75, est âgé de 20 à 30 ans et porte des baskets..."
Billy venait d'éteindre brusquement la radio. Julie se sentait à l'étroit à présent... Elle avait du mal à respirer, l'air lui manquait... Elle se sentait oppressée.
Elle tourna légèrement la tête vers son conducteur. La description... 1m75, entre 20 et 30 ans, des baskets... He! Mais il avait éteint la radio avant qu'elle ne puisse entendre la suite ! Elle baissa ses yeux bleus suspects sur les baskets nike de son petit ami. Blanches, ses baskets étaient blanches. Elle posa son regard perdu sur la radio poussiéreuse, qui indiquait en grosses lettres rouges "Samedi 25 Juillet. 19h17."
D'une voix tremblante elle demanda: "Pou... Pourquoi tu n'es pas venu hier soir ?"
"Ah parce que tu veux qu'on en parle maintenant ?" s'emporta Billy
"J'ai attendu toute seule, sous la pluie, pendant 2h..."
"Je t'ai dit que j'étais désolé, ça te suffit pas ?" hurla t-il "Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour..."

BAM. Un bruit assourdissant de metal se fit entendre. S'en suivit un son aigu et strident de pneus qui dérapent. Puis, plus rien. Le noir. Le silence. La douleur. Le néant. Les secondes qui s'écoulèrent étaient infinissables...

Me Tueras-tu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant