Chapitre 1 : « Retour au point de départ. »

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- On arrive bientôt ?

- Oui , Huang , tiens toi tranquille.


Ça faisait bientôt 1 heure qu'il était assit là , dans la petite voiture blanche de son père , ses écouteurs à moitié usés dans les oreilles avec la musique à fond. Il attendait patiemment d'être arrivé à Yokohama , mais en vérité , il était un peu anxieux. Qu'est ce qu'il allait trouver là-bas ? Est-ce que ça allait bien se passer ? Et puis... Est-ce que Daiki y était encore ?
Ça faisait maintenant 5 ans qu'il n'avait plus de nouvelles , et pourtant il n'avait jamais cessé de penser à lui.
Il était son meilleur ami , son confident , un peu plus qu'un frère , mais un peu moins qu'un petit-ami.
Ils se connaissaient depuis... Bien trop longtemps. Huang n'avait que 3 ans et Daiki 6 quand ils se sont rencontrés.
Le plus grand était toujours derrière lui à rattraper ses conneries , ou à l'encourager... Comme un frère le ferait.
Mais il était aussi souvent dans son lit , occupé à l'embrasser ou à le câliner... Comme un amant le ferait.


Le jeune garçon leva ses yeux dorés vers la vitre de la voiture en observant le paysage.
Rien n'avait changé. Toujours les mêmes trottoirs abîmés par le temps et par les pas de chaussures des gros hommes d'affaires , avec leurs pompes en cuirs bien cirées , qui venait chercher un coin de campagne reculé de la ville pour y être bien tranquille avec leur petite famille. Mais de toute façon ce genre de personne ne restait jamais longtemps. La pollution et le grouillement de la foule devait leur manquer , ou peut-être que c'était les gosses qui les faisaient fuir ? Trop rebelles ? Trop mal éduqués ? Trop violents ? Sûrement. Ici , la vie n'était pas toute rose. Pas de grands magasins , ni de grands airs de jeux , seulement le gazon et la boue fraîches pour s'amuser et ça suffisait. Ils s'estimaient déjà heureux d'avoir à manger pour le soir , alors personne ne se plaignaient.
Les maisons étaient vêtues d'une belle peinture jaune , parfois un peu écaillée.

La voiture s'arrêta.
Les voilà arrivés dans la rue où tout a commencé.
Huang tourna son regard vif vers le son qu'il venait d'entendre.
Un...Chien.
Il le fixa , mais celui-ci ne daigna pas s'arrêter d'aboyer , alors il lui tira la langue , comme un gosse.
Il se surprit à sourire en repensant à Daiki... Quand ils étaient enfants , ils avaient voulu rentrer dans la maison des voisins pour voler quelques trucs sans grand intérêt , mais à la sortie , le chien les avaient poursuivit en aboyant comme un dingue , et là , ils avaient détallés en 4ème vitesse. Daiki avait fait la courte échelle à Huang pour qu'il passe de l'autre côté du mur de pierre , et Daiki s'était retrouvé avec un bout de pantalon en moins , déchiré à cause du chien , puis une fois rentrer ils s'étaient mit à rire de leurs conneries , se faisant des tas de promesses que les gosses se font quand ils sont heureux.

Le jeune chinois sortit de la voiture et retira ses écouteurs.
La maison de Daiki n'était plus du tout la même , et il avait même eut du mal à la reconnaître.
Il prit son courage à deux mains et frappa à la porte dans l'espoir d'y voir à nouveau son ami d'enfance.

La grande porte blanche s'ouvrit doucement , sans aucun bruit , et un homme d'une 30aine d'années lui sourit.


- Bonjour , je peux faire quelque chose pour toi ?


- Je... Je me suis trompé de maison , pardon.


Merde... C'était pas Daiki , mais alors pas du tout.

Il remonta dans la voiture , le visage sans expression.
Son père se tourna vers lui et demanda :


- Alors ?


- ... Il est pas là. On peux y aller maintenant.


- D'accord... En route pour voir ta nouvelle maison !


Huang avait maintenant 19 ans , et il allait emménager dans un petit appartement , un peu plus proche de la ville , et accessoirement de son université.
Pendant le trajet , il fixa son téléphone bêtement , comme si il s'attendait à un message de lui , mais rien , toujours rien.
Et puis , c'est vrai quoi , il avait son numéro , pourquoi il ne lui envoyait pas un message ?
Aucun des deux n'osaient.

Une fois arrivé devant son appartement , Huang sortit de la voiture. Il embrassa la joue de son père et prit sa grosse valise à roulettes noire à la main et rentra dans le bâtiment.
Ca puait... Enfin , pour Huang , c'était une odeur désagréable de produits chimiques aromatisés à l'orange , berk.
Tout était nickel. Pas de tâches , ni de peinture abîmée , ni de trous dans les murs , tout avait l'air parfait.
Le chinois prit l'ascenseur et monta jusqu'aux 3ème étage.
Putain... Encore cette odeur de produit dégueulasse.

Il rentra la clé dans la serrure et ouvrit la porte magnifiquement teintée de bois.
L'appartement était somptueux. Les murs étaient de couleur crème , et le mobilier était déjà installé.
Le père de Huang avait tout prévu pour son fils , et avait fait parvenir les meubles en avance.
Le garçon sourit grandement et se vautra sur le canapé gris et incroyablement moelleux avant de saisir son téléphone.
Il prit son courage à deux mains et envoya un message à Daiki.


- "Je suis de retour à Yokohama , passe me voir quand tu veux , trou du cul de Japonais !"


Il serra doucement son mobile contre son torse , le coeur battant déjà à mille à l'heure.
Depuis toujours , ils adoraient s'insulter et se moquer de leurs tailles , ou de leurs origines.
Huang était un petit chinois qui faisait maintenant 1m60 , et Daiki , lui , avait toujours été beaucoup plus grand que lui... Foutu Japonais.


La pièce était lumineuse et vaste , mais terriblement morte de vie.
Il manquait la présence de quelqu'un... Quelqu'un comme Daiki.
Un espèce d'abruti qui ne ferait que rire fort et passerait son temps à crier des jurons.
Mais c'était vide , sans vie.

Soudain , le petit chinois sentit son téléphone vibrer.
Un message...
Il s'empressa de le regarder , les mains tremblantes.

- "Rendez-vous où tu sais , sale chintok."


C'était Daiki...

« Ferme-là et prends ma main. » [Yaoi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant