LE CAPITAINE PAUL ***
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Alexandre Dumas
LE CAPITAINE PAUL
(1838)
Table des matières
Préface Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Chapitre IX Chapitre X Chapitre XI Chapitre XII Chapitre XIII Chapitre XIV Chapitre XV Chapitre XVI Chapitre XVII Chapitre XVIII Épilogue
Préface _Habent sua fata libelli._
J'avais déjà écrit cet hémistiche, chers lecteurs, et j'allais inscrire au-dessous le nom d'Horace, lorsque je me demandai deux choses: si je me rappelais le commencement du vers et si ce vers était bien du poète de Venusium.
Chercher dans les cinq ou six mille vers d'Horace, c'était bien long, et je n'ai pas de temps à perdre.
Cependant, je tenais beaucoup à cet hémistiche, qui s'applique merveilleusement au livre que vous allez lire.
Que faire?
Écrire à Méry.
Méry, vous le savez, c'est Homère, c'est Eschyle, c'est Virgile, c'est Horace, c'est l'antiquité incarnée dans un moderne.
Méry sait le grec comme Démosthène, et le latin comme Cicéron.
J'écrivis donc:
«Cher Méry,
«Est-ce bien d'Horace, cet hémistiche:
_«Habent sua fata libelli?_
«Vous rappelez-vous le commencement du vers?
«À vous de coeur.
«Alex. Dumas.»
Je reçus poste pour poste la réponse suivante:
«Mon cher Dumas,
«L'hémistiche _Habent sua fata libelli_ est attribué à Horace, mais à tort.
«Voici le vers complet:
«_Pro captu lectoris, habent sua fata libelli._
«Il est du grammairien Terentianus Maurus. Le premier hémistiche: _Pro captu lectoris_, n'est pas de très bonne latinité. Selon le goût, selon le choix, selon l'esprit du lecteur, les écrits ont leur destin.
«Je n'aime pas le _pro captu_, qu'on ne trouverait chez aucun bon classique.
«Tout à vous de coeur, mon bien cher frère.
«Méry.»
Voilà une réponse, j'espère, comme je les aime et comme vous les aimez, courte et catégorique, où chaque mot dit ce qu'il a à dire et répond à la question faite.
Le vers n'était donc pas d'Horace.
J'avais donc bien fait de ne pas le signer du nom de l'ami de Mécène.
Le premier hémistiche était mauvais.
J'avais donc bien fait de l'oublier.
Mais je m'étais rappelé le second, et cela, à propos du _Capitaine Paul_, dont on préparait une nouvelle édition.
En effet, si un hémistiche a jamais été fait pour un livre, c'est l'hémistiche de Terentianus Maurus pour le livre qui nous occupe.
Laissez-moi, chers lecteurs, vous raconter, non pas l'histoire de ce livre -- son histoire est l'histoire de tous les livres -- mais sa genèse: ce qui lui est arrivé avant qu'il vît le jour; ses infortunes avant qu'il fût; ses transformations tandis qu'il était encore dans les limbes de l'existence.