Chapitre 1 : Une plume sur un nuage

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Chapitre 1 : Une plume sur un nuage.

Il n'y a rien que le noir autour de moi. Je n'arrive plus à savoir si j'ai les yeux ouvert ou fermés. Mais qu'importe finalement ? Je me sens bien et c'est tout ce qui m'importe pour l'instant.

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Je me sens léger et je flotte comme sur un nuage. Oui c'est ça, je suis une plume sur un nuage de coton. Le coton c'est doux et fort en même temps. Je ne passe pas au travers, le nuage supporte mon poids. Et puis je me rappel que je suis une plume, alors c'est normal.

Je souris, mais je n'en suis pas sûr, je ne sens pas mon corps. Je me rend compte que je ne peux pas bouger. La panique me submerge, j'essaie d'ouvrir les yeux, mais c'est comme si je n'avais pas de corps. Je ne sens rien. Rien du tout.

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Alors j'attend. J'attend pendant ce qui me semble être une éternité. Puis je me souviens que je suis une plume et la sérénité revient. Cette douce chaleur que je ressens seulement parce qu'elle n'était plus là reprend sa place. Le nuage revient.

J'oscille entre ses deux états tellement de fois que au bout d'un moment, lorsque le nuage revient, je ne veux plus. Je ne veux plus être une plume. L'idée que je puisse être quelque chose de plus intéressant me tiraille douloureusement. Le néant c'est bien, mais il n'y a rien. J'ai le sentiment que ce n'est pas ça. Ce n'est pas ce que je suis. Je ne suis pas une plume.

Mais je suis si bien. Alors je fais comme si de rien était et continue à croire que je suis une plume sur un nuage qui flotte dans le néant.

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Je finis par oublier. Et je redeviens plume.

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Des pensées filent devant moi comme des étoiles filantes. Je fais semblant de ne pas les voir. Mais elles se font de plus en plus bruyantes. C'est un brouahah lointain, comme si ma tête était sous l'eau. C'est très désagréable.

Le nuage s'enfuit et je me sens chuté. J'attend le moment fatidique. Mais je continue de tomber sans jamais rencontrer de sol. Puis je me souviens que je suis une plume, je flotte, c'est normal.

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Le brouhaha est partit, mais le nuage ne revient pas. Je continue de tomber. De tomber ? Les plumes flottent. Ça ne doit pas être ça. Je me concentre. Je me concentre et j'y arrive. Un courant électrique m'a parcouru. J'arrive à sentir mon doigt. Mon doigt puis ma main, puis mon bras, puis mon épaule, mon cou. Je ressens à nouveau mon corps. Je ne suis donc pas une plume. J'ai un pincement au coeur.

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Depuis cet instant, le nuage n'est plus jamais revenu. Tout ce que je peux sentir, c'est mon corps et ça me conviens comme ça. Je peux me sentir sourire. Et c'est d'ailleurs le seul mouvement dont je suis capable. Le reste ne répond pas. Ou plutôt je ne sais pas comment le contrôler.

Lorsque je souris, le brouhaha revient. Il dure parfois tellement longtemps que je finis par ne plus l'entendre. Ce n'est que lorsqu'il s'arrête que je me rend compte qu'il était encore là.

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La plume et le nuage disparu, mes sensations revenu, d'étranges choses se produisent en moi. Mon coeur bat plus vite et ma gorge se resserre douloureusement. Je crois qu'on appel cela de l'angoisse. Ou est-ce de la tristesse ? Peut-être les deux, qui sait ?

Cela ne dure pas. Je finis par oublier.

**

23 septembre 20...

Je souris. Parce que le nuage n'est plus très loin. Je le sens s'approcher. Mais aussitôt mon sourire disparu que le nuage s'évapore. Le brouahah recommence.

J'ai chaud tout d'un coup et des picotements me démange sous les aisselles. Je devine que je suis entrain de transpirer. Je ressens de plus en plus de choses. Ce que je me sens bizarre. La colère. Oui, je suis en colère. Ou est-ce de l'agacement ? Je ne sais pas.

Le brouhaha est de plus en plus fort, de plus en plus net. Comme si je sortais la tête de sous l'eau.

« A... Si tu m'entends... » est tout ce que j'ai pu entendre.

Qui est "A" ? Est-ce qu'il me parle à moi ? Si je l'entend quoi ? Qu'est-ce que cette voix a voulu dire ? Je devine que c'est de la curiosité que je ressens. Je souris encore une fois, je veux lui dire que je l'entend, mais j'ai oublié comment faire.

Je sens quelque chose me serrer la main. Comment ai-je fais pour ne pas le sentir jusqu'à présent ? Cette main tient la mienne depuis le début. Enfin je crois... Je ne suis sûr de rien.

« An... J'aimerais tant que tu... »

"An" ? Est-ce que je m'appel comme ça ? J'essaie de serrer sa main dans la mienne, je veux que la voix continue de me parler. Elle a quelque chose de rassurant qui m'est familier.

« And... Tu m'entends ? »

Bip. Bip. Bip.

Je n'avais jamais entendu ce bruit avant, pourtant sa régularité m'appaise. Je m'appel "And"... Andrew ! Ce nom me fait l'effet d'un électrochoc. Oui c'est ça, je m'appel Andrew.

Je m'appel Andrew et...

Josh est mort à cause de moi.

Bip bip. Bip bip. Bipbipbip.

**

Je me réveille en sursaut en aspirant une grande goulée d'air, comme si mes poumons en avaient été privés depuis une éternité.
« Il s'est réveillé, entend-je hurler la voix à côté de moi. »

Les yeux grand ouvert, je me rend vite compte que je suis sur un lit d'hôpital. Je regarde rapidement autour de moi, affolé, les yeux exorbités.

Bip bip bip. Bip bip bip.

Mon coeur bas à tout rompre. Une fois que j'ai pris conscience de où je suis et qui je suis, une vague de souvenirs me submerge, menaçant de me noyer parmis eux. Je sens que chaque chose retrouve sa place. Ma conscience vole en éclat, et le trou anesthésié de mon coeur s'écarte douloureusement.

L'air me manque et je me met à trembler, la bruxomanie me gagne, mon sang se glace.

« Il fait une crise d'angoisse, s'époumone encore une fois la voix. »

Tremblements. Douleur. Josh. Souffrance. Josh. Tristesse. Josh. Remord. Josh. Culpa... Josh. Josh.

Josh.

Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh.Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh. Josh.

Le néant.

Mauvais TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant