Chapitre 2

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Nous rentrâmes à la maison le lendemain au cours de l'après-midi. Le week-end passa à une vitesse folle. Le lundi matin je retournai au lycée pour une nouvelle semaine longue, ennuyante et bien sûr.....identique à la précédente. Ma vie était un perpétuel recommencement. Une existence monotone et sans intérêt. Assise au fond de la classe, les yeux dans le vide je repensais pour la énième fois à ce regard. Il m'avait hanté tout le week end. Je soupirai. Je voulais vraiment oublier cet incident que je pensais de plus en plus avoir rêvé mais c'était impossible. Pour une fois qu'il se passait quelque chose d'excitant. L'entrée des douze garçons dans la classe me sortit de mes pensées. Comme à leur habitude ils étaient beaux. Comme à leur habitude ils étaient envoûtants, et attiraient naturellement le regard. Le regard.....comme.....comme celui que j'avais cru voir dans la forêt ? Un frisson s'empara de tout mon corps. Je devais arrêter de me torturer l'esprit à propos de choses aussi futiles. C'était juste stupide. Un nouveau soupire m'échappa. Les cours s'enchaînèrent et la pause déjeuné arriva. Je m'assis sur mon banc habituel, en face du terrain de footall. Les douze énergumènes s'assirent non loin de moi dans l'herbe. Tiens, ils ne jouaient pas au football aujourd'hui ? Je les observai un moment avant de détourner les yeux. Je ne tenais pas à passer pour une groupie, et puis j'avais la possibilité de les voir dans tous mes cours. Je commençai à mâcher lascivement mon déjeuné lorsque je sentis que l'on m'observait. J'avalai de travers lorsque je remarquai que les regards qui étaient posés sur moi étaient ceux des garçons. Ceux même qui ne prêtaient pas attention à leur entourage. Ceux qui étaient les petites stars du lycée. Ceux qui faisaient craquer toutes les filles. Qu'est-ce....qu'est-ce qui leurs prenaient ? J'hésitai à fuir en courant. Je n'avais pas l'habitude que l'on m'observe ainsi. J'étais le genre de fille à passer inaperçue aux yeux du monde. Celle qu'on ne remarquait pas, jamais. Et eux, des personnes si ''importantes'' étaient en train de me fixer. Ils étaient en train de faire des messes basses en me jetant de temps à autre des regards mêlant curiosité et méfiance. Je ne comprenais pas pourquoi. S'il y avait bien quelque chose que je détestais c'était que l'on me fixe ainsi et que l'on me prenne pour une bête de foire. Quelque chose ne leur plaisait pas en moi ? Ou alors ma présence à quelques mètres d'eux les gênait peut être ? Ils étaient si étranges, ça me n'étonnerait même pas. Mes doigts se crispèrent sur la boite contenant mon déjeuné. Sans trop savoir pourquoi, j'haletais. Mes phalanges blanchirent. Qu'est-ce que c'était que ça ? Après un moment qui me parut être une éternité, les garçons arrêtèrent de me fixer. Ma respiration reprit peu à peu un rythme normal. C'en était trop. Je soupirai pour la énième fois de la journée. Je me levai en vitesse et entreprit de ranger à toute vitesse mes affaires. A cause de mes mains tremblentent, je fis tomber mon déjeuné sur le sol. Tant pis, je n'avais plus vraiment faim de toute manière. Je m'éloignais à pas rapides. Je me rendis dans les toilettes et passai de l'eau sur mon visage. A nouveau un soupire. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Tout dans ma vie me semblait étrange en ce moment. Je rentrai dans ma salle de classe et m'étallai sur ma table.

« - Tu as fait tomber ça tout à l'heure. »

Le ton avait été calme, posé. Qui est-ce qui avait osé me déranger ? Je n'étais pas d'humeur à papoter. A dire vrai, je n'étais même jamais d'humeur à papoter en ce moment. Je relevais la tête vers mon interlocuteur. Mon cœur loupa un battement.

« - Kim...Jongin, soufflai-je. »

Mes paroles avaient été murmuré, à tel point qu'elles avaient été presque inaudibles. Jongin répondit quelques secondes plus tard.

« - Kai, dit-il simplement. Tu as fait tomber ça tout à l'heure. »

Mon regard s'ancra dans celui de Jongin.....pardon, Kai. Il était beau à en mourir, personne ne pouvait le nier. Son visage était parfait. Un teint halé, des lèvres sexy, une chevelure dans laquelle n'importe qu'elle fille rêverait de passer sa main..... Et puis il y avait...ses yeux. Sans comprendre pourquoi je me plongeai dans ses prunelles noires. Tout à coup ma vision se brouilla et à la place des yeux de Kai je vis ceux de la chose que j'avais aperçu dans la forêt avant hier. Les flashs montrant tour à tour Kai et la créature se succédaient. Je ne comprenais pas pourquoi. Ça n'avait tout simplement aucun sens. Le seul rapport entre ses deux visions était ce regard brûlant et intense qui me fixait. Je ressentais une énorme force d'attraction qui m'empêchait de me détourner de lui. Je clignai les yeux. Après quelques secondes le flash de la chose disparut pour me laisser simplement seule, face à Kai. Une drôle de châleur s'empara de mes joues. Moi....je rougissais ? Je détestais ça, cette sensation de gêne mêlée à une intense fascination. Mon regard se posa ensuite sur le main de Kai qui me tendait un bracelet. Ma gourmette en or ? Instinctivement, je resserai mes doigts autour de mon poignet droit. En effet, mon bijou avait disparu. J'avais du le laisser tomber près du banc tout à l'heure. Voyant que je ne réagissais pas, Kai m'attrapa le poignet. J'excercai quelques instants une pression pour me dégager, mais j'y renonçai rapidement lorsque Kai posa à nouveau ce regard brûlant sur moi, ravivant cette drôle de châleur sur mes joues. La poigne de Kai était plus douce que je ne l'aurais pas pensé. Il attacha précautionneusement la gourmette autour de mon poignet, avant de retourner ma main et de la serrer dans la sienne. J'étais terrifiée à l'idée que Kai remarque mon visage rougit. Je ne voulais pas qu'il me prenne pour une de ses groupies. Je chassais rapidement ses pensées de mon esprit. Qu'est-ce que j'en avais à faire de ce qu'il pensait de moi après tout ? Kai prit délicatement la plaque du bracelet entre deux doigts.

« - ''Sohee'', lit-il doucement. Tu es Yoon Sohee. On est dans la même classe, dit-il sur un ton neutre. »

On aurait dit qu'il venait tout juste de découvrir qu'on suivait les même cours. C'était un chouïa vexant quand j'y pensais. Kai se tut et reprit quelques secondes plus tard.

« - Tu ferais mieux de vite rentrer chez toi après les cours. Sois prudente. »

Kai relâcha mon poignet et alla s'affaler sur sa chaise quelques tables plus loin. A nouveau, j'haletais. J'enserrai ma main que Kai avait tenu dans la sienne quelques secondes plus tôt. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Ces garçons faisaient tout pour ne pas se mêler aux autres d'habitude. Et lui là, il venait comme ça tranquillement me ramener mon bracelet en soi-disant bon camarade de classe qu'il était ? Bon d'accord, c'était très gentil comme attention. Il aurait pu se contenter de laisser le bracelet où il était. J'inspirai une grande goulée d'air, puis expirai. Qu'est-ce qu'il avait voulu dire par ''sois prudente'' ? Il s'inquiètait pour moi ? Une nouvelle fois je sentis cette châleur sur mes joues. Je secouai vivement la tête. Bien sûr que non c'était idiot, on ne se connaissait pas, et puis de toute manière je ne voyais pas de quoi il pouvait s'inquièter. Mon regard se posa sur sa fine silhouette. « Kim Jongin à quoi tu joues exactement ? ». Lorsque je repris mes esprits, je pris conscience que les élèves de la classe me fixaient. Les garçons parlaient entre eux en m'observant, et les filles me jetaient des regards noirs. Apparemment, il n'y avait pas que moi que cela surprenait que l'un des beaux gosses du lycée viennent tranquillement m'adresser la parole. Lorsque la sonnerie retentit, le reste de la bande de Kai rentra en cours, comme d'habitude en s'esclaffant, en se faisant des petites accolades amicales et en se tapant dans les mains on ne savait trop pourquoi. Le cours commença mais je ne parvins pas à me concentrer de toute l'après-midi. Lorsque la sonnerie retentit à 17h30 se fut comme une délivrance. Quelques minutes de plus et j'étouffai. Mon sac sur l'épaule, je marchai lentement vers chez moi lorsque quelqu'un m'aggripa et me balança contre une benne à ordure. Je tombai lamentablement sur le sol en m'écorchant la main au passage sur un bout de verre. Je reteins un cri de douleur. Après quelques secondes je relevai les yeux vers mon agresseur. Je découvrai que c'était plutôt.....''mes agresseuses''. Je reconnus quatre filles de mon lycée. Je leur offris un regard plein de haine. L'une des filles me gifla et je m'écroulai de nouveau lamentablement à terre. Dans ma chute, mon visage claqua contre le sol goudronné, faisant saigner ma lèvre. Deux des filles m'agrippèrent par le col de mon uniforme scolaire et me plaquèrent contre le mur.

« - Explique toi ! Il y a quoi entre Kai oppa et toi ? D'où est-ce que tu le connais ? »

Je voyais. Ces filles étaient des groupies des douze bombes du lycée. Elles étaient folles à liées, prêtes à tout pour leurs oppas. Je ne répondis pas à la question. De toute manière il n'y avait rien à dire. Kai et moi étions des étrangés l'un pour l'autre. J'essayai de me montrer pleine d'assurance face à ces filles mais au fond de moi je tremblais. Elles étaient complètement tarées. Je me demandai jusqu'où elles étaient capables d'aller. Est-ce que ça allait s'arrêter à une simple tentative d'intimidation ? Une boule se forma dans mon ventre. Le regard plein de haine de ces filles me terrifia. Je réalisais peu à peu ce qui se passait.

« - Réponds !! »

J'ouvris la bouche mais aucun mot n'en sortit. Une nouvelle gifle vint s'écraser contre ma joue, m'assomant presque. Ma vision se flouta, mes larmes n'allaient pas tarder à couler. Comme pour accentuer la violence de la scène, la pluie commença à tomber, mouillant l'ensemble de mon corps tremblotant. J'étais prête à m'évanouir. Des trombes d'eau tombaient à présent. Les filles s'échangeaient des regards, se demandant sûrement s'il valait mieux qu'elles partent s'habriter. L'orage gronda, les faisant sursauter. Un éclair s'écrasa à quelques mètres de nous, effrayant les filles qui prirent leurs jambes à leur coup. Je m'effondrai sur le sol, trop assomée pour me relever ou avoir peur. Néanmoins, il fallait que je trouve la force de bouger, je ne voulais pas mourir électrocutée. La pluie tombait toujours, les éclairs redoublait. J'eus juste le temps d'aperçevoir trois silhouettes s'approcher de moi avant que mes paupières ne se ferment.


La Belle et les LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant