Mon estomac étant resté retourné toute la nuit, je n'ai aucunement put fermé les yeux. La lumière automatique du plafond c'était allumée. L'heure du réveil a sonné. Même si cette nuit a été l'une des plus longues et des plus angoissantes de ma vie, j'aurais bien aimé qu'elle ne finisse pas. Car j'ai redouté ce jour toute ma vie.
Je me suis redressé. La température ambiante n'avait pas changée depuis hier. Ni depuis avant hier. Ni même de tous les autres jours que j'ai connu après avoir ouvert pour la toute première fois les yeux.
J'ai regardé ma soeur, Lor, dormir paisiblement. À en croire ses paupières se plier et ses sourcils en train se froncer, elle devait encore être en train de rêver. Elle pouvait se permettre de trouver la paix dans son sommeil. Son heure à elle n'est pas encore venu. Mais la mienne si.
Elle était si mignonne que je pourrais rester là à la fixer pendant des heures. Mes parents, qui dormaient dans le lit à deux pas, juste dans le coin de la pièce, n'avaient pas bougés. Si. Mon père avait les yeux ouvert. Il a enlevé la main que ma mère avait enveloppée autour de lui pour la lui reposer délicatement sur la couette blanche. On avait tous les mêmes couettes. Je me demandais pourquoi Le Niveau 3 n'avait jamais pensé à faire d'autres couleurs que le blanc. Les lits étaient blanc. Ainsi que les couettes, les coussins... même nos pyjamas. Les murs eux, étaient comme le gris du ciment. Ce n'était pas plus gay, mais cela plaçait un repère dans ce monde où tout se ressemble.
Mon père, qui avait remarqué que je m'étais assis, ma sourit sans bouger de sa position.
- C'est le grand jour, m'a-t-il rappelé en murmurant. Comment te sens - tu?
- Mal. Même très mal.
C'est vrai que ce jour était grand. Peut être le plus grand de ma vie. Mais ce n'est pas pour autant que je le considérais être le plus beau.
- Tu te sentais comment avant d'aller au Niveau 2 toi?
Il a abaissé les yeux comme pour se replonger dans ses vieux souvenirs.
- Retiens juste une chose Amet. Le NOBOCIT a ses règles. Si tu veux y être heureux, apprends à les accepter. Tu pourras voir la vie en Rose après ça. Crois-moi.
- N'ayant jamais vu cette couleur, je ne pense pas que cela soit possible un jour papa, ai-je dis avec une pointe d'énervement auquel je n'ait pas mis assez d'intonation pour la faire ressentir à mon père. Je ne sais s' il se montrait fort pour que je le sois, mais cela n'avait pas beaucoup d'effet si c'était ce qu'il voulait faire. J'éprouvais de la colère que je ne pouvais m'empêcher de ressentir en voyant mon père qui faisait comme si cela ne lui faisait rien. J'aimerais qu'il lui tombe au moins une larme en ce jour qui me paraissait être le dernier d'une grande partie de ma vie.
Mon père s'est levé en prenant appuie sur ses genoux.
- Je vais te préparer ton Flacon. Tu as faim?
- Je meure de faim.
Mon père a ouvert le seul tiroir de la pièce (incrusté dans le mur) et en a regardé le contenu. De mon lit, je pouvais voir Les Flacons orangeâtres qui apparaissaient tous les matins. A l'intérieur de ces petits récipients de verre, l'on m'a appris qu'il y avait du calcium, des protéines, plusieurs vitamines qui répertoriaient toutes les lettres de l'alphabet à leurs suite... Bref, tous ce qui permet à notre corps de se carburer. De là où j'étais, je n'en comptait que 11 au lieu de 12. Il en a toujours un par membre de la famille. Un pour le matin, le midi et le soir. Il en avait un qui manquait aujourd'hui. Et c'était le mien. Car aujourd'hui, à midi, je ne serais plus là. Les membres du Niveau 3 savent que c'est mon anniversaire. Ils l'ont planifiés. Ils planifient toujours tout.
Mon père s'est approché d'un dispositif fixé contre le mur, à auteur de poitrine, juste à côté de la porte. À première vu, ce n'était qu'une boîte avec quelques uns de ses coins, rouillés. Rien de plus, rien de moins. Mon père a inséré un des deux Flacons qu'il avait dans la main dans la machine qui a commencée à faire un bruit brouillé. Dès que le silence est revenu, mon père a appuyé son bras sur le dessus de la machine. Un "bip" à retentit, accompagné d'un clignotant vert. Le Flacon lui a été injecté. Mon père a ensuite inséré le mien. Le bourdonnement de l'appareil a cette fois-ci, réveillé ma mère.
- Bonjour tout le monde, a-t-elle dit entre murmure et baillement.
Elle s'est levé, les cheveux légèrement en bataille. Mon père s'est approché de sa femme et l'a embrassé sur les lèvres.
- Bonjour Liliate. Tu as bien dormi?
Ma mère lui a souri ce qui répondait en quelques sortes à la question qu'il la lui avait posé. Elle s'est dirigée vers moi et m'a serré dans ses bras alors que j'étais encore assis dans mon lit. Elle m'a déposée un baiser affectueux que seul une mère peut donner, sur mon front.
- Joyeux anniversaire mon ange.
Je lui avait pourtant dis ne pas me le souhaiter. Mais j'étais sûr qu'elle allait quand même le faire. C'est une marque d'affection et c'est le rôle d'une maman de la faire savoir à son fils.
Après ça, je me suis à mon tour levé et j'ai pris mon Flacon. La douleur était légère et supportable mais était immédiatement remplacée par la douce énergie qui se propageait dans chacune de mes veines. Je me suis ensuite dirigé vers l'entrée et j'ai commencé à enfiler une de mes chaussures.
- Ou vas-tu mon grand? c'est interrogé mon père.
J'ai enfilé ma chaussure gauche.
- Je veux faire une dernière ronde du Niveau 2 avant le départ, ai-je dis sans même lui adresser un regard et avec un ton qui définissait parfaitement la fatigue qui pesait sur moi.
- Une minute, est intervenu ma mère, attends au moins que ta soeur soit réveillé. Nous pourrons y aller ensemble.
En temps normal, je n'aurais pas accepter de me trimballer ma famille à travers tout le Niveau 2 de peur de croiser l'un de mes camarades. Je n'ai jamais su réellement pourquoi mais j'éprouverais une sorte de honte si cela arrivait. Mais qu'aurais-je pus refuser? J'aimais ma famille plus que tout et dans quelques heures, elle me sera arraché par la sadique réglementation du NOBOCIT.
- Très bien, je vous attends dehors.
Que pouvais-je faire? Le NOBOCIT a ses règles et elles permettent à la survie du système du NOBOCIT et ses habitants. Même si je n'étais pas d'avis sur certains point du règlement je ne pouvais aller à l'en contre. Je n'étais qu'un garçon dans ce monde vaste et mystérieux. Je ne peux changer les règles et si je le pouvais je ne le permettrais pas. Elles maintiennent ceux que j'aime en vie et c'est tout ce qui compte. Sans le système, nous ne sommes rien. Sans le système, nous serions tous perdu.
Peut être que quand je serais au Niveau 3, je changerais certaines choses uniquement si cela nuit en rien au système. Je le ferais seulement si cela améliore les vies de tous. Même si je me doute bien que si personne ne l'a encore fait avant moi, il y a bien une raison. Et je suis sûr qu'elle a son importance au sein de notre univers.