OS.

Attentat.

(Après nombreux cauchemars sur cet événement tragique, j'ai besoin de me libérer et de déverser mon mal être dans l'écriture. OS peut être dur à supporter, je préviens d'avance. Tout mon coeur et toutes mes pensées vont aux victimes et à leur proches. Reposez en paix.)

Aujourd'hui, nous sommes le 13 novembre. Il est 21h et je suis dans la rue, à Paris. Un rêve qui se réalise ! Je suis avec mon meilleur ami et nous marchons, un sourire aux lèvres et heureux comme jamais. J'ai rêvé d'avoir une soirée comme celle ci, dans la ville de l'amour. Originaire d'Italie, je découvre la France et je ne peux qu'être ravie. Les rues sont joliements décorées pour Noël qui approche et je suis plutôt folle de ces lumières qui illuminent la nuit.

"-Et si on allait au restaurant ?" Propose Jake, mon meilleur ami.

"-Il y en a un juste ici, il m'a donné envie ... !"

Le brun me sourit doucement et m'offre son bras pour entrer dans le lieu, nous donnant un air bien plus nobles que ce que nous étions.

Nous nous asseyons et mangeons en riant, totalement dans notre bulle. Deux petits italiens au milieu d'une gigantesque foule. Nous sommes tout simplement heureux.

Alors que nous attendons pour commander le dessert, un grand fracas se fait entendre et des bruits assourdissants emplissent la pièce. Je couvre mes oreilles et Jake se jette sur moi, m'enroulant entre ses bras. Je pleure et il respire bruyamment, me traînant sous la table. Des hommes hurlent en français et le serveur qui nous avait apporté la carte s'effondre près de nous. Un cri sort de ma bouche, se mêlant à ceux de la salle toute entière et mon meilleur ami couvre mes lèvres de sa main qui, je découvre, est ensanglantée.

"-Ne crie pas s'il te plaît,  on va être tués.. Je t'en supplie. "

Je fais un geste à sa main pleine de sang et il secoue la tête, se voulant sûrement rassurant. Je remonte le regard à son épaule et des sanglots me font trembler. Il s'est fait tirer dessus. Mon meilleur ami a un trou dans l'épaule un. Un dernier cri perçant se fait entendre et un silence règne. Le brun mime un "je t'aime"  en ne bougeant seulement les lèvres et je le lui rend. Je tente coûte que coûte de calmer ma respiration et je me débrouille petit à petit. Des chaussures tournent autour de la table et je bénit ces grandes nappes pour nous cacher. Je m'apprête à regarder sa blessure et voir ce que je peux faire quand le pied de Jake est tiré hors de la table par une énorme main et que j'entend un hurlement.

"-Ma famille ! S'il vous plaît, je ne parle pas français." Il supplie en Italien.

L'homme répond en français et je sais que Jake ne comprend pas plus que moi.

"-Je vous en supplie, s'il vous plaît." Pleure mon meilleur ami.

Un tir retentit et mon Jake s'effondre, son visage face à moi. Des pas, puis une toux. Je me roule en boule et un silence règne à nouveau. Je pleure sans m'arrêter et une petite voix brise ce vide après ce qui semble être une éternité
.
"-Ma maman, elle saigne." En français.

Mon coeur rate quelques battements et je relève la tête. Un petit garçon me regarde sans bouger, l'air effrayé. Je lui tend les bras et il s'y blottit. J'ose enfin sortir la tête de sous la table et je manque de m'évanouir quand je vois Jake allongé, mort, à mes pieds.

"-Mon bébé." Je murmure, les larmes brisant ma voix.

Le petit garçon se cache les yeux et je le serre contre moi, essayant de le protéger. La salle de restaurant est un carnage, tout le monde est mort, il y a du sang partout et l'odeur métallisée me donne la nausée. J'attrape mon portable dans ma poche pour informer les urgences mais des hommes, des policiers, entrent dans le restaurant avec des armes pointées vers nous.

Quand il comprend que nous sommes des victimes il se ruent vers nous et un s'occupe de vérifier si nous sommes blessés. Il répète sans cesse "c'est terminé " mais je ne comprend pas ce que ça veux dire...

~~~~5 years later~~~~

Je suis de nouveau en Italie, nous sommes le 13 novembre 2020 et ça fait cinq ans que j'ai perdu mon meilleur ami. Mon meilleur ami est décédé dans un attentat à Paris, durant nos vacances.

J'ai aussi compris ce que voulais dire "c'est terminé", et le policier a menti. Rien n'est terminé, parce que jamais je n'arrêterai d'avoir mal. Mon meileur ami est mort. Et je suis la responsable. J'ai survécu à un attentat,où 130 personnes sont mortes. Je prie pour eux chaques soirs, depuis cinq ans. Je prie pour qu'ils reposent en paix. Et que ce genre de choses n'arrive plus jamais.