Chapitre 1

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Les dernières formalités sont terminées. Toute la demeure ainsi que le reste sont ma propriété à présent. J'ai également hérité de l'entreprise de mon père, même si ce n'est pas mon truc de diriger. Je n'ai jamais été bonne pour ça. Tout ce que je souhaite, c'est qu'il n'y aura pas trop de complications à l'avenir, je n'ai que 19 ans après tout. Mon monde vient de s'écrouler et un autre s'ouvre déjà à moi, complexe, sournois, dangereux. Assise dans le bureau de mon père, je contemple la carte du domaine. Bien qu'y ayant habité toute mon enfance, il y a certaines parties qui m'étais interdites car elles étaient continuellement en travaux. Maintenant que tout ceci m'appartient, je suis bien décidée à prendre les choses en main. J'ôte mes lunettes et les pose à côté de moi puis tourne ma chaise et fais face à la grande fenêtre qui recouvre le fond de la salle circulaire.

Le jardin et ses allées où mes pieds ont gambadé des milliers de fois me font face. Le soleil est haut dans le ciel, les abeilles passent de fleurs en fleurs, on pourrait presque dire que rien n'a changé. Pourtant tout est différent. Je ramène mes genoux contre ma poitrine. Je me sens petite dans ce grand fauteuil, un sentiment de sécurité s'est emparé de tout mon corps et me berce doucement, je revis tout ces précieux instants passés dans les bras de ma mère lorsqu'elle me murmurait des histoires et des comptines pour m'endormir. Elle s'occupait de moi aussi souvent qu'elle le pouvait même si avec son travail, ce n'était pas la joie tous les jours. Je crois tout simplement que jouer avec moi constituait une échappatoire de ce monde trop adulte où tout exigeait une minutie angoissante.

Aujourd'hui je me dis que c'est moi qui entre dans ce monde et qui vais avoir besoin d'une échappatoire, d'une distraction. Je me retourne de nouveau face à la carte et mon doigt se pose sur un endroit bien précis.

- Howard... Qu'est-ce qu'il y a à cet endroit ?

Il se penche vers moi pour jeter un coup d'œil puis se redresse et répond de son ton calme et posé habituel :

- Il s'agit d'une maisonnette que votre père a offert à votre mère il y a des années de cela, bien avant votre naissance. Je ne sais pas ce qu'il y a dedans ni pourquoi ce cadeau si étrange mais depuis votre naissance, elle y allait de moins en moins et puis... plus du tout. Je me demande bien dans quel état le bâtiment peut bien être à l'heure qu'il est et si il ne s'est pas effondré. Les murs doivent être humide et la charpente moisie.

J'acquiesce et jette un coup d'œil dehors avant de me lever. Je m'étire puis regarde Howard.

- Allons voir.




Le soir d'automne se reflète sur les feuilles des arbres tandis que nous suivons un chemin terreux et sinueux. Au bout de quelques minutes, une petite maison montre sa silhouette au loin. Arrivée devant, je constate que la façade n'a plus de couleur définie, la pierre est recouverte de lierre et de plantes grimpantes, il y a quelques carreaux cassés et la porte à double battants a le bois tellement gonflé par l'humidité qu'il parait impossible de la fermer complètement.

Je m'approche de la porte et tire dessus de toutes mes forces. Howard fait un mouvement pour m'empêcher de me faire du mal sans doute mais le battant s'ouvre aussitôt sans se casser, à ma grande surprise. L'intérieur est très sombre malgré la lumière, je plisse les yeux sans parvenir à distinguer quoi que ce soit. J'entre prudemment, le majordome s'avance.

- Vous ne devriez probablement pas entrer, on ne sait jamais... Laissez moi entrer d'abord...

Je fais non de la tête.

- Merci Howard mais je vais entrer seule un moment pour faire état des lieux, si ça grince un peu trop fort je sors, promis.

Sans attendre sa réponse, je pénètre à l'intérieur. Mes yeux s'habituent à l'obscurité après quelques instants. Je distingue un rocking chair dans un coin, une vieille cheminée dans l'autre ainsi que tout un tas de meubles poussiéreux et de vieilleries que je ne n'avais jamais vu auparavant. Une odeur de moisissure me frappe soudain, me donnant des hauts-le-cœur. Je tousse et me bouche le nez, l'odeur est insoutenable. Un bruit sourd me fait sursauter, je me retourne violemment. Le peur s'empare de moi, commençant par le ventre, l'entortillant avant de paralyser mes membres un à un. Une lampe tombe sur ma gauche et quelque chose passe près de moi, à une vitesse telle qu'elle entraîne un courant d'air qui me fait tomber à la renverse. J'entends une respiration au dessus de ma tête et un cri se bloque dans ma gorge lorsque j'aperçois deux yeux rouges me fixant.



Un amour de vampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant