Chapitre 2

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La chose me fixe, je peux entendre son souffle rauque. Je suis pétrifiée, mes membres m'abandonnent, j'ai la gorge sèche, je suis incapable de dire quoi que ce soit ou même de crier. Je prie de toutes mes forces pour qu'Howard intervienne à ce moment précis où je sens tout mon courage m'abandonner. Par chance, mes prières sont entendues et il entre.

- Mademoiselle ?

La créature grogne et disparaît lorsque j'aperçois mon majordome et ami dans l'encadrement de la porte.

- Tout va bien ?

Je me relève précipitamment en m'époussetant.

- ... Oui. J'ai trébuché. On sort.

Sans attendre, je retrouve l'air frais du soir et les odeurs familières de la forêt.




Le soir, assise dans mon lit, je repense aux événements de l'après-midi. Une curieuse envie de retourner à la maisonnette me possède. Même en ayant eu la peur de ma vie, je ne peux m'empêcher de vouloir y retourner. Quelle était cette créature ? Comment est-elle arrivée jusqu'ici ? Pourquoi ne m'a-t-elle pas tué directement ? Je n'y tiens plus, je ne pourrais dormir avant d'avoir répondu à toutes ces questions.

Je me lève et troque ma nuisette contre un gros pantalon et un pull puis quitte ma chambre pour m'engager dans le couloir menant au hall principal. Je prends mes bottes fourrées et un large manteau doublé de fourrure avant de franchir la porte de l'imposante bâtisse, emmenant avec moi une petite lampe torche trouvée dans un tiroir.

L'air froid me mord les joues, j'avance difficilement tant les larmes qui se forment aux coins de mes yeux sont nombreuses.

Bientôt, les murs usés de la bicoque entrent dans le faisceau de ma lampe et un frisson me parcourt. La peur gagne mon ventre tandis que je m'approche toujours plus de la porte de bois pourrie. Les murs de l'étrange baraque craquent tandis que le vent soufflant dans les feuilles des arbres crée une atmosphère lugubre qui me glace le sang.

J'ouvre la porte et entre à l'intérieur. Les ténèbres m'entourent, c'est le silence. Puis quelque chose bouge à ma droite. Je sens souffle rauque dans ma nuque et après un demi-tour précipité sur moi-même, mon faisceau éclaire quelque chose de rapide.

Mon cœur cogne dans ma poitrine, mon sang bouillonne dans mes tempes tandis qu'une sueur froide me parcourt l'échine.

Soudain, un poids me plaque à terre et je me retrouve coincée.

- Que faites-vous ici... murmure une voix rauque.

J'ai beau lutter pour trouver mes mots, la peur m'envahit et je tourne de l'œil.




La douceur des draps me fait frissonner. J'ouvre les yeux, quelques rayons de soleil se faufilent à travers les volets fermés.

Ce n'était qu'un rêve ?

Je me lève et aère la chambre avant de descendre dans la grande salle à manger. Howard m'accueille, l'air mal à l'aise.

- Bonjour, mademoiselle... Avez-vous bien dormi ?

- J'ai fais un cauchemar, dis-je en haussant les épaules.

Il déglutit et me regarde puis se penche vers moi.

- Vous ne m'aviez pas dit que vous aviez un invité...?

Mon corps entier se crispe et un poids retombe dans mon ventre.

- Un invité...?

Mon majordome s'écarte et dévoile un jeune homme d'une pâleur impressionnante. Ses yeux sont d'un bleu presque blanc et ses cheveux d'une longueur atypique surprennent tout autant par leur couleur claire. Il est d'une maigreur affolante et me fixe avec ses prunelles cristal. Mes jambes, après quelques instants, m'obéissent enfin et je réussis à m'asseoir en face de lui à l'immense table d'acajou.

- Tu es...

- Ton invité.

Je ne peux m'empêcher d'être impressionnée par son aplomb. Mon invité ?

Il me fixe, sûr de lui. Je reste quelques instants sans parler, ne sachant que dire puis intime à Howard de nous laisser avant de me tourner vers mon "hôte".

- C'est toi qui m'a ramené dans mon lit ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Qu'est-ce que tu faisais là-bas.

Ma question reste en suspend, on pourrait presque voir les mots flotter dans la pièce.

Il fixe droit devant lui, les mains jointes, le regard dans le vague. Le mien se floute, ma tête me fait mal soudainement et je comprends que mes yeux forcent trop. Je me lève et prends un étui à lunettes sur une commode. Il y en a partout dans l'énorme demeure, cela m'évite de les perdre et de faire des malaises si je tarde trop à les mettre. Sans plus attendre, je pose la monture sur mon nez et regarde l'étrange invité d'un air suspicieux.

- Combien de temps compte-tu rester ?

- Je ne sais pas vraiment.

- On t'a donné une chambre ?

- Oui.

- Ce sont les habits de mon père ça.

- Ton majordome me les a donné.

Cette discussion ne rime à rien, je ne sais rien de lui alors qu'il est déjà installé chez moi, tel une maladie qui ne se montre qu'une fois propagée. Je me rassois tandis qu'Howard entre avec un petit plateau où trône fièrement le petit déjeuner que j'attendais avec impatience.

- Vous avez proposé à notre invité ?

- J'ai décliné.

J'hausse un sourcil et le jauge. Les vêtements de mon père pourtant devenu frêle lors de sa maladie flottent autour de ses épaules, il semble tellement menu...

- Bien... Si tu pouvais au moins me dire ton nom...

Il réfléchit un instant puis lâche :

- Hayden. Le tien ?

- Mélissandre.

- Enchanté.

Je ne sais pas pourquoi mais quelque chose dans sa phrase sonne faux. Le mot employé ne correspond pas au ton. Ses yeux me scrutent l'âme, il m'analyse. Trop mal à l'aise pour rester, je me lève et sors de la grande pièce après avoir terminé mon petit déjeuner et fait savoir à Hayden qu'il peut rester autant de temps qu'il le lui faudrait. Une fois seule avec Howard à l'étage, je charge mon majordome de garder un œil sur lui et de lui soutirer des informations. On ne sait jamais...

Et seule dans mon lit, je ne peux m'empêcher de penser à l'individu dans la salle à manger. Acceptera-t-il de m'ouvrir un peu plus son esprit afin de lever le voile de mystères qui l'entoure ?


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⏰ Dernière mise à jour : Nov 30, 2015 ⏰

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