Bouleversée

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-Elle a ouvert les yeux ! Elle se réveille venez !

J'avais envie de lui dire de se calmer ! C'est une manie, ces jours ci, de me réveiller en criant ! J'ouvre les yeux, je vois flou, mais clairement du blanc. Du blanc, du blanc, toujours du blanc. Je panique ; pas l'hôpital ! Ma seule expérience chez les sauveurs avait été traumatisante : j'étais tombée du brancard et m'étais encore plus fais mal. Ce jour là, j'avais glissé sur une flaque d'eau après avoir été bousculée par un gamin qui voulait mes chocolats.



Bref, je m'attends à un médecin froid, mais je me retrouve face à l'infirmière de l'établissement. Rassurée, je me tourne vers la personne qui a prit la parole : Marine, à côté de Ludivine. En la regardant, j'ai envie de pleurer. Je ressens soudain quelque chose d'étrange ; c'est comme une rage intérieure, mais tellement puissante, mais qui me rend triste à mourir. Je crie. Ça sort tout seul. Auparavant, jamais je n'aurais osé lui parler sur ce ton.

-DÉGAGE !!! Va-t'en !! Tout de suite Ludivine !!

Vu la façon dont elle me regardait, je pense qu'elle n'a pas compris pourquoi je l'avais traitée ainsi. Et bien tant pis. Je lui expliquerai plus tard. Je n'ai pas la tête à ça maintenant. D'ailleurs, ma tête... oh ma tête... je me la prends dans les mains, en essayant de vaincre une douleur intérieure. Toutes mes pensées se bousculent : le déménagement, mon amour impossible, mes amis qui s'éloignent... ça fait trop, trop pour ma petite tête d'enfant. Oui, même à 15 ans, je suis une enfant. Une grande enfant, une adolescente, une jeune, une teenager. Je pense à certaines de mes camarades qui s'habillent en ''femme'', se maquillent beaucoup trop, parlent avec trop de maturité qui leur donne un air de ''pute qui se la joue intello''. Je déteste ces personnes ; Marine, Amélia et mois nous habillons simple, avec une petite touche de maquillage tout de même, on est des Filles ! On n'emploie pas un langage trop débile, sans se le jouer sur nos connaissances non plus. Mais sans se considérer adulte, on paraît quand même plutôt matures, car nous sommes à peu près sages, et ne faisons pas partie des bagarres, ou des embrouilles. J'essaie de tout mettre au clair dans ma tête, puis j'abandonne. Puis je rouvre les yeux afin d'observer Marine, toujours figée par ce que j'ai dit.



-Mais ! Mais mais mais ! bégayait-elle. Qu'est ce qui t'as pris ! Je ne sais pas. Je croyais que c'était ta meilleure amie ! Oui, c'était. Vous sembliez si proche!! Bien plus que tu ne le crois. Je voyais toujours tes yeux pétiller dès que tu la croisais ! Ça se voyait tant que ça? Tu ne peux pas l'envoyer paître comme ça ! Apparemment si. Nan mais sérieux ? Oui oui, bien sérieusement. Ce n'est pas possible ! Si si. Je n'y crois pas. Tant pis pour toi. Je ne comprends pas. Mais laisse moi t'expliquer!



Les répliques se forment dans ma tête, mais je n'ose pas parler, pas lui répondre. Elle me fixe, m'interroge du regard, puis soupire et s'avachi sur mon lit. Je ne sais pas quoi dire. Après 5 bonnes minutes de silence, je romps le calme en me levant soudainement ; je ne la regarde pas, de peur qu'elle me fixe. Je sors en courant, presque en pleurant. Je me retrouve à un étage que je ne connais pas. C'est surement l'étage des professeurs et de l'administration. Ou celui du collège. Je ne sais pas. Je m'adosse contre le mur et me laisse glisser jusqu'au sol. Mes larmes coulent sans s'arrêter. Je sens à la fois un torrent de gouttes sur mon visage et une vague de sentiments tous plus négatifs les uns que les autres. Ce ne sont que de la haine, de la tristesse, des regrets, une impression de trahison, de solitude. Ce dernier ressenti était encore plus fort que les autres, mais incompréhensible. Je suis entourée d'amis parfaits, alors pourquoi me sentir seule ? Mais ce sentiment me tenaillait la tête, jusqu'à me donner mal... Tellement mal...



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