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Au volant de ma vieille décapotable criarde, je mange les kilomètres pour me rendre jusqu'au lac d'Wundey. Seul dans l'habitacle, je chantonne une mélodie connue de tous; You Can Leave Your HatOn.

J'adore ses moments, ses instants où je peux me lâcher, être moi-même,sans devoir porter un masque que j'ai moi-même du mal à enlever.Dans ma folie épidémique, je me trémousse dans le vide et éclate d'un rire franc.

J'installe mes phares opalescents dans le noir et prends simultanément un virage à droite qui est très serré. Les lampadaires de Newcastle illuminent les trottoirs sinueux de la ville fleurie dans laquelle je réside depuis à peu près un an. À peine quelques badauds se baladent encore à cette heure-ci, me laissant une liberté impensable en pleine journée dans cette endroit exagérément peuplée.

Avec un sentiment de plénitude, je m'achemine sur le chemin rocailleux qui me semble si familier à l'heure d'aujourd'hui. J'appuie sur l'accélérateur et instantanément ma voiture s'emballe, elle aussi impatiente d'arriver à destination.

Une magnifique cascade m'accueille alors le grésillement des graviers m'étreint. Sous le vent puissant du mois d'octobre, la cascatelle ondule, rendant le paysage encore plus féerique. Malgré le temps quelque peu maussade, je ne réinstalle pas le toit de mon automobile et m'extirpe de mon siège moelleux. Je me munis de la couverture à carreaux rangée dans le coffre et dresse le morceau de tissu sur la pelouse.

Je me couche sur le drap couleur carmin et laisse mon esprit divaguer.Le doux bruissement de l'eau qui frappe l'asphalte me réconforte dans ma torpeur, comme si le stress s'échappait de mon corps. Cet endroit me rappelle tant de souvenirs joyeux; ces fameux dimanches lors desquelles, en famille, nous flânions entre les branches fourbes du bois d'Wundey, les baignades au bord du lac.

Les yeux perdus dans la vague, je contemple le ciel, un monde que je n'atteindrai jamais. « L'inaccessible, une rêve improbable. », une sérénade qui se joue inlassablement dans ma tête. J'aurais tant aimé vivre dans cet univers, un endroit où seul beauté et chaleur résident.

Couchée sur l'herbe vivace, j' entends un léger crépitement provenant du bois avoisinant. Quelque peu décontenancé, je tourne la tête,aspirant détecter un minime indice de présence humaine.

Dans la brume du soir, la silhouette d'un jeune homme se déplace jusqu'à moi. Anxieuse, je remonte le plaid jusqu'à mes épaules, espérant que la simple couverture puisse me protéger de tout danger extérieur.

- Je pensais être le seul à connaître cet endroit, avoue l'inconnu.

Dans un élan de peur, je saute sur mes deux pieds et fais quelques pas en arrière. La créature qui se poste devant ma personne est irrévocablement splendide, il est le mélange parfait entre le rebelle typique et le mec assuré que toute fille veut accueillir dans son lit. Ses long cheveux bruns bouclés glissent sur son visage aux traits poupins, cachant une infime partie de son faciès teint dépêche. Mon regard se concentre sur ses yeux et remarque que ceux-ci sont d'une couleur épatante, un vert émeraude captivant. Vêtu d'un sweat-shirt à l'effigie des Bulls de Chicago, l'inconnu se dirige jusqu'à ma couette et s'y allonge sans quémander mon consentement.

- Je pensais que plus personne ne venait ici depuis ce qu'il s'est passé, susurre-t-il avec une expression nonchalante.

Couché sur mon drap, les mains installés derrière la tête, il débite son speech, pas gêné le moins du monde d'occuper mes plates bandes.Toujours debout, je l'examine et ne peux m'empêcher de l'insulter intérieurement. Les mères d'aujourd'hui n'ont décidément jamais inculquées la notion du respect à leurs enfants. Ma génitrice serait offusquée de rencontrer un jeune homme telle que celui-ci;sans valeur et sans politesse.

selenophile | h.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant