The end 1.0 (Première version- "Brouillon")

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Je ne suis pas dans un film. Pourtant, j'aimerais bien. Mais non. Je ne peux ni rembobiner, ni changer l'histoire, ni appuyer sur pause.



Je t'ai vu.



Tu me diras, on se connaît depuis tellement d'années. On se connaissait presque par cœur, d'ailleurs. Je connaissais tes manies, tu connaissais mes phobies. Petits, on se tenait la main. En grandissant, c'était devenu interdit. Pourtant, j'aimais ta main. Elle était chaude. Elle était rassurante. C'était toi qui me relevais, toi qui me protégeais. Pourtant, c'est moi le plus âgé de nous deux. Ç'aurait dû être moi le plus fort. Mais non. Tu avais toujours été doué en tout. Et puis tu étais beau. Tellement beau.



Mais elle est arrivée.



Tu tombais de plus en plus amoureux d'elle alors que moi j'étais déjà au fin fond de l'amour dans ce que j'éprouvais pour toi. Tu ne faisais que la regarder, je ne faisais que t'observer en train de la regarder. Je t'ai vu. Je t'ai vu chuter. Tomber dans le gouffre sans fin qu'est l'amour. Oui, je m'y connais, vu que je t'aime. Vu que je suis déjà tout au fond de ce gouffre sans fond.


Je marche.


Seul. Tu n'es plus là. Si je tombe, tu ne me relèveras pas. Si j'ai peur, tu ne me rassureras pas. Je suis dans le noir. Je rentre de la veillée. Ta veillée. Je n'ai pas pu rester jusqu'au bout. Il est quatre heures passées. Mais je n'en pouvais plus. J'étouffais. Tout le monde te pleurait. Tout le monde me rappelait que tu es parti. Que maintenant, je suis seul.



Je suis dans la rue. Je ne sais pas où je vais, je ne fais que marcher pour marcher. On me dit d'avancer, mais non. Je ne veux pas. Pas sans toi. Alors pour leur faire plaisir, je vais marcher. C'est une manière d'avancer, non ? Probablement.



Je passe devant le parc dans lequel on s'est rencontrés. Tu pleurais car tu étais tombé. Ta maman était au téléphone et s'était éloignée. J'étais venu vers toi et du haut de mes sept ans, je t'avais tendu la main pour t'aider à te relever. Seule fois où j'ai pu te protéger, t'aider.

-       Ça va ? Tu ne t'es pas fait trop mal ?
-       Si... J'ai les genoux qui saignent... Maman... Je veux ma maman...
-       Ma maman, elle dit qu'il faut mettre de l'eau dessus parce que sinon, ça s'infecte.

J'avais traîné le petit garçon de cinq ans que tu étais jusqu'à la fontaine, et avais lavé tes plaies. 

-       Tu t'es fait mal comment ?
-       J'ai essayé de monter sur l'arbre mais je suis tombé.
-       Ma maman elle dit qu'il ne faut pas monter aux arbres parce que c'est dangereux.
-       Ma maman aussi mais j'aime bien monter aux arbres.
-       Moi j'ai trop peur.

Tu m'avais regardé bizarrement et je m'attendais à ce que tu te moques de moi mais non. Tu m'avais fait un grand sourire et tu avais accepté la différence qu'il y avait entre nous deux. Pas comme les autres. Au final, tu étais plus mature et plus ouvert que la majorité des gens.

-       Tu t'appelles comment ?
-       Jeon JeongGuk et toi ?
-       Kim TaeHyeong.

Et voilà. On était amis. Tu me diras, à cet âge, tu deviens ami avec n'importe qui. Mais ça a tenu. Miraculeusement tenu. Personne ne comprenait pourquoi on était amis. Toi, le surdoué hyperactif et moi, le trouillard introverti. Mais on était amis.  Les meilleurs amis.



Les années étaient passées mais on continuait à venir dans ce parc. On l'aimait bien, ce parc. C'était notre parc. Notre endroit à nous, l'endroit où nous nous étions rencontrés...



[BTS][OS] Je ne suis pas dans un filmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant