The last resort [EN PAUSE]

Chapitre 6: Emmerdes et argent

[Média Séréna]
Nous sommes lundi. Les cours de cette après-midi ce sont terminés à 17h et il est exactement 18h quand je claque la porte de l'appartement. Lorsque je pénètre dans le séjour je découvre ma mère assise sur le canapé, elle a les traits tirés et une ride lui barre le front comme si elle était dans un état de réflexion intense. Elle tient dans la main un papier et je reconnais sans hésiter le logo de la prison de la santé.

Je sais ce qu'il en ait. Ma mère n'a même pas besoin de m'expliquer que je m'empresse de poser mon sac près du canapé et de m'asseoir près d'elle sur le dit canapé.

Je pose ma main sur la sienne et fais des mouvements circulaires dans sa paume avec mes doigts. Je remarque une larme qui roule sur sa joue et qui finit sa course dans le cou de ma mère. Quand une deuxième larme subit le même sort, mon coeur se brise. Revoilà la maman de mes 8 ans, la femme faible et triste à cause d'un seul homme, mon père. Je sais pas ce qu'il lui veut ou nous veut mais ce qui est sûr c'est que cela ne va pas me plaire.

Ma mère laisse ses larmes coulées abondament le long de ses joues et parle faiblement

-Je suis désolée... tellement désolée...

Mon coeur subit une énième déchirure et mon père y est pour quelque chose et cela me conforte dans l'idée que je le déteste indéfiniment et indéniablement.

-Parle moi maman, qu'est ce qu'il y a?

Elle tourne sa tête en ma direction dans une lenteur insoutenable et cherche ses mots un long moment.

-Je suis malade Aylin, si ça se trouve je vais crever! Tu te rends compte Aylin? Mourir à 45 ans!

Je ne comprend plus rien. Ma mère malade? Et je me suis rendue compte de rien? Quel genre d'enfant je suis?

-Tu es malade?

-Oui. Je... J'ai...

Elle bafouille et est cette fois submergée par les larmes qui ruissellent de ses magnifiques yeux fatigués de pleurer depuis maintenant une éternité. Je me rends compte que je pleure que lorsque ma mère essuie mes joues baignées de gouttes salées. Je me sens ridicule de pleurer, ce n'est pas moi qui suis malade, ce n'est pas moi qui vais peut être voir ma vie s'écourter à cause d'une maladie et pourtant j'ai mal, extrêmement mal et la douleur brise les derniers morceaux encore entiers de mon coeur déjà meurtrie.

On se regarde dans les yeux, j'ai toujours été sont opposés physiquement mais la différence la plus évidente est au niveau des yeux. Ses yeux verts olives sont tristes, fatigués, épuisés par les nombreuses épreuves que la vie a semé sur son chemin. Quant à mes yeux bleus azur, que je tiens de mon enflure de père, ils sont plein de vie, rieurs et dégagent un sentiment d'insouciance. Je me suis toujours dit que la vie était une merde mais je me consolais en me disant qu'il y avait bien pire c'est une évidence. Disons que je relativise tout, vraiment tout.

Ma mère essuie ses yeux rougis avec sa main et me dit d'un ton plus calme mais également plus détaché:

-J'ai un cancer du sein depuis 3 mois mais je l'ai appris il y a maintenant 2 mois.

Est ce que c'est possible d'être plus bas que terre? Maintenant je peux affirmer que oui. Je suis au fond du gouffre et il ne semble y avoir aucune lueur d'espoir à l'horizon.

Pourquoi l'univers s'acharne t'il sur ma mère? Elle n'a rien fait de mal et elle mérite le bonheur. Ces merdes là ça n'arrive qu'aux gens biens alors que les gens cons eux se portent très bien en revanche.

-Mais on peut encore faire quelque chose, non? Je veux dire, rien est perdu hein maman?

S'il te plait maman dit moi que tu n'es pas en phase terminale, je ne m'en remettrais pas. Dit moi qu'il y a de l'espoir. Dit moi qu'on peut être plus fort que la maladie. Dit moi que ça se terminera pas comme ça. Dit moi qu'on se battera. Dit moi que tu seras encore là demain, après demain, la semaine prochaine et tout les jours qui suiveront. Dit le moi.

-J'ai 50% de chance de survie mais il faut que j'aille à l'hôpital tout les jours pour voir l'avancée de la maladie.

-Il faut que tu y ailles maman. Tout les jours si il le faut. Je veux que tu restes en vie maman.

Elle secoue la tête de droite à gauche et retiens une avalanche de larmes qui ne demandent qu'à glisser sur les joues de ma mère jusqu'à son cou.

-Je peux pas! J'ai le travaille, tes études, ton avenir, le loyer et les soins médicaux à payer car l'assurance maladie ne rembourse pas totalement les frais.

Comment ça elle ne peut pas? C'est sa vie qui en dépend! On s'en fou de mes études et du loyer, une vie ça vaut plus que ça! Quant à mon avenir, il n'en vaut pas la peine si je n'ai pas ma mère avec moi pour m'epauler, me soutenir, me remonter le moral. Avoir sa mère près de sois c'est plus précieux qu'on ne le pense et je ne m'en rend compte qu'aujourd'hui.

-Mais maman, on s'en fou. Il y a bien une solution. Je vais trouver une solution maman tu vas voir.

-Il y en a pas ma puce.

-Mais si je vais trouver! Maman c'est ta vie qui est en jeux, crois moi je vais trouver une solution.

Elle me fait un vague sourire et son regard se dirige vers la lettre qu'elle tient dans ses mains.

Je l'avais complètement oublié celle la! Ma mère a un putain de cancer et c'est à ce moment précis que mon père décide de faire des siennes.

-Je lui ai dit aussi.

Quoi?

-C'est quoi cette histoire maman?

-Peut importe Aylin! Je lui ai dit et je suis sûre que j'ai bien fait. Il a fait une demande de parloir pour nous voir tous. Je pense que ce serait une bonne idée. Il serait temps d'enterrer la hache de guerre tu ne penses pas?

-Non! Maman tu sembles avoir oublié ce qu'il t'a fait subir ou quoi? Il a gâché ta vie, celle de Noa et la mienne par le même occasion!

-Je sais mais si je meurs Aylin, je veux savoir que tu auras repris contact avec lui. C'est tout de même ton père Aylin et j'aimerais tout de même que tu viennes.

Non mais elle rêve ou quoi? Revoir mon père? Faut pas pousser le bouchon trop loin non plus.

-Maman c'est non! Et en plus tu ne mouriras pas alors arrête de dire ça putain!

Je me lève rapidement, prends mon sac et vais dans ma chambre. Je m'étale sur mon lit et pleure, encore et encore. Putain de bordel de merde.
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Chapitre 6!
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