I - Eliza Mironov : E

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            Un homme aux cheveux blond presque blanc est venu me chercher ce matin à l'orphelinat – il y était déjà venu plusieurs fois. J'avais entendu des rumeurs courir à son sujet : « il parait que c'est un agent des services secret » avait dit un garçon d'environ 15 ans dont je n'ai jamais su le nom. Le lendemain, l'adolescent avait disparu. C'est probablement ce que les autres enfants sont en train de dire de moi en ce moment même. Où peut bien être la petite fille de 10 ans qui a pour seul ami un garçon du même âge et ayant un aussi mauvais caractère qu'elle ? Je n'ai même pas pu dire au revoir à Alexander...

- Identité ? – me demande un homme arborant avec fierté son habit militaire.

- Eliza Mironov.

- Date de naissance et âge ?

- 03 Janvier 1957, 10 ans.

A cette affirmation, l'homme lève enfin la tête et m'observe – chose qu'il n'avait pas encore estimé judicieux de faire. Ma voix assez grave et assurée trompe bien des personnes. Après un instant de frustration et un regard fugace jeté à son commandant, il reprend son questionnaire.

- Nationalité ?

- Russe.

- Noms des membres de la famille ?

-... Je n'ai pas de famille.

Cette fois-ci, l'homme ne regarde pas son commandant mais le vide, comme s'il savait ce que cela signifiait. Il me demande de regarder fixement devant moi puis me prend en photo. Quelques instants plus tard, un badge sur lequel figure mon identité complète m'est donné.

C'est un lieu rempli de technologies, qu'un foyer moyen ne serait pas capable de s'offrir, qui s'ouvre alors à moi. Certains appareils me sont totalement inconnus et sont probablement classés top secret. L'adolescent avait peut-être raison... il est possible que je me sois retrouvé dans le QG des services secrets russes. Mes soupçons sont confirmés quand une dernière porte s'ouvre. Elle nous donne accès à une salle d'entrainement de tir. La pièce est sombre, mise à part le mur sur lequel reposent les cibles. Autour de moi se trouve une majorité de garçon, bien entendu plus âgés. Ils ont l'air surpris en me voyant passer. Il est certain que je ne dois pas faire partie des individus qu'ils croisent habituellement ici. Ils nous suivent du regard et attendent probablement le moment fatidique où le commandant de demandera d'attraper une arme et de faire de mon mieux pour toucher la feuille de papier qui se trouve à une trentaine de mètres de moi. Nous nous arrêtons donc à deux box de celui qu'occupe un des garçons. Je regarde en face de moi – la feuille semble se trouver à des kilomètres de moi, totalement hors de ma portée.

- Mets ces lunettes, et prends larme dans ta main. – Je suis les ordres et attends la suite des instructions. – Tu mettras le casque quand j'aurais finis de t'expliquer comment tirer. Compris ?

- Oui.

- Très bien. Voici un Manurhin MR 73. Pour nous, ici, ce revolver est de l'histoire ancienne. Mais étant donné que tu es nouvelle dans le domaine, je préfère ne pas mettre de prototypes entre tes mains. Bien... le but est de tendre les bras devant toi, au même niveau que ta tête. Tu fermes un œil, et avec l'autre tu dois aligner ta cible et les viseurs qui se trouvent aux deux extrémités de ton canon. Allez, montres-moi ce que tu vaux fillette.

« Fillette ». Rien que pour ce terme, je vais faire de mon mieux pour ne pas rater mon tir. Je prends le casque, le mets sur mes oreilles et inspire profondément. Je suis à la lettre les consignes qui m'ont été données. Après quelques secondes et une deuxième grande inspiration, je presse la détente. Jamais je n'aurais imaginé qu'on simple tire pouvait contenir une telle puissance. Suite au départ de la balle, je sens mon corps se faire projeter légèrement en arrière.

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